Images de page
PDF
ePub

L'exploitation des carrières à ciel ouvert exige que l'on dégage la roche en la déblayant de la terre végétale et des terrains. d'alluvion qui la recouvrent. On les attaque par la partie supérieure, on transporte les déblais à une assez grande distance, pour qu'ils ne puissent jamais encombrer le chantier, et pour que l'on ne soit point obligé de les charier une seconde fois. Cette opération. préliminaire et préparatoire, qui doit s'effectuer sur une superficie assez grande et proportionnée à l'importance et à la durée présumée de la carrière, s'appelle faire la découverte, et c'est presque toujours pour ne lui avoir point assez donné d'étendue, que les carrières sont mal exploitées et que l'on n'en tire pas tout le parti possible.

La plupart des carrières de pierre à chaux, toutes les sablonnières, un grand nombre de carrières de pierres d'appareil, toutes les marbrières, les carrières de pierres meulières de silex, la plupart des ardoisières, des plâtrières, etc., sont exploitées à ciel ouvert, ainsi que l'alunière de la Tolfa, qui produit l'alun de Rome, et la mine de calamine d'Aixla-Chapelle.

Il n'y a point de règles générales pour ce genre d'exploitation, les moyens varient avec la nature de la substance qu'on exploite, avec les circonstances locales, les usages, etc.; ainsi, par exemple :

Toutes les fois que les bancs ou les cou

ches que l'on veut exploiter ont une épaisseur moyenne de 2 à 3 pieds (0,66 à 1,00), et que ces bancs sont détachés d'avec ceux qui leur servent de lit, on commence à découvrir la couche que l'on veut exploiter, et l'on trace ensuite à sa surface des rainures assez profondes pour que l'on puisse y insérer de petits coins plats doublés de tôle, sur lesquels on frappe successivement; bientôt il se forme une fente dans toute l'épaisseur du banc, le bloc se détache et s'isole de la masse. Quand la couche est bien découverte et que l'on en a déjà tiré quelques quartiers ou quartelages, l'exploitation en devient aisée, et l'on peut en obtenir des blocs fort longs et fort larges, mais dont l'épaisseur est limitée par celle de la couche elle-même, et c'est cette dimension, qui est donnée par la nature, que les architectes désignent par l'expression de haut et bas appareil; l'on conçoit aisément combien il est avantageux d'exploiter un banc de haut appareil.

La plupart des carrières de Paris, qui sont souterraines, sont dans ce cas; chaque banc exploité a une épaisseur déterminée, parce qu'il est séparé de celui sur lequel il repose, et qu'on ne peut varier que la longueur et la largeur des blocs calcaires qui en sortent. Les libages et les moellons proviennent souvent du déblai de ces mêmes couches; mais souvent aussi on les exploite au pic et au levier dans des carrières dont les bancs sont fendus dans tous les sens.

L'exploitation à la trace s'exécute sur des bancs d'une très-grande épaisseur ou sur des masses qui ne présentent point d'assises distinctes, aussi faut-il que le bloc que l'on veut obtenir soit dégagé sur cinq faces par des rainures ou autrement, avant que l'on puisse se servir des coins pour le détacher de la roche sur laquelle il repose.

La plupart des marbres s'exploitent de cette manière: quand l'emplacement le permet, on se sert de la scie et quelquefois de la poudre; ce dernier moyen a le grand inconvénient de donner naissance à des gerçures imperceptibles pour le moment, mais qui finissent par s'ouvrir et par causer la rupture des pièces travaillées. On devrait donc renoncer à ce moyen pour l'extraction du marbre, et surtout pour celle des marbres sta

tuaires.

Les carrières d'ardoise s'exploitent tantôt à ciel ouvert et tantôt par des travaux souterrains.

La contexture feuilletée des roches dont on fait des ardoises, permet de se servir presque exclusivement des coins plats, surtout quand on est assez heureux pour rencontrer des tranches unies, que l'on nomme fronts dans quelques ardoisières. Souvent l'on est obligé de faire usage de la poudre; mais c'est plutôt pour enlever les mauvaises couches et arriver à la bonne, que pour en effectuer l'exploitation.

Les principales ardoisières sont celles d'Angers et de Charleville, en France; de Lavagna, sur la côte de Gènes; du Platsberg, en Suisse; d'Eisleben, en Saxe; de Goslar, au Hartz, etc.

Les plátrières n'offrent rien de particulier quand on les exploite à ciel ouvert, et quant aux sablonnières, qui n'exigent que la pioche, la pelle et la claie pour leur exploitation, on peut les considérer comme de simples déblais qui s'exécutent par des terrassiers.

Leurs parois exigent un talus de 45° pour se soutenir et s'opposer à l'éboulement des terres cultivées qui sont au-dessus.

Quant aux carrières des pierres à meules de moulin et des meules à aiguiser, on les exploite ordinairement à la trace; mais, pour les premières surtout, on est dans l'usage de les tailler sur place, de les arrondir, de leur donner l'épaisseur convenable avant de chercher à les détacher, ce qui se fait encore au moyen d'une rainure circulaire dans laquelle on chasse un grand nombre de petits coins plats et doublés.

Les carrières des pavés ne présentent rien de particulier, si ce n'est l'adresse avec laquelle les ouvriers parviennent à fendre les blocs de grès les plus durs, et à les débiter en cubes assez uniformes.

Ces ouvriers, ainsi que les ardoisiers du pays de Gènes, sont sujets à une maladie nommée mal de Saint-Roch.

Les carrières cessent de pouvoir être exploitées à ciel ouvert, toutes les fois que les bancs s'enfoncent trop rapidement sous terre, que le déblai supérieur devient trop épais, que le terrain qu'il faudrait sacrifier est habité ou se trouve avoir une très - grande valeur dès-lors on pratique des chambres ou des galeries souterraines, dans lesquelles on pénètre par des puits verticaux, des galeries horizontales ou inclinées.

:

Dans ces chambres, qui sont plus ou moins spacieuses, et que l'on soutient par des piliers. réservés de distance en distance dans la masse même de la pierre qu'on exploite, on exécute les mêmes travaux qu'à la surface, suivant que la roche est disposée par couches, par bancs épais ou par masses homogènes,

Les carrières de glaise, d'argile, de craie, de marne, d'ocre; les plâtrières de Montmartre, celles d'Aix en Provence et beaucoup d'autres, sont souterraines et plus ou moins vastes. Ainsi les carrières souterraines ne diffèrent des mines et des minières que par la nature des substances qu'on en extrait, et surtout par la différence de leur valeur et de leur importance; car, de même que les pierres à bâtir; la houille, le sel et quelques minerais de fer s'exploitent aussi par chambrées, que nous le verrons bientôt.

ainsi

On boise très-rarement dans les carrières, les vides sont trop grands, et toutes les fois que l'on est obligé de soutenir un toit mal

« PrécédentContinuer »