Images de page
PDF
ePub

que

l'on agit sur des masses qui sont toujours à découvert sur plus d'une face et quelquefois sur quatre.

Du triage du minerai dans l'intérieur des mines.

Nous avons déjà dit plusieurs fois qu'il était fort avantageux, quand on exploitait un filon, de le dépouiller sur une de ses faces pendant une certaine longueur, de nettoyer le sol de la stross ou de la galerie le mieux possible, et d'opérer ensuite l'abattage du filon ainsi dépouillé, soit avec des coins, soit avec de très-petits pétards. Pour compléter cette bonne mesure, je conseille de faire exécuter au moment même de sa chute un premier triage du minerai, de manière à ce que le plus pur, le plus gras, soit porté séparément au jour jusque dans les magasins, dans des paniers, des conques ou des sacs de cuir.

C'est au moment où le minerai se détache qu'on peut le mieux juger de sa richesse et de sa pureté, et comme les parties les plus riches sont en général les plus fragiles, je puis affirmer par expérience que le déchet qui résulte de la manière dont on le transporte ordinairement, arrive à plus du cinquième. En effet, si l'on n'a pas des trieurs attachés à chaque taille ou à chaque galerie, dès que le mineur a fait partir le pétard, son premier soin est de chercher à détacher avec son pic, sa masse ou sa pointe, tout ce que la poudre

a ébranlé, et ne prenant aucun soin du minerai qui est déjà tombé, il marche dessus et commence à le salir. Si les blocs sont trop lourds pour être chargés dans les brouettes ou dans les chiens, le mineur, empressé de débarrasser sa place, frappe au hazard avec la grosse masse, et comme ce sont les parties les plus riches qui cèdent les premières, il tombe beaucoup de minerai dans la boue. Après avoir chargé les gros morceaux et les avoir portés au puits, on ramasse le menu à la pelle, pour le porter à la même place: arrivé là, on charge tout dans la tine, en brisant encore les morceaux les plus gros et les plus lourds, et comme il y a ordinairement une certaine distance entre l'orifice du puits et les boccards ou ateliers de lavage ou de débourbage, on recharge encore une troisième fois ce minerai tout sali, soit dans des tombereaux, soit dans des brouettes. Que l'on juge d'après tous ces transports, d'après tous ces chargemens ou déchargemens, ce que sont devenues les parties les plus riches du filon; elles se sont couvertes de boue, elles se sont brisées, réduites en miettes ou en poudre, et, je le répète, il y en a plus d'un cinquième de perdu ou de réduit en schlich, qu'il faut laver, et qui supporte encore un déchet notable. On obvie à tous ces inconvéniens, en faisant faire un triage sur place, et en faisant porter au jour tout ce qui en provient, et qui, pour l'ordi

naire, peut être livré être livré presque immédiatement à la fonderie. Quelques enfans, payés au quintal ou à la mesure, et dont la journée est proportionnée à la quantité de mine grasse qu'ils ont ainsi sauvée du gaspillage, suffisent pour faire entrer chaque jour en magasin une certaine quantité de minerai qui n'a aucune préparation mécanique à supporter avant de passer à la fonderie.

y a des mines où l'on peut sortir ce minerai choisi dans des brouettes particulièrement destinées à cet usage, ou dans de petites hottes. Mais si l'on est forcé de le faire passer dans les tines, rien n'est plus aisé que de le renfermer dans une plus petite tine toujours propre, et que l'on fait entrer dans la grande au moyen de deux poignées. On sera bien payé de tous ces soins, qui semblent minutieux au premier abord, mais qui en définitive sont très-productifs.

A la mine de Beschert-Glück, en Saxe, quoique l'on dépouille le filon, la richesse et la variété des minerais font qu'on a cru convenable de faire une première séparation dans la mine. A cet effet, quand le mineur a fait sauter la masse du filon, le maître mineur se rend dans l'endroit, il visite les débris, se fait aider par un ou deux garçons qui sont au fait de ce genre de travail, fait quatre tas ou classes de minerai, qui portent les noms de bon, médiocre, de pierres à boccarder et de pierres de roches ou stériles.

Lorsqu'on exploite un endroit où le filon contient de grandes masses d'argent, le triage se fait en présence d'un des chefs de la mine; le maître mineur se saisit des minerais, les accompagne au jour, les enferme dans une armoire particulière et en répond; c'est ce qu'on nomme le très-bon. On fait aussi un premier triage dans l'intérieur des mines du Cornouailles et du Devonshire.

La méthode des glissoirs, dans lesquels on verse le minerai pour le faire passer du haut d'une montagne au fond d'une vallée, n'est réellement bonne que pour les minerais durs et de bas prix, comme les minerais de fer, par exemple; mais elle est désastreuse pour tous les autres.

Je m'arrête ici, car toutes les préparations subséquentes que l'on fait subir aux minerais, soit au patouillet, au boccard, aux cylindres, dans les ateliers de criblage ou de lavage, sont étrangers à l'exploitation, et se rattachent plus naturellement aux opérations métallurgiques, qui n'entrent point dans le plan de cet ouvrage, dont les limites commencent à la recherche et se terminent à l'extraction et à la sortie des minerais. L'espèce de lavage que l'on fait subir dans l'intérieur de la mine du Bleyberg, pour isoler les

D'Aubuisson, Préparation des minerais en Saxe, Journal

des mines, n.o 67.

knotes ou noyaux de plomb, n'est réellement

qu'un triage.

S. 7.

De l'exploitation des minerais par lavage.

Les sables ou les terres qui contiennent des grains d'or, de platine ou d'étain, s'exploitent au moyen de l'eau que l'on fait courir avec art dans des fosses disposées à cet effet.

Ces exploitations, qui portent le nom de lavages, sont très - répandues au Brésil, au Chili, au Mexique, au Pérou et à BuenosAyres, pour l'or et le platine, et en Cornouailles pour le minerai d'étain.

Le terrain qui contient la plus grande quantité d'or en Amérique, est une espèce d'agglomérat peu solide, composé d'un gravier assez grossier, qui porte le nom portugais de casalho ou cascalho, et qui se trouve immédiatement au-dessous de la terre végétale.

[ocr errors]

Quand on peut se procurer un courant d'eau suffisamment élevé, dit M. Mawe dans son Voyage au Brésil, on taille dans le casalho des gradins, qui ont chacun vingt à trente pieds de long sur deux à trois de large, et un seulement de hauteur. On creuse à la base une fosse de deux ou trois pieds de profondeur; sur chacun de ces gradins on place six à huit nègres qui, à mesure que l'eau descend doucement, remuent sans relâche la terre avec la pelle jusqu'à ce qu'elle soit toute con

« PrécédentContinuer »