Images de page
PDF
ePub

aucun accord sur ce point dans différens pays. Là on veut que le chêne se coupe en lune vieille, ici en pleine lune, et ailleurs en jeune lune.

Lorsque les bois sont équarris, coupés de longueur et rendus au chantier, les boiseurs et leurs aides n'ont plus qu'à en préparer les entailles et à les mettre en place.

Le cadre complet d'une galerie se compose, comme nous l'avons déjà dit, de deux pieds droits nommés potes, poités ou pontals, d'un chapeau, qui repose dessus, et d'une semelle plate, qui empêche que les pieds droits puissent s'enfoncer dans un terrain meuble ou trop tendre. La charpente des mineurs n'admet ni tenons, ni chevilles, ni mortaises: tous les assemblages se font par entaille et se consolident à frottement dur ou par pression au moyen des coins, des serrages ou des clefs. Les figures 1, 2, 3, 4, 5 et 6, pl. XX, représentent les différens genres d'assemblages entre les poites et les chapeaux.

Le premier est excessivement mauvais, et son emploi annonce que celui qui l'a adopté ne sait pas son métier: on voit en effet que les deux tiers de la force du bois sont perdus et que la plus légère pression doit occasioner la rupture du chapeau, si la poussée se fait de haut en bas, et celle des poites, si elle a lieu latéralement; cela arrive d'autant plus souvent, que les mauvais boiseurs font de fausses coupes et qu'ils laissent toujours un

certain espace entre la poite et le chapeau, qu'ils remplissent avec de petites cales et qu'ils barbouillent avec de la boue. Il est bon de connaître toutes ces petites ruses, afin de pouvoir chasser un mauvais ouvrier, qui d'ailleurs est presque toujours et le plus entêté et le moins soumis de tous ceux qui composent le chantier.

Les assemblages 2, 3 et 6 sont également solides; mais je préfère le n.o 6, parce que c'est celui qui exige le moins de temps pour sa préparation, et en effet, on voit que c'est lui auquel on fait la plus petite entaille; un trait de scie d'un pouce et un coup de hache suffisent pour former chaque en taille, qui doit être un peu oblique, afin que les poites qui sont inclinées touchent parfaitement au chapeau, et qu'il ne reste pas de jour entre les deux pièces.

Le n.o 3 a le défaut de ne point soutenir tout le chapeau et de laisser la possibilité d'une rupture aux angles a b.

Quant aux semelles, on les entaille d'un pouce sous les pieds droits, qui portent dessus de toute leur épaisseur, surtout si l'on a eu la précaution de les couper un peu obliquement et pas tout-à-fait à l'équerre.

Le boisage du n.° 4, qui n'exige point d'entaille, n'est que d'une simplicité apparente, car il demande plus de soin et plus de précision que tous les autres. Je ne l'ai jamais fait exécuter, mais j'ai quelque idée que l'ex

1

trémité des biseaux doit céder la première à la pression du plafond et des côtés : on en fait cependant usage dans quelques mines du nord de l'Italie. Quant au n.o 5, qui s'exécute à Idria et dans le boisage des emplacemens, je ne le crois à soutenir les pouspas propre sées latérales.

De la

pose

S. 4.

des cadres et des picots dans les galeries.

Lorsque l'on place un cadre de galerie, on commence par faire au sol deux places carrées de 1 à 2 pouces de profondeur, qui doivent recevoir le pied des poites: quand ils sont posés et que l'on s'est assuré qu'ils sont bien d'aplomb, ou qu'ils ne penchent ni du côté de la porte ni du côté du fond de la galerie, on règle la pente qu'ils doivent avoir au moyen d'un bout de planche que l'on entre par le bas qui est le plus large, et que l'on fait monter entre les jambages jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment écartés du haut et que le chapeau puisse entrer dans les entailles. Dès que le chapeau est entré et qu'on s'est assuré que ce cadre s'aligne parfaitement avec les autres, on commence à glisser les picots sur les côtés et sur le chapeau, et on les serre avec des coins que l'on chasse entre le cadre et ces mêmes picots, qui doivent toutours toucher à la roche, et dont la longueur

est ordinairement de six à sept pieds, plus ou

moins.

La planche XXI donne l'idée de l'ensemble de tout le boisage des galeries horizontales. Le nombre des picots ou palplanches varie avec la nature et la consistance des roches. Si elle ne se détache que par grands éclats, on en place quatre ou cinq sur les côtés et trois ou quatre au plafond; mais si le terrain est ébouleux, il faut les faire toucher, afin qu'ils forment un revêtement complet.

Dans les terrains où il est impossible d'avancer deux ou trois pieds sans boiser, on se fait précéder par des picots pointus et forts, que l'on passe derrière le dernier cadre et que l'on chasse à coups de masse; dès qu'il y a trois ou quatre pieds de vide, on pose un cadre volant, qui doit être un peu plus haut et un peu plus large que les cadres que l'on doit poser à demeure. De cette manière on passe dans les vieux travaux à travers les anciens remblais, et l'on n'a d'autre précaution à prendre, si ce n'est de boiser plus fort et plus serré que dans le reste de l'ouvrage.

S. 5.

Boisage des galeries inclinées, des descenderies ou bures.

Le boisage des galeries d'inclinaison s'exécute à peu près comme celui des galeries ordinaires, quand leur pendage n'est pas trop

rapide; mais quand il approche de quarante à quarante-cinq degrés, cette opération devient plus difficile et plus compliquée; car, outre les cadres, qui sont composés de quatre pièces au lieu de trois, le chapeau, les deux poites et la sole, on place en avant deux autres pièces, que l'on nomme pontals ou tampages, qui sont fixées entre le toit et le mur, dans deux mortaises entaillées, et sur lesquelles les cadres, qui sont égaux de hauteur et de largeur, viennent s'appliquer.

Ces cadres, ainsi retenus et couchés sur les deux pontals, sont consolidés avec les coins et les picots; mais il faut avoir soin qu'ils soient placés à angle droit avec le sol, afin qu'ils opposent le maximum de résistance à la poussée de la roche : l'usage des brouettes et des chiens à main devenant tout-à-fait impossible, on est obligé de faire glisser les tines ovales ou les caisses à roue sur des limandes, qui, ainsi que je l'ai déjà dit en parlant des moyens de transport, peuvent servir en même temps de montans d'échelle. La planche XXII peut donner une idée du boisage de ces galeries d'inclinaison, qui par un plus grand degré de pente deviennent insensiblement des bures ou puits inclinés. 1

■ MM. Duhamel père, Miché et Mathieu, donnèrent dans le temps un excellent mémoire sur le boisage et le muraillement des mines. Voyez Journal des mines, n.o 24, avec figures.

« PrécédentContinuer »