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deux, se traîne dans deux ordres de devoirs, l'un naturel, l'autre surnaturel. La création cesse d'être une.

Une partie n'a pas besoin de médiateur.

Jésus-Christ, médiateur universel'.

Examiner les passages des Pères que Montagne, Bellarmin. allèguent.

*RÉSISTANCE AU NOUVEAU PÉLAGIANISME.

On peut errer sur la grâce, ou en attribuant tout à l'action de Dieu dans l'âme et détruisant le libre arbitre, ou en excluant l'action de Dieu et attribuant tout au libre arbitre. C'est la résistance à cette dernière erreur que nous considérons. Dans l'antiquité, elle constitua le pélagianisme et fut terrassée par saint Augustin. Elle reparut au XIIe siècle. Abailard la professa, saint Bernard la réfuta et la fit condamner. Bradwardin la combattait dans la première moitié du XIVe siècle. En 1347, la Faculté de théologie la condamnait dans Jean Mercure, de l'ordre de Cîteaux 3.

De tous les abus, c'est elle qui alluma le plus la fureur de Luther. Il disait que c'était là sa vraie que

1. Voir Petit-Pied justifiant la 36 proposition de Quesnel, et Quesnel lui-même dans ses Mémoires.

2. On lit en tête de ce morceau, dans le manuscrit : LIVRE II. RÉSISTANCE A LA DÉCADENCE DE L'ÉGLISE DANS LA GRACE. C'est un titre général; mais j'ai déjà averti qu'il est difficile de marquer exactement l'ordre et les subdivisions de ces fragments.

ÉD.

3. En recueillir d'autres exemples dans les Jugements ecclésiastiques de d'Argentré. (Écrit en marge.)

relle avec l'Église romaine; que les autres n'étaient en comparaison que des jeux d'enfants. Mais il ne se contenta pas d'abaisser le libre arbitre, qu'on exaltait; lui et Calvin l'anéantirent et déchirèrent l'Église. Le concile de Trente le rétablit comme il doit être. Pas plus que le protestantisme, il n'arrêta le mouvement qui portait le libre arbitre à supplanter la grâce. Les jésuites vinrent étendre ce mouvement et l'accélérer. Cependant la grâce ne manqua pas de défenseurs. Outre la saine partie du clergé, elle eut les principaux ordres religieux, tels que les augustins, les dominicains, les bénédictins, les oratoriens, et particulièrement les solitaires de Port-Royal. La lutte se régularisa et devint acharnée. Ce fut Baïus qui commença cette grande et vigoureuse opposition. A la rigueur on pourrait encore la faire remonter aux lettres de Pierre Soto à Tapper, doyen de la Faculté de Louvain. Baïus posa les vérités de la grâce plutôt qu'il ne les démontra. Il était réservé à Jansénius d'en développer les preuves. Il intitula son travail : Augustin, ou Doctrine de saint Augustin touchant la santé, la maladie, la médecine de la nature humaine, contre les pélagiens et les semipélagiens; il appelle ceux-ci massiliens, parce que les semi-pélagiens étaient de Marseille. L'ouvrage se compose de trois volumes. Le premier comprend l'histoire du pélagianisme et semi-pélagianisme. Le deuxième traite de la grâce du premier homme et des

anges, de la nature tombée et de la pure nature. Le troisième a pour objet la nature réparée et a pour titre Grâce du Christ Sauveur. Le tout forme onze cents pages in-folio ou deux mille deux cents colonnes...

Au XVIe siècle, Baïus avait combattu le surnaturalisme originel, spécialement dans l'opuscule de la Première justice de l'homme. Au xvII®, Jansénius reprit le sujet dans un livre de son Augustinus touchant la grâce du premier homme et des anges, et dans trois livres sur l'état de pure nature, et suscita une multitude d'adhérents et de défenseurs.

(Donner le résumé de Gennes.)

FAITS DOGMATIQUES.

Bossuet se serait gardé d'exiger la soumission intérieure aux décisions de l'Église sur les faits dogmatiques, s'il avait vu, comme nous, tous les évêques, hormis les trois de Hollande, lesquels, malheureusement, n'ont aucune influence sur le gouvernement général de l'Église, devenir, sous le fouet des jésuites, une bande de trafiquants des dogmes catholiques et un troupeau d'esclaves de la cour romaine, ce comité directeur de Satan sur la terre.

*

DOUBLE NOTION DU LIBRE ARBITRE. SENTIMENT DE
JANSENIUS 1.

En quoi consiste l'essence de la liberté ?

Est-ce à pouvoir faire une chose et à pouvoir ne pas la faire; à pouvoir faire une chose et à pouvoir

4. Je publie ces notes, si peu développées qu'elles soient, parce que, comme tout ce qu'a laissé l'auteur, elles creusent le sujet et provoquent la réflexion.

Comme il sera plus d'une fois question, dans ce qui suit, des cinq fameuses propositions condamnées par Innocent X, je crois devoir les rapporter ici :

4. Quelques commandements de Dieu sont impossibles à des hommes justes qui veulent les accomplir et qui s'y efforcent selon les forces présentes qu'ils possèdent; et il leur manque la grâce qui les rendrait possibles.

2. Dans l'état de la nature tombée, on ne résiste jamais à la grâce intérieure.

3. Pour mériter et démériter, dans l'état de la nature tombée, il n'est pas nécessaire qu'il y ait dans l'homme une liberté exempte de nécessité, mais il suffit d'une liberté exempte de contrainte.

4. Les semi-pélagiens admettaient la nécessité de la grâce intérieure pour chaque action, même pour le commencement de la foi; et ils étaient hérétiques en ce qu'ils voulaient que cette grâce fût telle que la volonté humaine pût y résister ou y obéir.

5. C'est une erreur semi-pélagienne de dire que Jésus-Christ est mort ou qu'il a répandu son sang pour tous les hommes sans exception.

1. Aliqua Dei præcepta hominibus justis volentibus et conantibus secundùm præsentes quas habent vires, sunt impossibilia; deest quoque gratia quâ possibilia fiant.

2. Interiori gratiæ, in statu naturæ lapsæ, nunquam resistitur. 3. Ad merendum et demerendum, in statu naturæ lapsæ, non requiritur in homine libertas a necessitate, sed sufficit libertas a coactione.

4. Semipelagiani admittebant prævenientis gratiæ interioris necessitatem ad singulos actus, etiam ad initium fidei; et in hoc erant

faire la chose opposée (pouvoir aimer Dieu et pouvoir ne pas l'aimer)?

Ou bien, est-ce à pouvoir faire ce qu'on veut et à pouvoir ne pas faire ce qu'on ne veut pas ?

C'est de cette seconde manière que Jansénius entend la liberté.

Conçoit-on la liberté de la première manière ? Alors, pour que l'homme soit libre, il faut qu'à chaque instant s'il fait le bien, il puisse faire le mal, et s'il fait le mal, il puisse faire le bien; que s'il suit la cupidité, il puisse suivre la charité. D'où il résulte que Dieu ne pourrait, sans attenter à la liberté de l'homme, le porter invinciblement à la charité, et, par conséquent, qu'il n'est pas maître de notre volonté; en d'autres termes, que notre volonté est indépendante de lui, ainsi que notre raison, qui détermine notre volonté. Que si l'homme peut toujours quitter la cupidité pour la charité, il faut que la cupidité ne l'asservisse point, c'est-à-dire qu'il ne soit point dégradé; ce qui implique encore que la raison humaine soit indépendante de la raison divine. De même, les saints ne seraient point libres à moins de pouvoir cesser d'aimer Dieu, et ensuite de pouvoir indifféremment l'aimer ou ne pas l'aimer.

hæretici quòd vellent eam gratiam talem esse, cui posset humana voluntas resistere vel obtemperare.

5. Semipelagianum est dicere Christum pro omnibus omninò hominibus mortuum esse vel sanguinem fudisse. ÉD.

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