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le toit et le mur se gonflent de telle manière, quand on a tiré la couche utile, qu'ils ne tardent pas à se joindre, et qu'ils consolident ainsi naturellement les travaux abandonnés, sans causer aucun dommage à la surface.

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A Rive-de-Gier le sol se gonfle tellement qu'au bout de deux ou trois ans une taille de 2,6 de haut n'a plus que de 1 à 1,2, et permet d'aller détacher la houille que l'on avait laissée au toit. (Beaunier.)

Exploitation par gradins.

Après avoir indiqué les moyens que l'on met en œuvre pour exploiter les grands amas et les grandes masses de minerai ou de combustible, après avoir décrit les procédés que l'on est forcé d'adopter pour exploiter avec bénéfice les couches qui n'ont que quelques pouces d'épaisseur, il nous reste à parler d'un travail particulier, que l'on nomme ouvrage en gradins ou en stross, parce qu'il peut s'appliquer indifféremment à ces divers gîtes.

Soit un filon de 6 pieds (2 mètres) de puissance que l'on veut exploiter en entier, et qui est déjà divisé en grands massifs plus ou moins réguliers par des puits inclinés ou verticaux, foncés sur le filon lui-même, et par des galeries horizontales, chassées à différentes hauteurs. (Pl. XIV, fig. 1 et 2.) y a deux moyens à choisir pour enlever ces massifs, l'un se nomme gradins ou stross

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en montant (fig. 2), et l'autre gradins ou stross en descendant (fig. 1).

Dans l'ouvrage en descendant le mineur, placé d'abord en F, avance de 10 mètres, je suppose, en enlevant la masse entière du filon, gangue et minerai; arrivé à ce point, on place un second mineur à 1 ou 2 mètres au-dessous du premier, en I, qui avance aussi de 10 mètres, et qui permet d'en placer un autre au-dessous de lui en K, de manière que le premier mineur est à 60 mètres du puits, quand on place le troisième. De cette manière le massif se trouve attaqué sur une hauteur de 6 mètres par 3, 6 ou 9 mineurs, plus ou moins, suivant sa puissance, partagés en trois bandes et travaillant sur trois gradins différens. Dans ce premier mode d'attaque, les ouvriers marchent sur le filon, travaillent assis pendant tout le temps qu'ils font les trous de mine, n'ont rien à craindre de la chute du plafond et ne perdent point de mine grasse, puisqu'ils peuvent, avant d'abattre la partie du filon qui la renferme, nettoyer leur place et éloigner les déblais; mais aussi ces gradins exigent que l'on construise en arrière des mineurs, des kastes, échafauds ou planchers solides, dans le seul but d'y entasser les déblais provenant de l'exploitation, et ces bois sont perdus pour toujours. Les mineurs et le minerai sortent par le puits en L. Andreasberg, au Hartz, est exploité par gradins droits ou descendans. (Héron.)

Dans les gradins en montant, on place le premier mineur au fond du puits, immédiatement au-dessus de la galerie de roulage, en D. On le fait avancer de 10 mètres avant de placer le second, qui commence à 2 mètres au-dessus du premier, en N, et qui s'élève sur les déblais qui restent sur le plafond de la galerie de roulage que l'on établit en conséquence de la charge qu'il doit supporter: après s'être enfoncé de 10 mètres, on place le troisième, le quatrième, et toujours en remontant, et le massif, ainsi découpé, prend la figure d'un dessous d'escalier ou d'un escalier renversé.

Dans ce second mode d'attaque, il y a économie de bois; mais le mineur travaille moins à son aise, et est obligé de s'échafauder à chaque instant pour s'élever à la hauteur de ́son gradin.

La célèbre mine d'argent de Freyberg, en Saxe, est exploitée par gradins renversés, ainsi que la plupart des mines de cuivre et d'étain du Cornouailles, en raison de la cherté du bois de mine, qui vient de Norwége. (Dufrenoy.)

Il se perd beaucoup de mine grasse, surtout si elle est friable, comme le sulfure de plomb, par exemple, en ce qu'elle tombe sur les déblais, qui restent toujours sur le sol, et qu'il est impossible de ménager aussi bien sa chute que dans la première méthode.

Les mineurs et le minerai sortent par la

galerie de roulage, dans le plafond de laquelle on ménage une ouverture que l'on prolonge quelquefois à travers les déblais en forme de cheminée, ou par le puits, en montant sur ces mêmes déblais en N.

L'on voit que l'on ne peut point adopter indifféremment l'une ou l'autre méthode, et qu'il faut avoir égard, avant de se décider, au prix du bois, qui devient d'un emploi très-coûteux dans les stross en descendant, et à la consistance ainsi qu'à la valeur du minerai, dont on perd une assez grande quantité dans le travail en gradins montans. L'énorme quantité de bois que les gradins descendans exigent, en a fait abandonner l'usage dans la mine de Poullaouen, en Bretagne. C'est, au reste, dans cette dernière méthode que l'on doit s'attacher plus particulièrement à dépouiller le filon d'un côté, avant de l'abattre. Cette précaution permet d'en prendre beaucoup d'autres au moment où la partie la plus riche du filon doit être détachée, et par conséquent de diminuer infiniment la perte du minerai, qui a toujours lieu sur la partie la plus riche et la plus friable: ainsi, par exemple, il arrive souvent qu'un très-petit pétard suffit pour détacher le filon sur 2 et 3 mètres, parce qu'on le place entre l'éponte, et que les coins et la pointe font le reste; tandis qu'en attaquant toute la masse du filon à la fois, les coups de mine traversent quelquefois la partie la plus

riche, la font voler en éclats, et la réduisent en miettes ou en poussière, dont toutes les parois des galeries sont couvertes; ceci arrive surtout dans les mines de plomb. Mais, soit que l'on adopte la méthode en montant ou la méthode en descendant, suivant les circonstances locales, qui sont toujours déterminantes, l'on aura l'avantage d'attaquer des massifs dégagés sur deux faces au moins, et il en résultera une grande facilité dans le travail, quel que soit le moyen dont on fasse usage, de la poudre, de la pointe, des pics ou des leviers.

Il n'est pas rare de pouvoir vider en entier et sans danger un filon qui n'a que a mètres de puissance; mais si la roche était ébouleuse, ou que le filon fût beaucoup plus large, on s'opposerait à la poussée et aux éboulemens, en laissant intactes les parties les plus maigres ou les plus pauvres, en faisant des remblais muraillés sur les points les moins solides, ou bien encore, ainsi qu'on est forcé de le faire dans les gradins descendans, en établissant des kastes ou échafauds destinés à recevoir les déblais provenant de l'exploitation. Les houillères de Dudley en Angleterre, sont exploitées par gradins (Dufrenoy). Et l'on voit en effet que cette manière d'attaquer la roche ou le minerai, est applicable au travail en travers, que nous avons décrit ci-dessus, et qu'il est avantageux de l'adopter pour toute espèce d'abattage, puis

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