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vertie en boue liquide et entraînée plus bas. C'est dans la tranchée inférieure que les paillettes d'or s'arrêtent, en se précipitant au fond le seul fait de leur grande pesanteur par spécifique.

«Après cinq jours de lavage on enlève le sédiment du fond de la tranchée; il est presque noir et se trouve composé d'oxide de fer, de pyrites, de quarz ferrugineux et de paillettes d'or. On transporte ce sédiment auprès d'un autre courant d'eau, pour lui faire subir un nouveau lavage.

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On se sert pour celui-ci de sébiles ou gamelles en forme d'entonnoir, larges de deux pieds par le haut et de cinq à six pouces de profondeur. Chaque laveur, se tenant debout dans le ruisseau, prend environ cinq à six livres du sédiment aurifère dans sa sébile, y fait entrer une certaine quantité d'eau, l'agite avec adresse, de manière à ce que toutes les paillettes d'or tombent au fond et sur les parois de la sébile, en se séparant des autres substances légères que l'eau entraîne avec elle.

« On vide ensuite les gamelles dans une autre plus grande, qui est remplie d'eau, et où l'or se dépose tantôt sous la forme de paillettes excessivement petites, et tantôt sous celle de petits grains de la grosseur d'un pois et au-delà, "

Telle est la méthode usitée dans les lavages de Jaragua, de Contagallo, de Minas-Ge

raes au Brésil, et probablement dans ceux du Chili, du Mexique, de Buenos-Ayres et du Pérou; et tels sont à peu près, quoique plus en petit, les moyens que les orpailleurs mettent en usage pour le lavage des sables aurifères de quelques-unes de nos rivières d'Europe, comme le Rhin, le Gard, le Rhône, etc. Le platine se trouve disséminé dans un terrain qui renferme en même temps des paillettes et des grains d'or, et il y est si intimement associé, qu'on ne peut ramasser l'un sans l'autre. Les lavages qui donnent plus particulièrement ce double et précieux produit, sont ceux de la grande plaine de Choco, qui fait partie de la Nouvelle-Grenade, à quelques degrés au nord de l'équateur, et qui n'a rien moins que six cents lieues carrées d'étendue.

On cite particulièrement Condoto, Viroviro, Santa-Lucia et le village de Loro, dans le terrain duquel on a trouvé tout à la fois de l'or, du platine et des troncs d'arbres pétrifiés au milieu du casalho. Mais au reste tout le platine qui se trouve répandu dans le commerce ne provient pas seulement de cette partie de l'Amérique du Nord, il s'en trouve aussi dans quelques lavages du Brésil et même à Saint-Domingue, mais on remarque que celui de Choco est en grains plus gros et plus compactes. Ne pouvant séparer le platine d'avec les paillettes d'or par le lavage ou tout autre moyen mécanique, on a recours à l'a

malgamation du mercure, qui dissout l'or et laisse le platine.

Il est assez remarquable que les trois corps les plus précieux de la nature se trouvent dans les mêmes terrains et se recueillent à peu près de même; car les diamans se trouvent dans le même casalho qui contient l'or et le platine, et c'est encore par le lavage qu'on parvient à les découvrir et à les rassembler.

La mine d'étain de Carclase en Cornouailles nous offre l'exemple d'une exploitation où l'eau est employée directement à l'abattage du minerai, et bien que ce fait soit unique, il n'en mérite pas moins d'être cité, puisqu'il peut arriver que la même circonstance se présente ailleurs.

Cette mine, située sur le flanc et presque au sommet d'une colline granitique, au milieu d'une bruyère inculte, présente une excavation à ciel ouvert, de trois cents mètres de long sur cent vingt de large et quarante de profondeur1; ses parois ont pris, par suite des travaux d'exploitation et de l'action des agens atmosphériques, des formes hardies et bizarres, qui rappellent certaines ruines gothiques.

Les eaux pluviales contribuent pour beaucoup à l'exploitation, en coulant sur les pa

1 Dufrenoy et de Beaumont, Voyage métall. en Angleterre, pag. 102 et suiv.

rois, enlevant la surface du granit tendre, déchaussant les petits filons d'étain qui le traversent en tous sens en les faisant tomber, et enfin, en les entraînant et les réunissant même vers le bas des travaux. Le travail des ouvriers se réduit alors à rassembler ces fragmens de minerai, et encore arrive-t-il souvent qu'ils s'aident de petits courans d'eau pour accélérer cette récolte, en les amenant à travers la bruyère et les faisant répandre à dessin sur la surface du granit, qu'ils attaquent avec leur pic. Or, tous ceux qui ont travaillé dans cette roche, savent qu'elle est beaucoup plus facile à entamer quand elle est mouillée que quand elle est desséchée, et sous ce point de vue l'eau devient encore un puissant auxiliaire pour ces mineurs industrieux.

Les dépôts d'alluvion stanifères du Cornouailles et du Devonshire, ajoutent encore MM. Dufrenoy et de Beaumont, sont constamment exploités à ciel ouvert et au moyen de courans d'eau, à l'aide desquels on sépare le minerai du sable dans lequel il est disséminé.

La disposition du lavoir varie suivant que le dépôt est plus ou moins épais et plus ou moins riche.

On commence par enlever les bancs d'argile, de tourbe et de sable qui recouvrent le dépôt de sable stanifère, par un travail de terrassement conduit par banquettes et gradins demi-circulaires. Les déblais sont trans

portés avec des brouettes dans les parties déjà excavées; le diamètre du demi - cercle qui forme le gradin inférieur est égal à la largeur du banc stanifère, terminé de tous côtés par les collines qui entourent la vallée.

Les eaux qui filtrent de toute la masse du terrain sont reçues de deux en deux ou de trois en trois gradins, dans des rigoles horizontales, qui les empêchent de couler librement et de dégrader l'ouvrage. Elles sont conduites par des rigoles inclinées, garnies de planches et de gazon, jusqu'au gradin inférieur, dans lequel se trouve une caisse longue où on les fait tomber en nappes, et dans laquelle se fait le débourbage, le lavage et le criblage de tout le sable stanifère ainsi rassemblé cette caisse est suivie de bassins de dépôt, desquels l'eau est conduite dans des puisards, où des pompes l'enlèvent et la jettent hors de l'exploitation.

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Tels sont à peu près les services directs que l'eau rend à l'exploitation, en y comprenant, bien entendu, la manière dont elle attaque les terres salées que nous allons décrire dans le paragraphe suivant.

A l'égard des minerais de fer que l'on péche au fond de certains marais du Nord, leur exploitation singulière n'a aucun rapport avec celles qui nous occupent pour l'instant, et tient tout-à-fait aux circonstances locales.

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