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S. 2.

Consistance, entaille et abattage de la roche.

Les roches ou les pierres que les mineurs et les carriers sont obligés de briser et d'enlever, pour se frayer un chemin dans l'intérieur de la terre, creuser des puits ou excaver des carrières, varient infiniment, nonseulement de dureté, mais surtout de consistance et de ténacité, et c'est dans la connaissance parfaite de ces différentes qualités, et dans l'application des moyens et des outils qui conviennent à telle ou telle roche, que réside en partie l'art du mineur et du

carrier.

On peut diviser les roches, sous le rapport de leur consistance, en huit sections.1

1.o Les roches ébouleuses et pulvérulentes sont les sablons, les sables et les graviers; ils s'exploitent avec la pioche et la pelle, et ils exigent un talus de 45 degrés pour se soutenir d'eux-mêmes.

1 Werner divisait les roches, sous le rapport de leur solidité et de la résistance qu'elles opposent au travail du mineur, en cinq degrés; savoir:

1. Roches ébouleuses;

2. Roches tendres;

3. Roches peu solides;

4. Roches solides;

5. Roches extrêmement solides.

2.o Les roches tendres et friables sont les sables agglutinés qui s'écrasent entre les doigts, à la manière du sucre grossier.

On les exploite à l'aide du pic et des coins, et ils se réduisent en sable par le plus léger

coup

de masse.

Le soleil, la pluie et la gelée les désagrégent, rongent leur surface et les réduisent en sablon ou en sable plus ou moins grossier; tels sont les grès pouffs, certains grès houillers, etc.

3. Les roches pourries sont celles qui ne peuvent s'abattre en gros blocs, qui sont pénétrées d'eau et d'argile, et qui n'exigent que le pic et la pelle : quelques schistes, dont les feuillets sont brisés dans tous les sens, et dont certains filons stériles sont remplis, pré

sentent cette variété.

Les glaises, les argiles et certaines marnes, qui s'exploitent avec la pioche ou la pelle coupante, pourraient se ranger dans cette section; mais cependant ce que les mineurs appellent roches pourries, se rapporte plutôt à celles qui paraissent avoir été plus solides dans l'origine qu'elles ne le sont actuellement. Les roches pourries apportent souvent de l'eau dans les travaux.

4. Les roches feuilletées sont celles qui se séparent en tables ou en feuillets plus ou moins épais, quand on vient à chasser un coin dans le sens de leur fil, et que l'on agit à peu près de la même manière que lorsque l'on veut fendre du bois.

Telles sont les ardoises et toutes les roches qui s'en rapprochent par leur contexture. On les attaque avec les coins et les leviers, mais on les divise à l'aide de lames de fer très-minces. Tous les schistes et certains calcaires fossiles appartiennent à cette section.

Les roches très-micacées, telles que les gneiss, sont aussi susceptibles de se diviser en feuillets, mais qui sont infiniment plus épais et moins réguliers que ceux des schistes, en sorte que l'on est souvent obligé de les attaquer avec de très-petits coups de mine, et ces pétards sont plutôt destinés à disjoindre et à soulever les feuillets qu'à les détacher complétement; les coins et les leviers achèvent ce que la poudre a commencé.

5. Les roches fracturées sont celles qui présentent une foule de fissures dirigées dans tous les sens, et qui donnent naissance à des blocs irréguliers qui sont accrochés et enchevêtrés les uns dans les autres, de manière à ce qu'il devient souvent très-difficile de les arracher. La poudre fait peu de chose dans ces roches, et si l'on est privé de la faculté de pouvoir les découvrir de loin et sur un grand front, on avance fort difficilement..

Une telle roche dans une galerie ou dans un puits devient très-coûteuse à traverser, ce n'est qu'à force de coins et de leviers que l'on parvient à s'en rendre maître. Dans une carrière dont le champ est tant soit peu vaste, on s'aperçoit bientôt qu'il y a un sens

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dans lequel on peut éprouver moins de difficulté que dans tout autre; et c'est à l'ouvrier à tenir son chantier bien net et bien découvert, afin qu'il puisse juger des places qui sont susceptibles de céder, ce qu'il ne pourrait apercevoir s'il se laissait encombrer par les déblais. On trouve souvent des quartiers qui sont disposés comme les voussoirs d'une voûte, et il suffit d'en écraser un pour dégager aisément tous les autres.

Les calcaires compactes jurassiques et alpins sont souvent fracturés et d'une exploitation difficile.

6.o Les roches tendres et tenaces sont celles qui permettent aux outils de pénétrer dans leur masse, qui se mâchent, qui se compriment, mais qui fendent très-difficilement. Les serpentines, les argiles schisteuses, sont souvent dans ce cas, et pour les abattre on n'a point d'autre parti à prendre que de les couper à droite et à gauche avec des becs de cane bien aciérés, et de chasser ensuite plusieurs gros coins camards les uns à côté des autres et vers le milieu du massif que l'on veut abattre.

Les argiles marbrées qui avoisinent le grès rouge dans les terrains houillers sont dans cette section; autant elles sont faciles à attaquer à la surface de la terre, où l'air les émiette et les fendille, autant elles sont tenaces et peu traitables à une certaine profondeur: on les attaque comme les argiles

schisteuses. Ayant été obligé d'en abattre un très-grand massif pour le nivellement d'un terrain, je le fis simplement couper à droite et à gauche, je le dégageai bien sur le devant, et je le renversai avec une forte charge de poudre. Ce bloc d'argile marbrée, qui équivalait à près de 300 mètres cubes, fut tellement ébranlé par la poudre et par la chute, qu'on l'enleva avec des pioches, des pelles et des brouettes, comme un simple déblai.

Quand on chasse une galerie dans une roche tendre et tenace à la fois, on place un mineur de chaque côté, on leur fait faire deux entailles d'environ 6 pouces (0,16) de largeur, et quand elles sont assez profondes, on fait usage des gros coins.

7. Les roches vives et cassantes sont les plus avantageuses pour les ouvriers, parce qu'ils sont certains de faire beaucoup d'ouvrage, s'ils ont soin de bien placer leurs coups. Une roche qui casse bien, en terme de mineur, et qui est dure à percer, est plus avantageuse qu'une roche tendre et qui casse mal.

On ne peut attaquer les roches vives qu'à l'aide de la poudre; car la pointrolle est d'un si faible effet, qu'on ne doit en faire usage que dans des cas particuliers, où l'on aurait à craindre les effets de la commotion, où l'on chercherait à ménager un minerai très précieux, etc.

Les granits à grain fin, les trapps, les por

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