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que

moins, comme la plupart des mines métalliques se trouvent dans les pays de montagne où cette essence de bois est rare et chère, on doit se contenter des bois résineux, qui durent beaucoup moins, mais qui présentent cependant quelques avantages qui ne sont point à dédaigner. Tous les bois se décomposent beaucoup plus vite quand ils sont exposés à l'action d'un air humide et chaud, que lorsqu'ils sont entièrement submergés; on remarque même le bois de verne ou d'aune, qui du reste est un assez mauvais bois de mine, est préférable à tout autre pour les travaux qui sont destinés à rester constamment sous l'eau, comme les puisards, le pied des pompes, les chenaux, etc.; et il en est de même du bois de mélèze, dont la fibre n'est pas beaucoup plus solide que celle du pin et du sapin, et qui est excellent à employer sous l'eau; d'où il resulte qu'il est quelquefois plus avantageux de faire gonfler l'eau pour submerger des travaux que l'on doit suspendre pendant quelques mois, que de les laisser en proie au mauvais air, aux champignons et aux byssus qui végètent sur les bois, et qui contribuent beaucoup à leur destruction. Le hêtre dure long-temps sous l'eau, mais au sec il devient cassant.

Quand on se sert de bois dur, il est rare que l'on puisse boiser en rondins, parce que les propriétaires qui exploitent leurs forêts en bons pères de famille, ne coupent jamais

des arbres avant l'âge où ils ont acquis tout leur degré de croissance: on est donc obligé d'acheter de gros arbres et de les débiter à la scie pour les ramener aux dimensions convenables. Si l'on fait exécuter ce travail sans y apporter une attention sévère et continue, les charpentiers commenceront par équarrir les pièces à la hache avant de les monter sur le chevalet, et tout ce bois réduit en coupeaux et dont on paie la façon, est totalement perdu. Je n'ai jamais souffert un pareil travail, et j'ai toujours exigé que l'on équarrît mes bois à la scie, ne laissant couper à la hache que les noeuds et l'écorce qui ne permettraient pas qu'on pût attacher solidement le billon sur le chevalet. La figure 3, pl. XVII, fait voir qu'une pièce de bois de 16 pouces de diamètre (0,50) doit produire quatre poites de 6 pouces de côté, huit planches d'un pouce et quatre picots, par le travail ordinaire; et supposant que l'on n'eût pas équarri à vives arêtes, on aurait toujours perdu quatre planches, quatre picots, et les quatre planches restantes, au lieu d'être dressées sur les deux faces, seraient charpentées d'un côté.

:

Il arrive assez souvent que le vendeur veut se réserver les branches et les fagots de ses arbres; il ne faut point y consentir c'est un mauvais calcul la petite diminution qu'il propose ne compense point l'avantage que nous trouvons dans ces débris, qui fournissent des manches de pics, de pelles, de masses, des

coins de tous les calibres et des facines pour garnir: si l'on n'a point provision de tous ces menus bois, le maître mineur est obligé de sacrifier de grosses pièces, et c'est un gaspillage qu'il faut éviter. Comme l'équarrissage à la scie ne fournit jamais assez de picots, on est obligé d'en faire préparer tout exprès, et c'est ordinairement le bout des arbres que l'on sacrifie à cet usage, à moins qu'on ne traverse un mauvais terrain et que l'on ne soit forcé d'employer des plateaux épais pour garnir le derrière des cadres. Dans le nord de l'Italie on ne se sert pas de picots sciés pour garnir les parois des galeries; on les remplace par des pointes, des croûtes, des éclats et toute espèce de bois hors d'usage.

Les galeries n'ayant ordinairement que 2 mètres de haut, y compris la place du pied des poites, et 3 pieds de large au plafond, on doit débiter les arbres en billons de 6 et 9 pieds (2 et 3"), afin de pouvoir en tirer à volonté des poites ou des chapeaux, car les premières ont 6 pieds et les autres en ont 3.

m

Tout ce que je viens de dire pour l'aménagement des bois, s'applique tout aussi bien pour les cadres des puits que pour ceux des galeries, aux mesures près, dont nous tiendrons compte en parlant du boisage des puits.

Il y a des pays où l'on est dans l'usage de fendre les bois au lieu de les débiter à la scie, et l'on dit à l'appui de cette méthode, que la

fibre se conserve dans toute sa force et oppose plus de résistance à la pression que lorsque la scie en a rompu le fil. Je conviens de la justesse de cette objection; mais on peut y répondre en disant que le déchirement et les inégalités qui résultent de la rencontre des noeuds, arrête l'humidité, lui facilite les moyens de pénétrer jusqu'au centre, et qu'elle abrège infiniment la durée des bois. Je l'ai essayé et j'y ai renoncé ce moyen n'est véritablement bon à mettre en pratique que pour les bois droits et qui se fendent facilement: ainsi, par exemple, quand on boise avec des rondins de pin ou de sapin, s'il s'en trouve un beaucoup trop gros, rien n'empêche de le fendre en deux et de mettre la partie plate contre la roche. Je me suis très-souvent servi de ce moyen pour le boisage des mines d'anthracite, que j'ai fait exploiter dans la vallée de Chamouny pour le service de la fonderie de Servoz, dont j'ai été directeur.

Dans le nord de l'Italie on emploie aussi les rondins refendus tant pour le boisage des galeries que pour celui des puits. On est dans l'usage d'écorcer les bois que l'on emploie en rondins, afin que cette partie spongieuse ne contribue pas à fixer l'humidité sur les cadres; cependant Pierre Kirchner, qui avait une longue expérience et que j'ai eu comme maître mineur, m'a assuré que l'écorce de chêne se change au bout de quelques mois en une espèce de corps gras et visqueux, analogue au

savon noir, et qui conserve le bois beaucoup mieux que s'il eût été écorcé.

Buffon avait remarqué qu'en écorçant les bois sur pied un an avant de les abattre, l'aubier acquérait une plus grande dureté : j'ai fait cette épreuve sur plusieurs sapins, et je n'ai pas pu y remarquer la différence que ce grand naturaliste y avait observée ; j'ai donc abandonné cette épreuve, qui renchérissait beaucoup le prix du bois, et qui n'était pas sans danger pour ceux qui l'exécutaient.

A Poullaouen, où presque tout le boisage est en chêne, on ne l'emploie jamais rond, parce que l'on est dans l'opinion que l'aubier, en se pourrissant très-aisément, entraînerait bientôt la destruction du reste. L'on voit les opinions sont partagées à ce sujet.

que

L'époque de la coupe des bois de mine, comme pour tout autre usage, est celle où la séve n'est point en mouvement; car, si l'on coupait des bois de chêne en pleine séve, ils seraient détruits en trois ans, au lieu de durer quinze, vingt ans et plus. J'ai déjà remarqué que les bois salés se conservent beaucoup plus long-temps que les autres; mais je ne crois pas qu'on ait employé ce moyen ailleurs que dans les salines, où ils reçoivent cette préparation tout naturellement.

Quant à l'influence des phases de la lune sur la durée des bois, c'est une question de physiologie que j'abandonne aux botanistes, en faisant remarquer toutefois qu'il n'y a

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