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difficulté qu'on éprouverait à raccorder ces boisages anciens avec les nouveaux.

Dans cette circonstance, qui se présentera d'autant plus souvent que l'on sentira un jour que les houillères ne se renouvellent pas comme les forêts, il faudra, pour aller recouper ce que l'on aura négligé d'exploiter, s'enfoncer du premier jet à une grande profondeur au-dessous des vieux travaux, tâcher de se procurer tous les renseignemens possibles sur leur étendue dans tous les sens, et travailler avec la plus grande circonspection. quand, en remontant, on croira s'approcher de ces anciens ouvrages. C'est alors qu'il faut sonder le terrain, tant avec le marteau, pour juger par le son si l'on est voisin d'un terrain creux, qu'avec la drague ou la sonde, si l'on craint le voisinage de quelques travaux inondés.

Le seul inconvénient que l'on pourrait reprocher à cette méthode d'exploiter les houilles en amas, serait la nécessité de se procurer des matériaux pour remblayer les vides mais il est facile de se convaincre qu'une quantité donnée de schiste ou de grès est bien loin de coûter ce que vaut la même quantité de houille dans le pays où elle est au plus bas prix.

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Quant à l'abattage de la houille, il s'effectue au moyen d'entailles faites à chaque côté du front, au moyen de pics plats et pointus, de manière à faire le moins possible de menue

houille, et la tombée s'exécute avec des coins longs et carrés, que l'on enfonce tout à travers la masse; de cette manière on obtient beaucoup de grosse houille ou pérat, de la gréle, du malbourough, et peu de menu.

Dans les mines de houille de la Loire et des environs d'Alais, département du Gard, on opère la tombée au moyen de deux entailles latérales; d'une troisième, faite au sol, et de grands coins carrés, que l'on chasse au milieu de la masse. Comme la houille est généralement solide, on obtient beaucoup de pérat, que l'on nomme mottes dans le Gard. Dans les houillères de Waldenburg en Silésie, la tombée se fait à peu près de même, au moyen de trois entailles de quatre à cinq pieds de profondeur, et assez larges pour qu'un ouvrier puisse y travailler commodément. La masse ainsi détachée sur quatre faces a quinze pieds de large, quatre d'épaisseur et sept de hauteur. On en exécute la tombée au moyen de coins que les ouvriers, qui entrent dans les entailles latérales, chassent parallélement à la face antérieure, en même temps que d'autres sont enfoncés à la partie supérieure entre la houille et le toit. L'effet de tous ces coins, que l'on chasse en même temps, est de détacher la masse de houille souvent en son entier. (D'Aubuisson.)

Mais quelle que soit la quantité du menu et quelle que soit sa faible valeur, il faut absolument le sortir des travaux, si l'on veut

éviter les incendies causés par la décomposition des pyrites et par l'échauffement de ces poussières. C'est faute d'avoir pris toutes ces précautions que le beau bassin houiller de l'Aveyron est ravagé par le feu et les éboulemens, et que l'on a perdu pour toujours des masses immenses de combustible. C'est là, plus que partout ailleurs, qu'il importerait de régulariser les travaux et d'adopter un mode d'extraction analogue à celui que nous venons de décrire.

Le massif de houille du Creusot est exploité par un procédé qui paraît au premier abord avoir beaucoup d'analogie avec celui que nous conseillons d'adopter, mais il en diffère

sous plusieurs points importans, ainsi que l'on va pouvoir en juger par le rapprochement de l'une et l'autre méthode. D'abord on travaille de haut en bas; le puits d'extraction, au lieu d'être rejeté en dehors du massif, est ordinairement percé au milieu même du combustible, ce qui exige une forte réserve de houille tout à l'entour. L'exploitation est divisée par étages, qui sont séparés par des massifs de trois mètres, et le vide des tailles n'en a que deux. Les piliers ne sont point continus, ce qui doit nécessairement occasioner quelque porte-à-faux; car il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, d'apporter assez de surveillance au travail des ouvriers pour faire que les piliers d'un étage correspondent directement et perpendiculairement à ceux

d'un étage inférieur. Maintenant, si l'on veut se donner la peine de calculer, on arrivera à ce triste résultat, que sur quinze parties de houille on en abandonne onze au moins, tant par la réserve des plafonds que par celle des piliers de soutènement et de l'entourage des puits. Une méthode aussi désastreuse doit être abandonnée aujourd'hui, puisque ces mines sont affectées au service d'un magnifique établissement ferrier.

Tout ce que l'on vient de dire par rapport aux mines de houille en masses ou en amas, peut s'appliquer presque de point en point à l'exploitation des minerais de fer d'alluvion, avec cette différence, qu'il importe fort peu que le minerai sorte de la fosse en gros blocs, puisqu'il faut toujours le briser pour le laver, le griller ou le fondre; aussi, dans le cas où l'on pratique des entailles de droite et de gauche, c'est beaucoup plus pour faciliter le travail que pour obtenir de gros mi

nerai.

En général, les maîtres de forge du Berry, de la Normandie, de la Franche-Comté, du Périgord, etc., n'attachent aucune importance à la manière dont on extrait les minerais qui alimentent leurs usines; ce travail est abandonné à de simples paysans, qui gâchent et perdent infiniment plus de minerai qu'ils n'en vendent on se repose beaucoup trop sur l'abondance excessive de ces minerais, mais il est temps enfin d'arrêter ce mode

actuel des exploitations de fer: il se fait tous les jours un mal qu'il sera difficile et peutêtre impossible de réparer. Au reste, les Français ne sont pas les seuls qui méritent des reproches à ce sujet; car les mines de fer de la Silésie sont livrées au même désordre. Il est temps que des compagnies se mettent à la tête de ces exploitations du minerai de fer d'alluvion, que l'on mette les grands moyens en jeu, et que l'on n'abandonne pas l'une de nos principales richesses minérales au gaspillage et au désordre le plus effrayant. Je ne veux certainement pas que l'on prive les pauvres paysans du léger bénéfice qu'ils retirent de cette branche d'industrie, mais je voudrais que les immenses dépôts de fer qui alimentent nos principales usines, fussent exploités par une méthode analogue à celle que nous venons de décrire, tandis que jusqu'à présent et de temps immémorial on s'est contenté de gratter la terre ou de la cribler de petits puits, qui ne sont le plus souvent éloignés que de quelques pieds. On pourrait dire que l'on ne s'est point encore aperçu de l'inconvénient de ce genre d'exploitation qui est à la portée de tout le monde, et qui en cela est préférable à tout autre; mais on pourrait répondre aussi que les accidens qui arrivent dans ces petites exploitations sont beaucoup plus nombreux qu'on ne le pense, parce qu'ils échappent à la vigilance des ingénieurs des mines, en raison du peu d'importance que l'on atta

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