Images de page
PDF
ePub

ornières, dis-je, ne sont éloignées que de 0,60, et sont simplement clouées sur des traverses de bois de 0,10 de large, sur 0,08 d'épaisseur; les chariots qui passent dessus ne pesant que 600 livres (300 kilogr.), dont 300 de houille et 300 pour le poids du chariot lui-même. A la sortie de la mine, on verse le chargement de cinq de ces petits chariots dans un des grands, qui font le transport jusqu'à un canal, toujours sur un chemin de fer et en descendant, de sorte qu'un seul cheval traîne dix de ces chariots en descendant, et cinq à six en montant à vide. Tous ces chariots, grands et petits, tant ceux qui font le service intérieur que ceux qui font celui de l'extérieur, sont attachés les uns aux autres par des chaînes plus ou moins longues, et qui, quelquefois, vont s'attacher à un câble sans fin ou à une maîtresse-chaîne, qui est soutenue de distance en distance par des cylindres tournans en fonte; elle s'enroule sur le tambour d'une machine à vapeur, et ici il n'est plus nécessaire de songer à adapter un guide au chariot lui-même ou à chacune des roues, puisque les ornières sont creuses. Dans d'autres mines c'est la roue qui est creuse, comme la gorge d'une poulie, et la limande de fer est en relief: l'un et l'autre mode a ses avantages et ses prôneurs. Pour l'intérieur des mines, il me semble que les ornières creuses ont l'inconvénient de se remplir souvent de menu charbon, de déblais ou de poussière.

Les roues des chariots sont en fonte de fer: elles ont 0,20 ou 0,25 de diamètre; et comme il importe de leur donner la plus grande dureté possible, on les jette dans des moules de fer, et le refroidissement presque subit de la surface opère l'endurcissement que l'on recherche, au moins pour l'extérieur.

A Anzin, on roule le charbon dans des bacs à roues de fonte, sur des chemins de fer forgé.

A la mine d'Eglinton, près Glasgow, on fait usage de chemins de fer dans l'intérieur des travaux. Mais ici ce ne sont point des caisses roulantes dans lesquelles on transporte la houille, ce sont de petits chariots plats sur lesquels on place un ou deux grands paniers, contenant chacun 600 livres de houille; et dans d'autres mines ces paniers sont remplacés par des bassins en fer battu, soutenus par trois cercles de fer fixés à rivure. Ces paniers et ces bassins de fer ont pour but d'éviter le transvasement, qui produit toujours plus ou moins de poussière, et qui diminue infiniment la valeur de la houille.

Aux mines de Newcastle, le transport intérieur et extérieur s'exécute aussi sur des chemins de fer et dans des chariots à quatre roues, chacun pesant quatre tonneaux, 4000 kilog., dont 2750 kilog. de houille et 1250 pour le chariot lui-même. Chaque bande de fer fondu de 1,30, environ 4 pieds, sur 0,1 d'épaisseur, pèse 46 livres anglaises, et

chaque tasseau de fer forgé, qui se scelle dans le dé de pierre pour la jonction des barres, pèse 6 livres.

Huit chariots sont mis en mouvement par une machine à vapeur fixe, de six chevaux seulement, qui fait enrouler une corde sur un tambour, et qui leur fait parcourir neuf milles ou deux lieues et quart à l'heure. Les câbles servent un an et demi, et la dépense qu'ils occasionnent est d'un demi-sou par an et par mille de distance. Les roues des grands chariots ont huit rayons, leur diamètre est de 0,75, la largeur de la jante de 0,10, et les chariots sont attachés l'un à l'autre avec une barre. Un télégraphe, placé aux deux extrémités de la course, fait connaître le départ de l'un ou de l'autre, et il existe au milieu de ce trajet une galerie couverte, de 300 mètres de longueur, pour éviter que la neige ne s'engoufre sur ce point, où il aurait fallu faire une profonde coupure. Les poulies de fonte qui soutiennent le câble, sont éloignées de six mètres l'une de l'autre, et elles ont 0,35 de diamètre.

Lorsque l'on a des pentes à monter, on augmente la force du câble, et la machine est de la puissance de vingt-six chevaux. On porte à mille tonneaux, ou à environ 13,000 hectolitres, par journée de quinze à seize heures de travail, la quantité de charbon qui sort de ces mines. Cinq milles de chemins de fer, y compris les machines à vapeur, ont coûté

13,000 livres sterlings. Il faudrait cent chevaux pour faire ce même service.

Je dois ces détails, et beaucoup d'autres, à l'extrême obligeance de mon ami, M. Conrad, ingénieur en chef des ponts et chaussées, qui a bien voulu me les apporter d'Angleterre à la fin de 1824.

La planche XVI représente la plupart de ces petits chariots, dessinés d'après nature sur diverses exploitations et dans différens pays.

Les figures 1 et 2 représentent le courriaux des mines de lignite de Provence; 3 et 4, le chariot du pays de Mansfeld; 5, la conque; 6, le bac en fer battu cerclé, d'Écosse; 7, le chien hongrois avec son guide; 8, le petit chariot d'Écosse; 9, le chariot sur lequel on charge de grands paniers de houille; 10, la brouette tyrolienne; et 11, la couffe de sparterie, employée à porter le menu lignite de Provence le tout dessiné sur l'échelle de 12 millimètres pour un pied.

Il serait superflu de s'appesantir davantage sur les détails de leur construction, elle peut varier avec les circonstances locales; mais on doit toujours viser à la solidité et surtout à la légèreté : cinq livres de plus ou de moins sur un chariot ou sur une brouette ne sont point à dédaigner, puisque cet excès de poids est pris sur la quantité de houille que l'on peut transporter à chaque voyage. Ainsi, par exemple, si l'on pouvait diminuer vingt livres du poids de ces petits chariots anglais qui en

pèsent trois cents, et si l'on suppose que chacun d'eux fait vingt-cinq voyages en vingtquatre heures, ce qui n'est certainement pas exagéré, on arrive à ce résultat, que sur trois cents jours de travail ce même chariot aurait sorti mille hectolitres de houille de plus; que l'on multiplie cette économie seulement par mille chariots, on verra qu'un million d'hectolitres, sortis sans augmentation de frais, vaut bien la peine d'enlever quelque chose à la solidité des chariots, des brouettes, des beines, dût-on les renouveler un peu plus

souvent.

S. 4.

Transport intérieur par les chevaux et les

mulets.

Si la solidité de la roche et la pente des travaux souterrains permettaient d'introduire des animaux dans toutes les mines, on s'en trouverait fort bien, et il me semble qu'on ne doit jamais balancer à le faire toutes les fois que la chose est possible; au moins, je n'ai jamais été à même d'apprécier les inconvéniens qui peuvent cependant être attachés à ce moyen de transport souterrain; je sais qu'on l'emploie avec succès et depuis des siècles dans les grandes salines de la Gallicie; que de longues files de mulets entrent et sortent d'eux-mêmes dans les mines du Mexique ; que dans les grandes carrières de Maestricht les voitures circulent comme sur les chemins;

« PrécédentContinuer »