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courbés, ce qui indique un changement de direction, et pour éviter ce point de brouillage, il conviendra de se reporter en arrière et de chasser une galerie perpendiculairement au toit, afin de rentrer dans la couche le plus promptement possible. L'inspection de la figure dit assez qu'il faudra faire le même travail en sens inverse pour retrouver la couche, dans le cas où le coude serait tourné vers le jour.

Si une couche est interrompue sans que son toit et son mur aient changé de direction ni d'inclinaison, ce n'est qu'une solution de continuité, une interruption de la houille (Pl. III, n.o 1) remplacée par de l'argile, du schiste ou du grès, et il ne faut point s'en effrayer, mais suivre avec soin le mur qui doit servir de guide et reconduire à la couche que l'on ne peut tarder à retrouver; c'est ce que Berthout appelait une fausse faille.

Si une couche est coupée par un rocher de nature quelconque, l'on cherchera à connaître sa position le mieux qu'il sera possible; il se présentera sous l'aspect d'un mur droit ou incliné, par rapport à la direction de la couche. (Pl. II, n.° 7.) Dans tous les cas il faudra le traverser par le plus court chemin; mais, arrivé de l'autre côté, on ne trouvera pas toujours la couche à la même hauteur où on l'a perdue; cela arrive quelquefois cependant, mais ordinairement il faut la chercher au-dessus ou au-dessous, et c'est

dans ce cas que la connaissance des roches environnantes, et surtout du toit et du mur, sont d'un grand secours. L'on peut cependant donner une espèce de règle pour retrouver les couches au-delà de la faille, et dire que si l'on remarque, au moment où l'on trouve la faille, qu'elle s'éloigne de la couche en s'enfonçant, il faudra, après avoir dépassé cette faille, chercher la couche sous les pieds, et que si, au contraire, la faille s'enfonce en passant sous les pieds, il faudra chercher le prolongement de la couche au-dessus de la téte; ou en d'autres termes, que si l'on atteint la faille en montant, le prolongement de la couche de l'autre côté de la faille ira en montant, et que si l'on a trouvé la faille en descendant, c'est aussi en descendant qu'il faudra chercher le prolongement de la couche perdue. 1

Plus la couche est inclinée à l'horizon, plus elle s'approche de la perpendiculaire, et moins elle est dérangée. Il ne faut point remonter ou redescendre en suivant les parois de la faille pour retrouver la couche. L'expérience a appris que le charbon est toujours de trèsmédiocre qualité aux approches d'une faille; cette détérioration est même un indice, une sorte d'avant-coureur des failles: aussi vautil mieux chasser une galerie horizontale à

Théorie des failles, de Struve et Berthout, Journal des mines, a. 13.

travers la faille et faire ensuite, quand on en dépassé quelques mètres, une cheminée ou un puits pour rentrer en bonne couche. (Pl. II, n.° 7.) Il arrive quelquefois que les failles sont elles-mêmes brisées ou contournées; alors il n'y a que l'examen attentif des roches qui puisse guider, mais heureusement ce double accident est assez rare.

Si une veine est interrompue par un obstacle étranger aux accidens qui ont dérangé les couches postérieurement à leur formation, par exemple, par une montagne primitive qui fait saillie dans la vallée où se sont formées les couches de houille, il faut avoir recours aux observations extérieures, ne point s'entêter à vouloir poursuivre les traces de la couche dont on regrette la richesse ou la puissance; car pour l'ordinaire tout est brouillé, mêlé et confondu; il n'est plus question de ce mur et de ce toit qui sont si précieux pour le mineur: on ne trouve rien en place, le terrain est bouleversé, les couches sont contournées et semblent entourer des blocs arrondis de grès ou de minerai de fer, mêlés à du schiste, qui paraissent se pénétrer et se croiser dans toutes sortes de directions. Au milieu de tout ce désordre, on voit quelques blocs de houille isolés et sans suite, et si un pareil état de choses se présentait au jour, il faudrait bien se garder de choisir un tel point pour y placer un travail de recherches: c'est ce que l'on appelle un

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brouillage. Ce mode de dérangement a existé aux mines de Fins, département de l'Allier, et se trouve parfaitement décrit dans le savant Mémoire de M. Duhamel. Là c'est une montagne de porphyre qui s'avance dans la vallée et qui fit perdre, pendant un long espace, la belle couche que l'on avait exploitée sur plus de 600 toises de longueur. (Pl. III, n.o 4, considéré en plan.)

Si la montagne dont il est ici question, au lieu d'étrangler la vallée, formait l'angle à l'endroit où cette même vallée changerait de direction, il est plus que probable que ce serait aussi dans cette nouvelle direction qu'il faudrait chercher le prolongement de la couche qu'on aurait perdue; car il est assez constant que les couches de houille suivent la direction des vallées et leurs différens détours.

L'on voit souvent que le mur se relève vers le toit ou que le toit s'abaisse sur le mur, le tout aux dépens de l'épaisseur de la couche, qui se trouve étranglée et amincie dans ces places (Pl. III, n.o 2), de telle sorte qu'il n'en reste quelquefois qu'un filet, qui suffit cependant pour servir de guide et conduire le mineur en bonne couche. Ce filet est ordinairement accolé à la paroi qui n'a pas contribué au désordre. Aux mines du Lardin (Dordogne) ce n'est jamais le toit qui étrangle la couche, c'est toujours le mur. Il arrive aussi que les couches éprouvent des renflemens,

comme les filons; mais on ne se plaint jamais de cet accident, qui est cependant un désordre.

Une couche peut être coupée dans toute sa hauteur, suivant une ligne oblique, par une roche qui n'a point le caractère d'une faille, et dans ce cas on doit supposer que cet obstacle n'est autre chose que la paroi du bassin dans lequel la houille et toutes les roches qui constituent le terrain houiller se sont déposées. M. Duhamel, qui a observé cet accident dans la mine de Saint-George en Anjou, ne conseille pas de tenter de percer l'obstacle, et il a grandement raison.

Il est très-ordinaire de voir une couche divisée en deux dans le sens de son épaisseur, par une veine pierreuse ou schisteuse qui a la forme d'un coin ou d'une amande trèsalongée. (Pl. II, n.° 1.) Cet accident n'a rien d'inquiétant, car il ne fait jamais perdre entièrement la couche, et il est toujours aisé de la retrouver, pour peu que l'on apporte d'attention dans la conduite de l'ouvrage. Enfin, les couches de houille sont tellement repliées quelquefois sur elles-mêmes et à plusieurs reprises, qu'il arrive qu'en fonçant un puits on peut recouper plusieurs fois la même couche; mais on s'en aperçoit par l'examen attentif du toit et du mur, qui se rencontrent alors dans un ordre inverse. (Pl. I, n.o 1.)

Les coufflées ou les failles

proprement dites

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