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phyres et certains grès, appartiennent à cette section. L'explosion qui les brise est toujours très-bruyante. Les débris en sont lancés au loin, et coupent quelquefois des pièces de bois fort grosses. Le mineur doit s'éloigner davantage, ou se mettre à l'abri plus soigneusement quand il travaille sur une roche vive, que quand il attaque une roche molle. J'ai vu monter des éclats de grès dur à cent pieds de hauteur perpendiculaire, venir couper le câble sur le tour d'un puits, et entrer dans les bois de la couverture.

8.° Enfin, les roches dures et tenaces sont assez rares; car, en général, les roches qui sont difficiles à percer, cassent fort bien: il y a cependant des quarz et des granits qui présentent cette double difficulté, et c'est particulièrement sur ces roches intraitables que l'on doit avoir recours à l'action du feu; procédé qui consiste à calciner le rocher au moyen d'un feu vif que l'on dirige à sa surface, et qui le rend moins tenace et susceptible de céder à l'effort du pic et du coin.

Il existe un grand nombre de vieux ouvrages de mine dans les Alpes et ailleurs, où l'empreinte du feu est encore très-reconnaissable, entre autres à Alloüe, près Confolens, département de la Charente, où M. Legentil Laurence a encore trouvé des restes de bûchers à moitié brûlés; mais aujourd'hui ce moyen est à peu près abandonné, en raison de la rareté des bois et d'une foule d'au

tres inconvéniens qui résultaient de la fumée, de la chaleur et de l'encombrement qui doivent être la suite nécessaire d'un pareil mode d'exploitation, que l'on pratique cependant encore au Rammelsberg et en Saxe, dans plusieurs mines d'étain, où le bois de sapin est à si bas prix que ce procédé est beaucoup plus économique que l'abattage à la poudre.1

Il est probable qu'à l'époque où l'on employait le feu comme agent pour l'abattage de la roche, l'on y admettait aussi l'action non moins efficace de l'eau froide, qui, projetée à la surface d'une roche fortement échauffée, devait y déterminer une infinité de fentes et de fissures qui contribuaient beaucoup au succès de la première opération.

L'histoire, mille fois répétée, du rocher d'Annibal, vient à l'appui de cette présomption; car si l'honneur de l'invention appartient au grand capitaine, il est plus que probable qu'il fut imité par les exploitans de cette époque.

Un rocher calciné dissous par le vinaigre est un tour de force, qu'il faut cependant réduire à sa juste valeur. Quel était ce rocher? de quoi était-il? Nous n'en savons rien, puisque les historiens et les antiquaires ne sont pas d'accord sur le lieu précis du passage des Alpes.

Manès, Annales des mines, tom. IX, pag. 292.

Le grand et le petit Saint-Bernard, le MontCenis, le Col de Tende, se disputent cet honneur: or, les roches ne sont pas là partout les mêmes. Un rocher de la grosseur d'un de nos caissons pouvait barrer le passage aux éléphans d'Annibal dans un défilé, et dix sapins suffisaient pour l'échauffer assez pour que de l'eau froide le fit éclater. Ce vinaigre, qui paraît jouer un si grand rôle dans cette opération, est précisément la preuve que l'obstacle était fort mince, puisqu'on préféra sacrifier une portion de cette provision de l'armée, plutôt que de prendre la peine d'aller chercher de l'eau, qui abonde à peu près partout dans les Alpes; car ce n'est pas comme acide, mais comme liquide froid, que le vinaigre a dû agir dans cette circonstance à jamais mémorable.

La houille et la tourbe surtout, ne pouvant être considérées comme rocher, n'ont pas trouver ici leur place, aussi décrirons-nous ailleurs les moyens employés pour leur ex

traction.

Après avoir décrit les outils dont on se sert pour briser et entailler les différentes roches que l'on rencontre dans les travaux des carrières et des mines, il convient, ce nous semble, de donner une idée précise du tirage à la poudre, et nous prendrons pour type de cette opération la méthode l'on que suit en Allemagne, parce que c'est le pays classique pour les mineurs.

TIRAGE D'UN COUP DE MINE.

Je laisse parler un vieux caporal tyrolien (Pierre Kirchner): « Après avoir dégagé de deux côtés au moins la masse dans laquelle on veut placer un coup de mine, on examine attentivement s'il n'existe point quelques fentes qui pourraient faire manquer le coup, et on le place de manière à ce qu'il soit oblique et dirigé en dehors, c'est-à-dire qu'il s'éloigne par sa partie inférieure de la portion du roc qui tient à la montagne. Un coup de mine percé perpendiculairement dans un roc non dégagé (pl. X, a), se décharge par la bourre, comme un coup de fusil, ou enlève tout au plus quelques écailles de roche vers sa partie supérieure.

« Un coup placé comme best pris trop faible, un coup placé comme d est pris trop fort, se décharge et ne casse pas; c'est le coup c qui est le mieux pris et le mieux dirigé après avoir ainsi choisi sa place, on commence toujours son trou avec la pointe, et quand il est marqué, on prend un pistolet court et un peu plus gros que les plus longs qui doivent suivre on tient le pistolet ou le fleuret de la main gauche, et à chaque coup de masse on lui fait faire un douzième de tour environ, de manière à ce qu'il soit toujours dégagé. Les mineurs qui sont encore novices et qui n'ont pas la main accoutumée, tiennent leur masse tout au

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près du fer, ils l'étouffent, disent les anciens; mais ceux qui sont faits au travail, la tiennent par le bout du manche et produisent beaucoup plus d'effet. On mouille toutes les fois que l'on travaille en descendant et dès que le trou a trois pouces de profondeur, et l'on met autour du fleuret une rondelle de cuir, de corde ou de chapeau (pl. X, fig. 11 et 12), pour empêcher la boue de sauter aux yeux: alors la curette sert fort peu, car la pâte qui se forme jaillit presque toute au dehors; plus la roche est dure, moins il se forme de pâte et moins on se sert de la curette; mais quand on perce dans le tendre ou à sec, ce petit outil est indispensable. Dès que le trou a la profondeur convenable, on le sèche avec du papier gris fixé dans la boutonnière de la curette, ou mieux encore, avec de vieux chiffons. Mais si ce moyen ne suffit pas, et que l'on s'aperçoive qu'il y a des suintemens, on commence par remplir le trou à moitié avec de la terre grasse mouillée, et on la chasse avec un bourroir particulier (que nous avons décrit ci-dessus), afin de boucher les fissures par où l'eau s'infiltrait. On cure de nouveau, et l'on recommence à introduire de nouvelle terre grasse, jusqu'à ce que la curette sorte bien sèche.

J'ai vu des Piémontais étancher leurs trous en y chassant des chandelles en place de terre grasse; mais ce moyen, beaucoup trop coûteux, ne s'exécute qu'en cachette et

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