acceffoires & particulieres. Car lorfque la perfonne qui parle ne doit ou n'a deffein que de faire entendre cette idée générale & commune fans y joindre ni en exclure les idées acceffoires, elle peut employer indiftinctement l'un ou l'autre de ces mots; puifqu'ils font touts deux propres à exprimer cette idée. Mais cela n'empêche pas que chacun d'eux n'ait une force particuliere qui le diftingue de l'autre, & à laquelle il faut avoir égard file fujet l'exige. Je croirois même que c'eft faute de connoître bien pré cifément fa pensée qu'on s'imagine qu'il y a des fynonimes parfaitement femblables. On ne fait pas attention que ce qu'on veut dire ne répond pas quelquefois à toute la force des Termes dont on fe fert: Et l'on confond ainsi l'étendue de leur fignification avec une des manieres dont ils peuvent être employés dans le difcours. Après tout, il n'y a qu'à devenir un peu fcrupuleux für le choix des mots & les regarder de près; ou fi l'on ne veut pas fe donner la peine de faire foi-même cet examen, qu'on prenne celle de lire les Réflexions que je donne là-deffus au Public: Soit bien foit mal déduites, elles ne laifferont pas de montrer affez clairement qu'il n'y a point de fynonimes fi parfaits qu'ils ayent une force de fignification entierement femblable dans toutes fortes d'occafions. Mais de-grace, qu'on les life avec un peu d'application; c'eft la feule chofe que je demande au Lecteur Puifque je lui ai épargné, par la maniere dont j'ai compofé cet Ouvrage l'ennui de lire long-temps & de-fuite; je le prie de faire quelqueattentionaux termes : pour diftin dont je me fers guer & pour caractériser chaque Synonime. S'il en ufoit autrement, il perdroit quelque chofe de fa fatisfaction; l'Ouvrage perdroit de fon prix; je perdrois auffi une partie de la peine que je me fuis donnée > uniquement dans la vûe de plaire & d'inftruire. Ce font deux chofes que je tâche de ne point séparer, autant que j'en fuis capable & que la matiere le permet. En cela mon Efprit tient de mon Cœur: Comme celuici me porte à joindre le plaifir à la vertu dans ce que je fais; l'autre me dicte d'être égale différence des uns marque toûjours la différence des autres. Pour moi, je ne faurois me perfuader que la facilité que la Nature a mife dans les organes de la voix, pour former tant de différents fons, n'ait point d'autre fin que la multitude des Termes fans aucun égard aux choses. N'en déplaife aux Grammairiens, je penferai toûjours que fi l'ufage de la parole eft donné pour représenter les idées de l’efprit; la faculté de diversifier les Termes n'eft auffi donnée que pour répondre à la diverfité des idées que l'Esprit peut former: Et fi elle n'est |