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de plusieurs grandeurs; celles qui servent à élever les déblais et les minerais métalliques sont plus petites que celles qui sont destinées à la sortie de la houille, et celles dont on fait usage pour l'épuisement sont encore plus grandes.

En général, les beines qui sont destinées au service des puits inclinés, sont ovales ou en forme de berceau, c'est-à-dire plates d'un côté et rondes de l'autre la partie plate est celle qui doit glisser sur les coulans; on leur donne de l'évasement à leur ouverture, et quand on assèche les puits inclinés à l'aide de beines, ce qui est toujours un mauvais moyen, on resserre au contraire l'ouverture et on donne plus de largeur vers le fond. Cette forme s'oppose un peu à la sortie de l'eau, mais néanmoins il en retombe toujours une bonne partie avant d'arriver à l'orifice du puits.

Enfin il y a des beines qui sont suspendues un peu au-dessus de leur centre de gravité, et qui se renversent seules par le moyen d'une barre qui les accroche et les fait culbuter; mais ce procédé est plus applicable à l'eau qu'aux déblais.

Les caisses carrées, dont on fait usage dans un grand nombre de mines de houille, sont également attachées aux câbles par des chaînes qui se réunissent dans un seul anneau; mais comme elles sont plus larges que hautes, on ne peut les renverser que difficilement aussi

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on les décroche et on les raccroche à chaque voyage. On fait quelquefois glisser les caisses entre les boisages des compartimens du puits qui leur sont déstinés, et afin de diminuer le frottement, on les garnit de rouleaux qui leur servent de guides et les forcent à garder la même position.

Les paniers, dont on fait un très-grand usage en Angleterre, ont l'avantage d'être infiniment plus légers que les beines et les caisses, et nous avons vu, en parlant des chariots, combien il importe de diminuer le poids des ustensiles qui sont destinés à transporter ou à élever la houille. M. Dufrenoy, à qui je dois plusieurs renseignemens sur les exploitations anglaises, fait remarquer que les paniers qui servent à transporter le charbon depuis la taille jusqu'au pied du puits, sont assez souvent les mêmes qui servent à l'élever; ce qui évite de le transvaser et qui diminue le poussier ou le menu, que les charbons friables produisent en abondance quand on les remue trop souvent. C'est pour éviter cet inconvénient grave, que dans certaines exploitations les chariots sont descendus jusque sur le pont des navires, et que l'on a renoncé à l'usage des couloirs pour l'embarquement. Les réseaux ou filets de corde ne s'emploient, je crois, que dans les mines de Pologne, pour enlever au jour les blocs de sel gemme que l'on en extrait. (Schultes, professeur à Cracovie.)

S. 19.

Les crochets.

Lorsque l'on attache les beines au moyen d'un noeud fait au bout du câble, il faut avoir le plus grand soin de couper ce noeud dès que l'anse de la tine commence à user le câble, et ce moyen, qui est très-mauvais, emporte deux pieds de câble à chaque fois qu'on le coupe. Il vaut donc beaucoup mieux se servir de crochets, et parmi tous ceux dont j'ai vu faire usage, j'ai donné la préférence à celui dont on voit la figure pl. XVIII, fig. 3. Il présente toute la sécurité possible, et évite le frottement du câble contre le fer, au moyen de la rondelle creuse sur laquelle il passe et qui en embrasse au moins la moitié. La clavette à ressort s'oppose à ce que la tine puisse se décrocher dans le cas où par un accident quelconque l'anse viendrait à se renverser.

Les porte-mousquetons réussissent mal pour cet usage; la boue et l'eau ne tardent pas à en paralyser le ressort. J'en ai fait l'épreuve.

S. 20.

Des ponts roulans.

Les ouvriers qui sont chargés de recevoir les beines à l'orifice des puits, de les renverser ou de les décrocher, sont exposés, malgré toute l'attention qu'ils peuvent apporter dans

ce travail, à laisser échapper quelque pierre ou même la tine toute entière, et ces accidens ont souvent les suites les plus fâcheuses pour les chargeurs à la fosse, ou pour les mineurs, si le foncement du puits n'est point achevé; si une tine ou plusieurs pierres viennent à tomber et qu'il y ait trois mineurs au fond du puits, il est presque impossible que l'un d'eux ne soit pas blessé, bien qu'ils se jettent ordinairement sous les cadres ou sous le puits d'échelles dès qu'ils entendent quelque bruit à la bouche du grand puits.

Pour obvier à ces inconvéniens et pour diminuer le nombre des accidens, on a adopté en Angleterre l'usage des ponts roulans, dont je dois la description à M. l'ingénieur Dufrenoy, qui en a parlé le premier, je crois, dans l'excellent Voyage métallurgique en Angleterre, qu'il a publié conjointement avec M. Élie de Beaumont, son collègue et son compagnon de voyage.

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Les ponts roulans dont nous avons parlé, m'écrit M. Dufrenoy, sont des planchers qui portent six roulettes en fonte et qui glissent sur des limandes placées sur les côtés latéraux du puits; des madriers épais « se croisent en dessus de manière à les rendre très-solides, et une fente laisse traverser le câble sans fin qui porte les paniers: on « pousse ces ponts quands les paniers sont arrivés un peu au-dessus de l'orifice du puits, de manière qu'ils redescendent dessus

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et qu'on les décroche sans que l'on soit obligé de tirer la corde à soi et sans qu'il << y ait le moindre danger pour les ouvriers qui sont au fond du puits, qui se trouve ainsi parfaitement couvert. Dans quelques mines, ces ponts roulans, que l'on devrait adopter en France, sont mis en mouvement « par une espèce de chariot, analogue à « celui des presses d'imprimeur. "

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A Anzin, on attire les tines avec un crochet emmanché au bout d'un bâton, et on les vide en les appuyant sur le rebord des puits.

Tels sont les différens moyens et les diverses machines que l'on met en œuvre pour charier les minerais dans l'intérieur des mines, et pour les sortir du sein de la terre. J'aurais pu décrire un plus grand nombre de machines, multiplier les figures à l'infini; mais j'ai cru qu'il suffisait d'indiquer celles qui sont le plus ordinairement employées, et de rappeler les moteurs les plus puissans, que l'on peut appliquer suivant les circonstances locales et d'une manière plus ou moins heureuse; d'ailleurs on voudra bien se rappeler que ce n'est point un traité d'exploitation que j'ai prétendu faire, mais des élémens pratiques que j'ai voulu publier, dans le seul but de donner une idée de l'art des mines aux personnes qui ne s'en sont jamais occupées, et qui se trouvent appelées tout à coup à diriger des travaux souterrains.

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