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ment des sulfates de chaux, dont ces mines contiennent une forte dose. La grande digue (D) s'appuie sur la petite, elle est plus large, plus haute et plus fortement construite que la première, mais toujours en charpente et terre battue; enfin, on remarque vers le bas, l'extrémité antérieure du tuyau de conduite, se terminant par un robinet qui verse l'eau salée dans une auge, d'où elle se rend dans les chaudières d'évaporation au moyen des tuyaux de bois qui règnent sur le sol des galeries, suivent le contour des montagnes, traversent les vallons, comme de petits aqueducs, et parcourent ainsi une et plusieurs lieues entre la miné et l'usine.

On apporte, comme nous l'avons déjà dit, le plus grand soin à la construction des digues, non-seulement pour ce qui tient à l'emploi de l'argile, que l'on manipule long-temps d'avance, à l'exécution de la charpente, dans laquelle on n'emploie que le bois du pinus laryx; mais encore dans la forme qu'on leur donne, et qui est fondée sur ce que la pression des fluides s'exerce dans tous les sens et proportionnellement à leur hauteur verticale, que la colonne liquide soit oblique ou non, et comme un fluide en repos pressé une surface qui lui est opposée perpendiculairement ou obliquement avec une force égale au produit de cette surface multiplié par la hauteur, il suit de là qu'une digue supporte une plus grande poussée vers le bas

que vers le haut, ce qui a engagé à donner plus d'épaisseur vers le bas aux digues de Hall qu'à leur partie supérieure.

Suivant l'élévation du sol des salons, par rapport aux galeries qui servent à conduire l'eau douce et l'eau salée, ainsi que les argiles qui se déposent pendant tout le temps que met l'eau à se saturer au degré conve nable, on pratique des puits verticaux ou inclinés, dans lesquels on introduit des tuyaux de bois qui servent à l'écoulement des eaux, tandis que le reste du vide est destiné à donner passage aux déblais, qui sont jetés par le haut et reçus sur des plans inclinés, d'où on les charge sur des chiens ou chariots qui servent à les sortir hors des travaux. La figure 2, pl. XV, présente la vue de face de la grande digue, la disposition du robinet et du bac qui reçoit l'eau salée, d'où elle se rend dans la chaudière.

Exploitation des eaux salées.

Les eaux salées se trouvent en général dans les mêmes terrains qui contiennent ordinairement le sel gemme en nature et les terres salées : il est même plus que probable qu'elles ne doivent leur salure qu'au séjour ou au passage plus ou moins prolongé, qu'elles font sur le sel ou les terrains salés; car on a remarqué qu'après les fortes pluies elles augmentent de salure comme de volume, ce

qui prouve que le sel qu'elles tiennent en dissolution était tout formé dans la nature. Si l'on en voulait une preuve plus convaincante encore, on la trouverait dans la découverte du sel gemme, faite dans le département de la Meurthe, où l'on exploitait depuis bien long-temps les sources salées de Dieuze, Moyenvic, Château-Salins, etc. D'après ce que nous avons dit en parlant de l'exploitation des argiles salifères, il nous reste peu de chose à ajouter pour l'extraction des eaux salées; car tout l'art consiste en effet à augmenter le volume de ces sources, à y rattacher les moindres filets salés, à faire des recherches dans le but d'en trouver d'autres, et à en écarter au contraire avec le plus grand soin les eaux douces, qui circulent quelquefois tout à côté des eaux les plus saturées; singularité qui n'est point la seule que l'on remarque dans l'exploitation des sources salées, puisque l'on en a observé qui semblaient subir l'influence de l'état atmosphérique en produisant plus ou moins de sel, suivant que le baromètre est plus ou moins élevé; d'autres qui tarissent par un grand froid, et qui coulent abondamment par un temps sec et chaud; enfin les botanistes ont observé que plusieurs plantes qui sont particulières aux bords de la mer, se retrouvent aux environs des lieux où les sources salées sortent au jour.

Les travaux de recherches et ceux qui ont

pour but d'écarter les eaux douces, se composent de puits et de galeries, et si l'on est obligé de former des magasins d'eau salée dans l'intérieur des mines, pour quelque raison que ce soit, on ne peut y parvenir qu'en creusant de vastes excavations, qui ont les plus grands rapports avec les salons, dont nous avons parlé ci-dessus. De là, les eaux salées sont conduites à l'usine par des tuyaux de bois plus ou moins longs; mais comme ces sources ne font probablement que passer sur les couches salées, il en résulte qu'elles ne sont jamais assez saturées pour que l'on puisse les conduire immédiatement dans les chaudières; leur salure est beaucoup trop faible, et leur évaporation exigerait une trop grande quantité de combustible. On est donc obligé de les concentrer davantage par une évaporation naturelle aidée par l'art; opération qui sort de notre sujet, mais qui est fondée sur ce principe fondamental, qu'un liquide quelconque s'évapore d'autant plus vite qu'il présente une plus grande surface à l'air, et l'on parvient ainsi à augmenter le degré de salure de l'eau des sources, en les élevant au sommet de grands hangars, et les forçant à traverser, en retombant, des fagots d'épines entassés régulièrement les uns au-dessus des autres, sur une hauteur de cent pieds et plus. Ces vastes appareils, que l'on nomme bâtimens de graduation, sont exécutés très en grand sur les

bords du Rhin, en Bavière, en Tyrol, à Bex en Suisse, et servent, comme nous l'avons déjà dit, à faire évaporer, au moyen de l'air et sans feu, l'eau qui tient du sel en dissolution, et dont on veut augmenter le degré de saturation en diminuant la masse du liquide.

Parmi les sources salées les plus célèbres et les plus productives, nous citerons celles de Bex en Suisse (canton de Vaud), qui sont remarquables par l'étendue et la beauté des travaux souterrains qu'on y a pratiqués, et que l'on agrandit encore tous les jours, pour aller à la recherche de nouvelles eaux salées, écarter les eaux douces, etc.

On admire dans l'intérieur même de la montagne d'où sortent les sources, une roue hydraulique qui qui a 64 pieds (21 mètres) de diamètre, et qui est destinée à élever l'eau salée des travaux inférieurs; elle est mise en mouvement par un filet d'eau douce, que l'on conduit sur ses aubes au moyen d'un puits vertical qui débouche au sommet de la montagne, et qui a 400 pieds de profondeur.

Les sources salées qui sortent du pied des monts Krapacks, celles de Westphalie, de Lunebourg, de Brunswick, de Halle dans le duché de Magdebourg; celles de la Bavière, du Tyrol, du pays de Saltzbourg, sont en grande exploitation depuis des siècles, comme celles de Dieuze, qui remontent à l'année 1100 environ; celle de Château-Salins, qui fut fondée en 1330, par Isabelle d'Autriche; celle de

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