Images de page
PDF
ePub

prime toutes les nuances. Une autre logique que celle de l'esprit préside au choix des mots et à leur arrangement, les détourne à des sens nouveaux, inattendus.

Poussés et repoussés par le flot interne, ils se pressent, se mêlent sans règle apparente. Le discours devient figuré, le coloris en est plus vif, le mouvement plus varié. Quelquefois rapide, impétueux, il court, il bondit; quelquefois il se meut avec lenteur, fléchissant à chaque pas et comme affaissé sous une tristesse pesante. On entend tour à tour des sons tendres et doux qui reposent, et des accents heurtés, des cris aigus qui font tressaillir. Le drame est plein de ces effets; mais il faut qu'ils soient inspirés, qu'ils se présentent d'eux mêmes: cherchés, calculés, ils ont toujours quelque chose de faux qui refroidit au lieu d'émouvoir.

La passion abonde en images parce que l'élément physiologique y domine, et qu'elle a dès lors une liaison étroite avec la sensation. D'un autre côté, le beau dans l'art implique essentiellement l'image, puisqu'il implique une forme sensible qui réalise extérieurement l'exemplaire idéal. L'écrivain doit donc être doué d'une vive et féconde imagination. C'est elle qui, contenue dans les bornes du vrai, donne au style l'éclat, le relief, la vie. A quelque degré qu'on y retrouve les autres qualités qu'exige l'art d'écrire, si l'imagination ne l'a point pénétré de son souffle puissant, de sa vertu plastique, on y sent une certaine sécheresse dont l'impression ressemble à celle qu'on reçoit de la nature morte et d'une campagne nue. Nous ne parlons point ici de l'imagination qui invente un sujet fictif, une épopée, un drame, en dispose les parties, en combine dans une vaste unité les incidents divers; mais de l'imagination du langage, de celle qui anime l'expression et la rend vivante.

Nous l'avons déjà dit, la forme extérieure ne contenant point en soi le modèle qu'elle doit révéler, sa fonction propre est d'exciter l'esprit à le reproduire lui-même. Sous ce rapport, l'art d'écrire ne diffère point des autres arts,

et ses procédés aussi sont les mêmes au fond. La langue se refuse-t-elle à exprimer ce que l'artiste a conçu, ce qu'il a senti; il le fait jaillir de la combinaison des termes qu'elle fournit, de leur fusion, de leur contraste. Par l'heureux choix des mots, par leur disposition, par les idées accessoires qu'elles réveillent, par des nuances indéterminées qui laissent pressentir quelque chose au-delà, il dilate la sphère de la vision intellectuelle, il ouvre à la pensée des horizons immenses, à la rêverie des perspectives qui s'enchaînent à d'autres perspectives, des lointains qui fuient dans l'espace sans bornes. De là le sentiment de l'infini, et avec lui l'idéale beauté, ce je ne sais quoi qui nous ravit dans les œuvres immortelles qu'on a lues cent fois, qu'on relit encore, tant le charme en est inépuisable.

Ce charme, elles le doivent en partie à l'élément harmonique du langage, au rythme, au mouvement, à la mélodie. La puissance propre de la musique, combinée avec celle de la simple parole, en augmente l'effet. Mais l'harmonie qui touche, émeut, qui ébranle l'imagination, et par de secrètes affinités aide la conception même, ne consiste point dans une suite monotone de sons cadencés. Elle doit correspondre à la nature, à l'ordre des pensées et des sentiments, se développant, variant avec eux, par des modulations délicates ou de soudaines dissonances, quelquefois limpide et brillante, quelquefois sombre, lugubre, flexible à toutes les expressions, grave, périodique, austère, heurtée, apre, suave, légère. A cet égard encore, les grands écrivains ont, comme les grands compositeurs, chacun leur caractère, et, pour user de ce mot, leur forme harmonique qu'on reconnaît immédiatement: mais tous aussi ont su la plier aux besoins variés de l'art, et paraître toujours nouveaux en demeurant toujours eux-mêmes.

Le Beau et le Vrai étant identiques par leur essence, point de beauté sans vérité, et conséquemment, alors même que l'écrivain, dans sa hardiesse et sa liberté, s'élève au-dessus des règles or

dinaires, il doit être constamment guidé par une sévère raison, laquelle n'est que cette espèce de jugement instinctif qui résulte de la perception simultanée des rapports souvent si déliés, si compliqués des formes, des images, des expressions, entre elles et l'objet qu'elles sont des tinées à manifester. Toutefois, en ce qui touche les rapports de l'expression et de l'objet, la vérité n'est pas dans l'Art l'exacte imitation de la nature, mais la reproduction du type idéal que l'esprit seul découvre, et qui, en s'incarnant dans la nature, y reste inaccessible aux sens, lesquels n'en perçoivent que l'inerte enveloppe: d'où deux procédés très divers pour peindre la nature même. Les anciens étaient admirables en ce point. Ils avaient d'abord merveilleusement compris que le Beau, ayant une relation nécessaire à l'intelligence, n'était pas, quant à nous, dans les choses mêmes, mais dans les impressions que nous en recevons, dans les pensées et les sentiments qu'elles font naître en nous. C'est pourquoi jamais ils ne décrivaient simplement pour décrire, jamais ils ne manquaient de joindre à la peinture des objets extérieurs un sentiment, une idée morale, qui reportaient immediatement le regard interne vers le principe éternel du Beau. Par un motif semblable, au lieu de s'étendre sur les détails, ils peignaient l'ensemble, choisissant le trait le plus frappant, et laissant après l'imagination achever le tableau; car ils savaient qu'ainsi ils l'agrandissaient indéfiniment, et l'embellissaient de toutes les créations dont la pensée et la rêverie peuvent animer une perspective sans limites.

En d'autres temps, on s'est, au contraire, appliqué à décrire uniquement la nature, la nature telle qu'elle est, telle que la perçoivent les sens, et dès lors on s'est jeté dans une stérile profusion de détails qui éblouissent et où la vue s'égare. Pas une nuance de forme, de couleur, de son, pas un accident de lumière et de mouvement qui ne soit rendu à l'aide de métaphores et de comparaisons accumulées, dont chacune prise à part peut avoir sa

beauté, mais qui se mêlent et se confondent tellement, que, incapable de les démêler, de les ramener à un tout que l'esprit saisisse, l'attention succombe épuisée de fatigue, et que de tant de richesses qui ont rapidement passé sous les yeux, il ne résulte qu'une sorte de vertige. Cette manière de peindre appartient à la décadence de l'art. Elle l'envahit d'ordinaire aux époques où règnent dans la société d'abjectes doctrines de matérialisme et des philosophies sensuelles. Mais on ne s'arrête pas là: il fait descendre la pente jusqu'au bas. L'art se corrompt toujours davantage. On en vient à ne plus voir, à ne plus chercher que la simple forme. On lui demande le beau qui n'est point en elle, qu'elle reflète seulement comme les traits reflètent l'âme; et cette forme morte ne répondant jamais aux aspirations de l'artiste, il la tourmente de mille façons, il pétrit bizarrement le cadavre, et ne parvient qu'à le rendre plus hideux. Alors aussi la langue se dégrade; elle perd sa clarté, sa pureté, son naturel, sa grâce; elle devient une espèce d'idiome bâtard, de jargon informe et quelquefois monstrueux.

Et nous

Ce qu'on vient de dire s'applique également au vers et à la prose, car le vers ne se distingue de la prose que par une mesure et un rythme obligés quelquefois aussi par le retour périodique de certaines consonnances. ajouterons que toutes les langues sont loin de se prêter, au même degré, à chacune de ces formes du langage. Le vers demande une grande liberté dans l'arrangement des mots et des membres de la phrase, et à cet égard, aucune langue moderne n'est comparable aux langues classiques. Il demande encore que ces mêmes mots offrent, dans leurs syllabes longues et brèves, des valeurs appréciables nettement déterminées, et qu'en outre ils soient affectés d'un accent prosodique, analogue au temps fort dans le rythme musical. La langue française manque plus qu'aucune autre de toutes ces conditions. Assujettie, dans la construction de la période grammaticale, à l'ordre direct, elle n'a qu'une prosodie imparfaite et vague.

De son

infériorité sous ce rapport résulte, il est vrai, une supériorité d'un autre genre, et d'abord une clarté admirable, puis la facilité d'exprimer mille nuances délicates et fugitives, l'esprit plaçant à son gré l'accent sur les différentes syllabes du même mot, suivant les modifications diverses de la pensée et du sentiment, que la voyelle muette aide encore à rendre par l'effet harmonique qui lui est propre. De là vient que le français est par excellence la langue de la conversation, mais en même temps la langue la moins favorable au vers. Le défaut d'accent prosodique qui en affaiblit la cadence et le rythme, permet, au contraire, de varier indéfiniment le rythme de la prose, par la liberté qu'il donne d'accentuer la syllabe voulue, selon la nuance du sens et l'effet à produire. Ces causes réunies ont eu pour effet d'introduire, en quelque façon, la poésie dans la prose, circonstance à laquelle est dû le rang supérieur qu'occupent dans les littératures de l'Europe, nos grands prosateurs, qui tous ont été poètes, et plus poètes que beaucoup de ceux qui se sont astreints à la gêne des vers.

CONFIANCE EN DIEU.

Deux hommes étaient voisins, et chacun d'eux avait une femme et plusieurs petits enfants, et son seul travail pour les faire vivre.

Et l'un de ces deux hommes s'inquiétait en lui-même en disant: Si je meurs, ou que je tombe malade, que deviendront ma femme et mes enfants? Et cette pensée ne le quittait point et elle rongeait son cœur comme un ver ronge le fruit où il est caché.

Or, bien que la même pensée fût venue à l'autre père, il ne s'y était point arrêté: „car, disait-il, Dieu, qui connait toutes ses créatures, et qui veille sur elles, veillera aussi sur moi, et sur ma femme, et sur mes enfants."

Et celui-ci vivait tranquille, tandis que le premier ne goûtait pas un instant de repos ni de joie intérieurement.

Un jour qu'il travaillait aux champs, triste et abattu à cause de sa crainte,

il vit quelques oiseaux entrer dans un buisson, en sortir, et puis bientôt y revenir encore.

Et s'étant approché, il vit deux nids posés côte à côte, et dans chacun plusieurs petits nouvellement éclos et encore sans plumes.

Et quand il fut retourné à son travail, de temps en temps il levait les yeux et regardait ces oiseaux, qui allaient et venaient, portant la nourriture à leurs petits.

Or, voilà qu'au moment où l'une des mères rentrait avec sa becquée: un vautour la saisit, l'enlève, et la pauvre mère, se débattant vainement sous sa serre, jetait des cris perçants.

A cette vue, l'homme qui travaillait sentit son âme plus troublée qu'auparavant; „,car, pensait-il, la mort de la mère est la mort des enfants. Les miens n'ont que moi non plus. Que deviendront-ils si je leur manque ?" Et tout le jour il fut sombre et triste, et la nuit il ne dormit point.

Le lendemain, de retour aux champs, il se dit: „je veux voir les petits de cette pauvre mère: plusieurs sans doute ont déjà péri;" et il s'achemina vers le

buisson.

Et, regardant, il vit les petits bien portants; pas un ne semblait avoir pâti. Et ceci l'ayant étonné, il se cacha, pour observer ce qui se passerait.

Et après un peu de temps, il entendit un léger cri, et il aperçut la seconde mère rapportant en hâte la nourriture qu'elle avait recueillie, et elle la distribua à tous les petits indistinctement, et il y en eut pour tous, et les orphelins ne furent point délaissés dans leur misère.

Et le père qui s'était défié de la Providence, raconta, le soir, à l'autre père ce qu'il avait vu.

Et celui-ci lui dit: „Pourquoi s'inquiéter? Jamais Dieu n'abandonne les siens. Son amour a des secrets que

nous

ne connaissons point. Croyons, espérons, aimons, et poursuivons notre route en paix.

Si je meurs avant vous, vous serez le père de mes enfants, si vous mourez avant moi, je serai le père des vôtres.

Et si, l'un et l'autre, nous mourons | les noms sont écrits au ciel! Que Dieu avant qu'ils soient en âge de pourvoir se lève et dissipe les puissances des

à leurs nécessités, ils auront pour père le Père qui est dans les cieux."

LA MORT DU CHRÉTIEN.

ténèbres, que tous les esprits de malice fuient et n'osent toucher une brebis rachetée du sang de Jésus-Christ; que le Christ, mort pour toi, crucifié pour toi, te délivre des supplices et de la mort éternelle; que le bon pasteur reconnaisse sa brebis et la place dans le troupeau de ses élus! Puisses-tu voir éternellement ton rédempteur face à face; puisses-tu, à jamais présente devant la vérité dégagée de tout voile, la contempler sans fin dans l'éternelle extase du bonheur!"

de la lumière, ô mon Dieu! s'écrie un prophète, je serai rassasié quand votre gloire m'apparaîtra."

La mort, si terrible pour l'incrédule, met le comble aux vœux du chrétien. Il la désire, comme saint Paul, afin d'être avec Jésus-Christ; il la désire pour commencer de vivre, pour être délivré du poids des organes, des liens matériels qui le retiennent sur cette terre, où les pures jouissances qu'il Au milieu de ces bénédictions, l'âme goûte ne sont qu'une ombre légère de ravie brise ses entraves et va recevoir la félicité qu'il pressent. Vit-on jamais le prix de sa fidélité et de son amour. alors un chrétien donner le même ex- Ici l'homme doit se taire: sa parole emple que tant d'incrédules, abjurer sa expire avec la pensée. Non,,,l'œil n'a doctrine et regretter d'avoir cru? Ah! point vu, l'oreille n'a point entendu, c'est à ce moment surtout qu'il en con- l'esprit ne saurait comprendre ce que naît le prix, que la vérité consolante Dieu réserve à ceux qui l'aiment." Ce brille à ses yeux dans tout son éclat. n'est point comme une mer qui ait son La mort est le dernier trait de lumière flux et son reflux, c'est l'océan immense qui vient le frapper, lumière si vive qui déborde à la fois sur tous ses rivaqu'elle rend presque imperceptible leges. "Source intarissable de la vie et passage de la foi à la claire vision de son objet. L'espérance, agitant son flambeau près de la couche du mourant, lui montre le ciel ouvert où l'amour l'appelle. La croix qu'il tient entre ses mains débiles, qu'il presse sur ses lèvres et sur son cœur, réveille en foule dans son esprit des souvenirs de miséricorde, le fortifie, l'attendrit et l'anime: encore un instant, et tout sera consommé; le trépas sera vaincu, et le profond mystère de la délivrance sera accompli. Une dernière défaillance de la nature annonce que cet instant est venu. La religion élève alors la voix comme par un dernier effort de tendresse: Pars, dit-elle, âme chrétienne; sors de ce monde au nom du Dieu tout-puissant qui t'a créée! au nom de Jésus-Christ, fils du Dieu vivant, qui a souffert pour toi! au nom de l'Esprit saint dont tu as reçu l'effusion! Qu'en te séparant du corps, un libre accès te soit ouvert à la montagne de Sion, à la cité du Dieu vivant, à la Jérusalem céleste, à l'innombrable société des anges et des premiers-nés de l'Église, dont

99

L'AMOUR DE DIEU.

Il se rencontre des hommes qui n'aiment point Dieu, et qui ne le craignent point: fuyez-les, car il sort d'eux une vapeur de malédiction. Fuyez l'impie, car son haleine tue; mais ne le haïssez pas, car qui sait si déjà Dieu n'a pas changé son cœur?

L'homme qui, même de bonne foi, dit: „Je ne crois point," se trompe souvent. Il y a bien avant dans l'âme, jusqu'au fond, une racine de foi qui ne sèche point. La parole qui nie Dieu, brûle les lèvres sur lesquelles elle passe.

L'impie est seul dans l'univers. Toutes les créatures louent Dieu, tout ce qui sent le bénit, tout ce qui pense l'adore; l'astre du jour et ceux de la nuit le chantent dans leur langue mystérieuse. Il a écrit au firmament son nom trois fois saint. Gloire à Dieu

dans les hauteurs des cieux. Il l'a écrit aussi dans le cœur de l'homme, et l'homme bon l'y conserve avec amour; mais d'autres tâchent de l'effacer.

Paix sur la terre aux hommes dont la volonté est bonne! Leur sommeil est doux, et leur mort est encore plus douce, car ils savent qu'ils retournent vers leur Père.

Comme le pauvre laboureur, au déclin du jour, quitte les champs, regagne sa chaumière, et, assis devant la porte, oublie ses fatigues en regardant le ciel ainsi, quand le soir se fait, l'homme d'espérance regagne avec joie la maison paternelle, et, assis sur le seuil, oublie les travaux de l'exil dans les visions de l'éternité.

LA PRIÈRE.

Quand vous avez prié, ne sentezVous pas votre cœur plus léger, et votre âme plus contente?

La prière rend l'affliction moins douloureuse, et la joie plus pure: elle mêle à l'une je ne sais quoi de fortifiant et de doux, et à l'autre un parfum céleste.

Que faites-vous sur la terre, et n'avezvous rien à demander à celui qui vous y a mis?

Vous êtes un voyageur qui cherche la patrie. Ne marchez point la tête baissée: il faut lever les yeux pour reconnaître sa route.

Votre patrie, c'est le ciel; et quand vous regardez le ciel, est-ce qu'en vous il ne se remue rien? est-ce que nul désir ne vous presse? ou ce désir est-il muet?

Il en est qui disent: A quoi bon prier? Dieu est trop au-dessus de nous pour écouter de si chétives créatures.

Et qui donc a fait ces créatures chétives, qui leur a donné le sentiment, et la pensée, et la parole si ce n'est Dieu? Et s'il a été si bon envers elles, étaitce pour les délaisser ensuite et les repousser loin de lui?

En vérité, je vous le dis, quiconque dit dans son cœur que Dieu méprise ses œuvres, blasphème Dieu.

Il en est d'autres qui disent: A quoi bon prier? Dieu ne sait-il pas mieux que nous ce dont nous avons besoin?

Dieu sait mieux que vous ce dont vous avez besoin, et c'est pour cela qu'il veut que vous le lui demandiez; car Dieu est lui-même votre premier besoin, et prier Dieu, c'est commencer à posséder Dieu.

Le père connaît les besoins de son fils; faut-il à cause de cela que le fils n'ait jamais une parole de demande et d'actions de grâces pour son père?

Quand les animaux souffrent, quand ils craignent ou quand ils ont faim, ils poussent des cris plaintifs. Ces cris sont la prière qu'ils adressent à Dieu, et Dieu l'écoute. L'homme serait-il donc dans la création le seul être dont la voix ne dût jamais monter à l'oreille du Créateur?

Il passe quelquefois sur les campagnes un vent qui dessèche les plantes, et alors on voit leurs tiges flétries pencher vers la terre; mais, humectées par la rosée, elles reprennent leur fraîcheur et relèvent leur tête languissante.

Il y a toujours des vents brûlants qui passent sur l'âme de l'homme, et la dessèchent. La prière est la rosée qui la rafraîchit.

L'EXILÉ.

Il s'en allait errant sur la terre. Que Dieu guide le pauvre exilé.

J'ai passé à travers les peuples, et ils m'ont regardé, et je les ai regardés, et nous ne nous sommes point reconnus. L'exilé partout est seul.

Lorsque je voyais, au déclin du jour, s'élever du creux d'un vallon la fumée de quelque chaumière, je me disais: Heureux celui qui retrouve le soir le foyer domestique, et s'y assied au milieu des siens! L'exilé partout est seul.

Où vont ces nuages que chasse la tempête? Elle me chasse comme eux, et qu'importe où? L'exilé partout est seul.

Ces arbres sont beaux, ces fleurs sont belles; mais ce ne sont point les fleurs

« PrécédentContinuer »