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faille absolument, nous dirons, d'après M. Baillet':

Quand la roche n'est recouverte que de quatre à cinq pieds d'eau, on perce le trou de mine comme à l'ordinaire; on descend dans ce trou un étui de fer-blanc assez long pour qu'il dépasse la surface de l'eau, on y introduit une cartouche plus ou moins forte, on la pique avec l'épinglette, comme à l'ordinaire, et l'on bourre autour avec de la terre grasse ou du plâtre jusqu'à la hauteur qui correspond au sommet du trou fait dans le roc; enfin, on substitue la canette à l'épinglette et l'on allume, comme nous l'avons déjà expliqué.

Quand il n'y a que quelques pouces d'eau, et que le mineur voit son rocher, on peut se servir de cartouches goudronnées portant leurs canettes également goudronnées et faites avec de très-petits roseaux. La cartouche s'enveloppe avec du papier ou de la toile,

Le tirage à de grandes profondeurs sous l'eau, qui ne s'exécute guères que pour faire sauter des barres, des récifs ou des écueils, exige de tout autres précautions, et ne s'em ploie jamais dans les mines. Daniel Thumberg en a donné la description dans son ouvrage sur les travaux exécutés à Carlscron, en Suède.

1 Baillet, Description des différentes méthodes du tirage des mines sous l'eau. Journal des mines, n.o 56.

§. 3.

Des échelles, des escaliers et autres moyens de descendre dans les mines.

Parmi les différens moyens de descendre dans les puits de mine, je ne balance pas à donner la préférence aux échelles, parce qu'il me paraît être celui qui offre le plus de sécurité.

Les échelles de mineurs sont verticales, quand elles sont placées dans un puits perpendiculaire; on les fixe au boisage par de gros clous; leurs montans sont carrés, et leurs échelons sont plats et toujours en bois dur. Chaque échelle a 10 pieds (3,33), et on les assujettit les unes au bout des autres pendant 30 pieds ou 10 mètres environ, après quoi on les change de côté, afin de pouvoir placer de petits planchers de 10 en 10 mètres, qui servent de repos et qui permettent aux mineurs de monter et descendre à la fois dans le même puits.

Les échelons s'usent assez vite, parce que les mineurs portent ordinairement des galoches ferrées, et c'est pour cette raison que dans plusieurs mines d'Angleterre on a adopté des échelons de fer; je l'ai essayé aussi, mais j'y ai renoncé à cause du froid excessif de ces échelons, qui se recouvrent de glace en hiver, surtout quand les échelles sont pla

cées dans le puits d'aérage, où le courant d'air est toujours très-vif. De bons échelons de chêne refendus durent assez pour que leur renouvellement ne soit pas trop fréquent.

Les échelles dites de perroquet sont fort incommodes; on les établit en perçant une pièce de bois et en la traversant par des échelons qui dépassent de chaque côté.

Ces échelles s'adaptent les unes au bout des autres à l'aide de chevilles en fer; on les suspend à l'embouchure du puits par des chaînes ou des câbles, et tout le reste ne tient à rien, en sorte qu'elles balancent comme un pendule, quand on monte et quand on descend.

Le puits de Dreikoenigruh de la mine de mercure du Posberg, en Palatinat, était desservi par une échelle de cette espèce, quoiqu'il eût 700 pieds de profondeur, quand je l'ai visité en 1809.

Les escaliers ne sont guère en usage que dans les mines dont l'entrée est inclinée; on les entaille dans la roche quand elle est assez solide, ou bien on les compose de pièces de bois qui en forment les marches. C'est ainsi que l'on pénètre dans les mines de houille de l'Aveyron, dans celles de lignite de la Provence, où il y en a plusieurs de 400 marches ou de 140 mètres de longueur, dans celle de Valcovargne, en Italie, et dans beaucoup d'autres. Lorsqu'ils sont par trop rapides, on fait régner une chaîne de fer du

haut en bas, qui sert de rampe et qui aide à monter ou à descendre.

On cite un très-bel escalier en bois dans les fameuses salines de Pologne, qui est réservé pour les grands personnages qui les visitent; c'est par conséquent un ouvrage de luxe, qui n'est d'aucun intérêt pour nous. On en cite un autre à Fahlun, en Suède, qui descend à 50 toises, et un troisième à Idria, qui est voûté et qui plonge jusqu'au fond des

travaux.

La manière de descendre dans les salines de la Bavière et du pays de Saltzbourg ressemble beaucoup à ces jeux nommés montagnes russes, puisque ce sont de petits chariots qui glissent sur des plans inclinés avec une assez grande rapidité. Cette poste de montagne, Rollen, ainsi qu'on l'appelle, est trèscommode pour les curieux, et présente aussi quelques avantages pour le service. Mais de tous les moyens de descendre dans les puits, la beine est celui qui présente le moins de sécurité et qui est sujet au plus grand nombre d'inconvéniens. Si l'on n'a point d'autre moyen de sortir d'une mine et qu'il survienne un accident qui oblige tous les ouvriers à évacuer les travaux à la fois, ils se précipitent sur la beine, cherchent à s'y accrocher tous; les plus faibles et derniers venus ne peuvent sortir, ils sont forcés d'attendre que la beine soit montée et que l'autre soit descendue. La confusion fait perdre la tête à

ceux qui conduisent les chevaux ou qui gouvernent la machine, et les malheureux qui n'ont pu profiter du premier voyage sont perdus sans retour.

Si l'on n'a d'autre moyen de descendre que la beine, il peut arriver que l'on rencontre de mauvais air, que l'on ne puisse pas se faire entendre pour se faire remonter, et que l'on vous plonge malgré vous dans un air qui vous asphyxie.

Enfin, en mettant de côté tous les accidens qui résultent cependant assez souvent de la rupture des câbles, de l'emportement des chevaux, de l'inattention des conducteurs, etc., il est certain que les mineurs qui foncent un puits et qui ne peuvent demander à être remontés qu'après avoir mis le feu à leur mèche, peuvent être exposés à recevoir tout le coup de mine, si la machine ou les chevaux ne partent pas au premier signal.

Je conseille donc de ne jamais foncer de puits sans y établir de bonnes échelles à deux montans, et sans les maintenir en bon état, pour l'entrée et la sortie des ouvriers. Cent ouvriers peuvent se sauver à la fois par les échelles, et dix au plus peuvent s'accrocher à une beine.

Dans les mines du centre de l'Angleterre, à Dudley, Sheffield, Manchester, Newcastle, etc., les mineurs descendent dans les beines. Dans les mines métalliques de Cornouailles, du Derbyshire, du Devonshire, etc., ils des

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