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tant et toute la sollicitude des directeurs qui sont attachés à de semblables travaux.

Avant d'entrer dans tous les détails que le sujet exige, nous poserons en principe, d'accord avec tous les mineurs instruits qui ont écrit sur leur art, que toute bonne exploitation doit avoir lieu de bas en haut, c'està-dire que dans un pays de plaine on doit commencer par foncer un puits à la profondeur qui convient au gîte que l'on veut exploiter, mais de telle sorte qu'il puisse recevoir toutes les eaux des travaux que l'on projette, et qu'en pays de montagne on doit attaquer par une galerie située dans une vallée immédiatement au-dessus des grosses eaux des rivières, des ruisseaux ou des torrens qui en occupent ordinairement le fond, de manière à ce que toutes les eaux filtrantes des travaux futurs puissent s'écouler par cette galerie de rabais. Outre ce premier avantage, qui est notable, on aura celui de ne sortir aucuns déblais, de les laisser au fond des travaux, de s'élever au-dessus avec toute sécurité, d'éviter le boisage et de ne monter au jour que le minerai ou le combustible qui font le sujet de l'exploitation. Cela posé, on conçoit

que le seul moyen de soutenir un pareil gîte, quand on entreprend de vider l'espace qui le contient, consiste à réserver des piliers plus ou moins éloignés et plus ou moins forts dans la masse même du minerai, de les disposer avec soin, de les espacer avec régula

rité, de les entourer de déblais pris dans la mine même ou à la surface de la terre, et de monter ainsi depuis l'étage le plus bas jusqu'au plus élevé, sans ménager de planchers, sans quitter les piliers et sans risquer de faire des porte-à-faux, ce qui arrive presque toujours dans les mines où l'on adopte ce mode d'extraction, avec réserve de massif d'un étage à l'autre. A quelque modification près, tel est le moyen le plus économique d'exploiter les minerais en masses, et tel est aussi celui que MM. Baillet, Duhamel, Laverrière et Blavier avaient prescrit dans le Mémoire que nous avons déjà cité. Nous allons maintenant entrer dans les détails qui sont propres à chaque genre de mine en masses, en commençant par les amas de houille, qui sont les plus importans et les plus difficiles à exploiter.

Soit donc (pl. XII, fig. 1 et 2) un amas de houille analogue à celui du Creusot, par exemple, qui n'ait ni toit ni mur, dont l'épaisseur soit indéterminée et dont on cherche à tirer tout le parti possible, tant pour le présent que pour l'avenir.

On devra commencer à foncer un puits d'extraction (A) en dehors de ce massif, dans la roche solide et à quelques mètres seulement des limites du dépôt,

A quelques mètres au-dessus du fond de ce puits, et en réservant un grand puisard, on chassera une galerie (B), que l'on prolongera jusqu'à ce que l'air devienne mauvais,

ou jusqu'à la limite opposée du dépôt, si cela est possible; arrivé à cette extrémité, l'on exécutera une galerie à droite et à gauche de la première, en CC. On suivra la paroi de la roche si elle est régulière, ou on ne tiendra aucun compte de ses irrégularités, si elle ne l'est pas; de manière à ce que cette. première traverse soit à angle droit avec la galerie B, et aussi régulière que possible; car c'est elle qui servira de guide pour celles que l'on devra creuser immédiatement après et dans une direction tout-à-fait parallèle à la première, en DD, qui ne sont séparées les unes des autres que par des refends dont l'épaisseur est proportionnée, ainsi que la largeur des galeries, à la plus ou moins grande solidité de la houille. Ayant ainsi découpé la masse en espèces de tranches, on percera les refends par d'autres galeries (EE), parallèles à BB, de manière à ne laisser que les cloisons ou piliers de houille (FF), qui seront d'autant moins épais que l'on aura pris plus de soin à tenir le remblai des vides au courant, et que la houille elle-même sera de nature plus compacte et plus solide.

Après avoir remblayé tous ces vides avec les déblais de la mine ou de l'extérieur, on remontera dans le puits à un étage supérieur : on fera absolument le même nombre de galeries, en leur donnant rigoureusement les mêmes dimensions qu'aux premières, et l'on pourra difficilement s'y tromper, puisque les

remblais serviront de guide, et que les piliers de l'étage inférieur seront autant de jalons qu'il suffira de prolonger du plancher au plafond, sans jamais craindre de les placer de

côté.

La distance d'un étage à l'autre, ou, ce qui revient au même, la hauteur de chacun de ces étages qui est comprise entre le plafond de la première et celui de la seconde galerie BB'B", dépendra encore de la consistance de la houille. L'on conçoit que des piliers ou des refends partant du fond et se prolongeant sans interruption tout à travers les travaux, que des piliers régulièrement et uniformément espacés pourront s'exploiter par la suite, en fonçant un puits central sur l'un d'eux, et en allant recouper les autres par des traverses, de manière à compléter l'enlèvement total de cette masse de houille, si ce n'est en une fois, au moins en deux reprises.

On conseille de placer le puits d'extraction (A) des minerais en masses en dehors du dépôt, parce qu'il faudrait réserver un très-fort massif dans tout son pourtour, sous peine de compromettre son existence et celle de tout le chantier mais je ne vois pas trop pourquoi on ne le foncerait pas tout aussi bien au toit qu'au mur. La nature de la roche, sa solidité, la présence ou le voisinage des eaux de la surface, qu'il serait imprudent' d'attirer dans les travaux, sont des raisons

:

qu'il faut prendre en considération et qui sont déterminantes.

Si l'on a tenu le journal d'exploitation et le plan des travaux parfaitement au courant des avancemens et de tous les accidens dont il importe de garder souvenir, on pourra, si l'on n'a pas atteint la limite inférieure du massif de houille, foncer un nouveau puits ou approfondir le premier pour se préparer un nouveau champ d'exploitation; mais dans ce cas il faudrait conserver une certaine épaisseur de houille entre l'ancien et le nouveau champ, afin qu'il puisse soutenir la quantité prodigieuse des remblais qui ont été placés dans l'étage supérieur. Il faudrait, autant que possible, éviter de reprendre ainsi les travaux en sous-œuvre, car tout le massif réservé entre les deux étages sera perdu pour toujours.

MM. Baillet et Duhamel proposent, il est vrai, d'éviter cet inconvénient en couvrant le sol du premier étage d'un plancher composé de pièces de bois de cuvelage posées en travers, de manière à ce qu'elles puissent servir par la suite de chapeaux aux étais qu'on placerait en sous-oeuvre; mais malgré toute la confiance que je puis avoir dans les conseils de ces savans ingénieurs, je crains que ce moyen ne soit pas applicable dans la pratique, tant par l'altération que les bois de mine éprouvent ordinairement dans l'intérieur des travaux souterrains, que par la

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