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Les lanternes de verre ou de corne sont aussi en usage dans quelques mines où le tirage de l'air est trop actif et où l'on brûle de la chandelle. Mais on doit bien penser qu'un petit meuble aussi fragile doit avoir une foule d'inconvéniens dans les travaux souterrains. Il n'en est pas ainsi de la lanterne de Davy, dont nous renvoyons la description au chapitre qui est consacré à la conservation des hommes et des travaux; puisque cet ingénieux instrument n'a d'autre but que de préserver les mineurs de l'atteinte des détonations du gaz hydrogène ou du grisou, qui infeste un si grand nombre de mines de houille. La planche XI, figure 1, représente cette lanterne de sûreté perfectionnée.

LES BRIQUETS.

Le briquet ordinaire est un instrument toutà-fait indispensable au mineur : chacun d'eux doit avoir une petite poche de cuir contenant un briquet, une pierre à feu, de bon amadou et quelques bouts de mèche soufrée. Les lampes, et surtout les chandelles, sont exposées à être éteintes par une infinité d'accidens; il est vrai que si plusieurs mineurs travaillent sur le même point, toutes les lampes s'éteignent difficilement à la fois; mais cela peut arriver cependant par la commotion d'un coup de mine, et il y a au moins perte de temps, si l'on est obligé de sortir

des travaux à tâton, pour aller chercher du feu, tandis qu'à l'aide du briquet, quelques secondes suffisent pour les rallumer.

Le grand briquet d'éclairage était fondé sur ce qu'une suite d'étincelles détachées par le choc d'un morceau d'acier sur une pierre à feu suffit pour éclairer un mineur, sans qu'elles soient susceptibles d'enflammer l'hydrogène carboné, nommé grisou dans les mines. On avait donc, avant qu'on eût trouvé le moyen de porter de la flamme impunément au milieu de cet air inflammable et détonant, construit des roues d'acier qui frottaient, en tournant, contre des pierres à feu, et qui en faisaient jaillir des étincelles assez brillantes pour éclairer suffisamment la tête d'une galerie, ou le front d'une taille; mais aujourd'hui, grâce à la lanterne de Davy, l'on a abandonné ce mode d'éclairage, qui devait être fort incommode et même assez coûteux, puisqu'il fallait qu'un ouvrier tournât continuellement la manivelle qui mettait ce grand briquet en jeu. Cet appareil était particulièrement employé dans les houillères du pays de Liége.

Tels sont à peu près les outils et les meubles qui sont particuliers aux mineurs; ils se servent aussi de haches, d'herminettes, de ciseaux, de scies, de marteaux, de tarières, de percerettes, de tenailles, de pinces, de valets d'enclume, et d'une foule d'autres outils qui sont communs aux charpentiers et aux maré

chaux; mais comme ils n'ont rien de particulier, et qu'ils ne diffèrent point de ceux qui meublent la boutique de ces artisans, il est fort inutile de les décrire.

Je ne puis terminer ce que j'ai cru devoir dire sur les outils en général, sans indiquer quelle est la quantité de chaque espèce qu'il convient de se procurer pour un nombre donné d'ouvriers.

Je suppose d'abord que l'atelier est pourvu d'une petite forge et d'un maréchal mineur assez habile pour entretenir les outils et les aciérer au besoin : partant de là, je dirai que pour un chantier de 20 mineurs travaillant à la poudre, il faut 150 burins ou fleurets, dont 100 distribués et 50 en magasin; 50 pointes, dont 20 distribuées et 30 au magasin ou à la forge; 25 curettes, 25 épinglettes, 25 bourroirs simples et 10 bourroirs à terre grasse, si le terrain n'est pas trop humide: de cette manière chaque mineur aura sa curette, son épinglette, son bourroir simple, et il en restera suffisamment en magasin pour remplacer ceux qui deviendraient hors de service. Quant aux bourroirs à terre grasse, un suffit pour deux, à moins cependant que le terrain ne soit très-mouillé; alors il faudrait en compléter le nombre et le porter aussi à 25. Il faut 40 gros pics; 40 pelles; 20 râcles; 4 palfers; 5 grosses masses ou battrans; 50 coins assortis et 40 masses à main.

Chaque mineur ou manoeuvre doit avoir

sa lampe et son briquet d'uniforme; l'établissement doit les faire confectionner avec soin, les distribuer à ceux qui en manquent, et en retenir la valeur sur la paye du mois. Les coins, les pelles, les pics et les masses, sont les outils qui s'usent le plus ordinairement; aussi convient-il d'en avoir toujours en magasin, et d'en tenir constamment le nombre au complet.

C'est au maître mineur à veiller à ce qu'on ne lui laisse manquer d'aucun des outils essentiels à son chantier; c'est lui qui doit faire réparer ceux qui en sont encore susceptibles, et qui doit réformer tous ceux qui sont hors de service. Il faut que son magasin soit tenu avec ordre et propreté, que son état soit toujours au courant; mais il faut surtout éviter qu'il soit trop chargé de provisions, ou d'un trop grand nombre d'outils de rechange. J'ai vu de près l'inconvénient que je signale ici, et je puis assurer qu'il en résulte un gaspillage général, dont le résultat n'est point à dédaigner, et c'est pour le diminuer par tous les moyens possibles, que je conseille de donner l'éclairage aux ouviers en argent, ou de le comprendre dans le prix de leur journée ou de leur travail; de marquer leurs outils, afin que l'on sache toujours quel est l'ouvrier qui perd, casse ou égare habituellement les siens.

Je ne suis point d'avis, au contraire, de faire payer la poudre; l'expérience m'a ap

pris que les ouvriers, afin de l'épargner, brisent un plus grand nombre de pics, de manches et de coins.

Les tourillons et les essieux de toutes les machines doivent se graisser avec de la graisse de rebut, de porc, ou mieux encore de bouc, qui dure davantage; mais les machines plus soignées exigent de l'huile, et même de l'huile d'olive. Or, quand l'expérience a appris la quantité qu'il en faut employer par mois ou par semaine, il est bon de régulariser cet article comme tous les autres. On emploie avec succès, pour le graissage des engrenages de fonte, un mélange de dix parties de saindoux et de deux parties de plombagine passée au tamis de soie.

On doit toujours avoir une certaine provision de clous, de planches, de fer et d'acier; mais si l'on est voisin des fournisseurs, il en faut prendre fort peu à la fois, car plus on en a, et plus on en use; et à cet égard, je n'ai jamais rencontré d'ouvrier tant soit peu économe. Comme la grosse clouterie est un objet de dépense assez considérable, surtout pour le boisage d'un grand puits, on trouvera une économie de 50 pour 100, à se servir des clous et des chevilles provenant de la démolition des navires, si l'on est voisin des ports de mer. Les chevilles neuves coûtent 50 les 50 kilogr., et les vieilles, qui font un fort bon usage, ne coûtent que 25, choisies une à une.

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