guerriers; Jadis tout l'Orient tremblait devant l'Attique, consentir. Le génie de l'Empereur, Ils imposaient leur joug à ces peuples subjugué par celui d'Eugène, n'osait rien lui refuser. L'augmentation de quarante mille hommes fut résolue, et bientôt l'armée se trouva complète. Les comtes de Zinzendorf et de Stahremberg, ennemis du prince Eugène, représentérent à l'empereur que ses pays, foulés par des contributions énormes, ne pouvaient suffire à l'entretien d'une si grosse armée, et qu'à moins de vouloir ruiner de fond en comble l'Autriche, la Bohème et les autres provinces, il fallait réformer l'augmentation. Charles VI se laissa entraîner par ses ministres, et licentia ces quarante mille hommes nouvellement levés, à la veille du décès d'Auguste I, roi de Pologne. Deux candidats se présentèrent pour occuper ce trône vacant. L'un c'était Auguste, électeur de Saxe, fils du dernier roi de Pologne, soutenu par l'empereur des Romains, l'impératrice de Russie, l'argent et les troupes saxonnes. L'autre était Stanislas Lezcynski, appelé par les vœux des Polonais et protégé par Louis XV, son gendre; mais le secours qu'il tira de la France se réduisit à quatre bataillons. Il vit la Pologne; il fut assiégé à Danzic; il ne put s'y maintenir, et renonça pour la seconde fois au triste honneur de porter le nom de roi dans une république où régnait l'anarchie. AUX PRUSSIENS. Peuples que la valeur conduisit à la gloire, Héros ceints des lauriers que donne la victoire, Enfants chéris de Mars, comblés de ses Craignez que la paresse, Ne corrompent vos mœurs. Par l'instinct passager d'une vertu commune, Mais sa vertu s'efface, Tels furent les vainqueurs de la fière Au sonie. Ennemis des Romains, rivaux de leur génie, Quand la Grèce opprimée A l'ombre des grandeurs elle enfanta les L'intérêt y trama ses noires injustices, De son nouveau vainqueur. Ainsi, lorsque la nuit répand ses voiles Dans son rapide cours un éclat éblouit; Le soleil plus puissant du haut de sa car rière Héros, vos grands exploits élèvent cet em- Soutenez votre ouvrage, ou votre gloire ver, Et monté près du faîte, Dans le cours triomphant de vos succès Soyez humains et doux, généreux, débon- Et que tant d'ennemis sous Rendent un moindre hommage JEAN BAPTISTE ROUSSEAU. Jean Baptiste Rousseau naquit à Paris le 16 avril 1670. Son père, qui exerçait la profession de cordonnier, averti des dispositions heureuses qu'il montrait, l'envoya étudier chez les jésuites. Il fit d'excellentes études et eut le bonheur de recevoir les conseils de Boileau. Il débuta dans la littérature par des odes sacrées, imitées de la Bible, adressées aux vieillards convertis du XVIIe siècle, et par des poésies licencieuses, destinées aux jeunes libertins, qui allaient être les roués de la régence. Le jeune poète, après un premier succès dramatique, avait répondu à son père, qui était accouru pour l'en féliciter:,,Je ne vous connais pas!" ce qui lui attira une belle stance de Lamotte, né comme lui dans une condition obscure. Rousseau ne parvint jamais à obtenir de triomphes au théâtre, quoiqu'il s'y crût appelé par une vocation particulière; et, pour comble de malheur, la chute de sa comédie du Flatteur donna naissance à ces infâmes et trop fameux couplets qui attirèrent sur lui un arrêt de bannissement et laissent encore planer sur sa mémoire de cruelles accusations. Rousseau, exilé de sa patrie, se retira d'abord en Suisse, et habita successivement l'Allemagne, la Flandre, l'Angleterre, et la Hollande. Il mourut à Bruxelles, le 17 mars 1741, en protestant qu'il n'était point l'auteur des couplets. A LA FORTUNE. Le peuple, dans ton moindre ouvrage Te nomme grandeur de courage, Apprends que la seule sagesse Leurs vertus les plus héroïques, Quoi! Rome et l'Italie en cendre Qui dans mon sang trempe ses mains? A louer un héros farouche Né pour le malheur des humains? Quels traits me présentent vos fastes, Des vœux outrés, des projets vastes; Juges insensés que nous sommes, Ne saurait-elle subsister? Quel est donc le héros solide Héros cruels et sanguinaires, Montrez-nous, guerriers magnanimes, L'effort d'une vertu commune IMITATION DU PSAUME XVIII. De sa puissance immortelle La nuit l'annonce à la nuit. N'est point pour l'homme un langage Son admirable structure Est la voix de la nature, Dans une éclatante voûte L'univers, à sa présence, Il prend sa course, il s'avance Oh! que tes œuvres sont belles, IMITATION DU PSAUME XLVII. Des lieux chéris où le jour prend naissance, Publions les bienfaits, célébrons la justice Qu'avec nous la terre s'unisse: Que le bruit de nos chants vole au delà des mers. Vous, filles de Sion, florissante jeunesse, Joignez-vous à nos chants sacrés: Formez des pas et des sons d'allégresse Autour de ces murs révérés. Venez offrir des vœux pleins de tendresse C'est notre Dieu, c'est notre père; De son règne éternel les glorieux instants MARIE ANDRÉ CHÉNIER. Marie André Chénier naquit à Constantinople, en 1762. Son père, homme savant et ingénieux, était consul de France, et sa mère était une Grecque, belle et spirituelle. André vint jeune en France avec son frère Marie Joseph. Ses études terminées, il embrassa la carrière militaire, puis la diplomatie, et y renonça bientôt pour se livrer tout entier à la poésie. Chénier, d'abord partisan de la révolution, la combattit énergiquement forsqu'elle s'égara dans le sang. Il fut arrêté comme suspect, et exécuté en 1794, avec trente-huit autres prisonniers, parmi lesquels était le poète Roucher, son ami. André Chénier a laissé des idylles, des élégies, des odes, un poème sur l'Invention, des fragments de poésies diverses et de prose. Est-ce à moi de mourir? Tranquille je m'endors, Et tranquille je veille; et ma veille aux remords Ni mon sommeil ne sont en proie. Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux: Sur des fronts abattus, mon aspect dans ces lieux Ranime presque de la joie. Mon beau voyage encore est si loin de sa fin! Je pars, et des ormeaux qui bordent le J'ai passé les premiers à peine. La coupe en mes mains encor pleine. neuses, Et ces réseaux légers, diaphanes habits, Dans ceux où l'Océan boit l'urne de la Ajoutez cet amas de fleuves tortueux: L'indomptable Garonne aux vagues insensées, Le Rhône impétueux, fils des Alpes glacées, La Seine au flot royal, la Loire dans son sein Incertaine, et la Saône, et mille autres enfin Qui nourrissent partout, sur tes nobles rivages, Fleurs, moissons et vergers, et bois, et pâturages, Rampent au pied des murs d'opulentes cités. Sous les arches de pierre à grand bruit Le Avant que de ses deux moitiés Peut-être en ces murs effrayés Escorté d'infâmes soldats, Remplira de mon nom ces longs corridors sombres. |