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avoir dépassé la terre végétale et avoir rencontré le grès houiller à une faible profondeur, on dressa la surface de cette roche et l'on commença à élever le muraillement jusqu'à un pied au-dessous du niveau de l'orifice du puits; arrivé à ce point, on recouvrit ce muraillement par des dalles, qui étaient taillées en talus et qui s'avançaient légèrement sur le vide du puits et en réduisaient le diamètre d'un pied environ dans les deux sens. (Pl. XXVII, fig. 1.)

Les queues de ces pierres plates formaient un grand dallage (fig. 2) tout à l'entour du puits, qui, ayant une légère pente en dehors, permettait à l'eau de s'écouler rapidement à mesure qu'on la versait, et facilitait aussi l'enlèvement des déblais'. Le but de la saillie formée par les dalles tout à l'entour de la bouche du puits, était de rendre la sortie des tines infiniment plus facile pour les ouvriers qui étaient chargés de les arrêter au passage et de les renverser. En effet, quand la tine, après avoir frotté contre la saillie et avoir été forcée de s'approcher du centre du puits, revenait, en quittant la dalle, à reprendre son aplomb ordinaire, elle se trouvait presque naturellement sortie et posée sur le dallage,

1 Quoiqu'il faille toujours tenir la bouche du puits d'une toise ou deux au-dessus du terrain pour faciliter le chargement des charrettes, l'on est souvent forcé de faire un conroi ou un béton en dehors de la maçonnerie, pour empêcher les eaux pluviales de s'infiltrer dans le puits.

où on la renversait. Ce petit moyen, bien simple, épargne beaucoup de peine aux déchargeurs.

Tout étant ainsi disposé à la bouche du puits, on en continua le foncement à travers les couches dures et les couches ébouleuses; mais toutes les fois que l'on rencontrait ces dernières, on les creusait après coup d'un pied de plus de largeur sur toute la circonférence, et on les revêtissait d'un muraillement à chaux et à sable, qui reposait sur un banc de grès et qui s'élevait jusqu'à une autre couche également solide, en ayant soin de choisir les pierres les plus propres à ce travail, tant parmi celles qui provenaient du percement des couches de grès, que parmi celles que l'on exploitait au jour. Quand on rencontrait des couches de schiste pourri ou ébouleux d'une trop grande épaisseur et qu'on ne pouvait attendre que l'on eût découvert une nouvelle couche solide pour murailler, on était forcé de faire deux arceaux à plein cintre dans le sens du grand axe et qui se butaient, l'un contre l'autre, aux extrémités de ce grand diamètre. On leur donnait deux pieds d'épaisseur au moins; on les composait de grandes pierres plates, choisies et posées de champ, et quand ils étaient bien consolidés, on établissait par dessus le muraillement ordinaire d'un pied d'épaisseur seulement, en remontant jusqu'à la dernière couche solide, et on recommençait ensuite à

foncer jusqu'à ce que l'on retrouvât une nouvelle couche de grès, sur laquelle on établissait la maçonnerie, que l'on montait jusque dans les arceaux dont nous avons parlé ci-dessus, qui, étant deux fois plus enfoncés dans la roche que tout le reste du muraillement, ne se trouvaient jamais exposés à s'écrouler, quand on venait à les reprendre en sousœuvre. Telle est la seule difficulté qu'on éprouva dans l'exécution de ce muraillement, qui s'est continué de la même manière jusqu'à 80 mètres, et qui s'exécutait par de jeunes maçons et par de simples mineurs qu'on avait dressés à ce nouvel ouvrage.

Le foncement du puits s'exécutait à prix fait; mais la recoupe des roches tendres se faisait à la journée, parce qu'on ne pouvait caver qu'au fur et à mesure que les maçons montaient leur mur, et qu'il eût été assez difficile d'en fixer le prix d'avance.

La cloison, qui sépare la case des tines de celle des échelles et des pompes, s'établit quelquefois en maçonnerie, mais je la préfère en bois, parce qu'elle tient moitié moins de place et qu'elle revient moins cher qu'un mur à deux paremens et qui, vu son peu d'épaisseur, demande à être fait avec beaucoup de soin. Il devient aussi assez difficile de le relier avec la roche, qui n'est pas muraillée, et comme cette cloison sert très-souvent à

l'aérage et que les plus légères fissures nuiraient à cet effet, on conçoit qu'il serait

fort difficile de les découvrir dans un ouvrage de maçonnerie. Je crois donc qu'il est avantageux sous tous les rapports d'exécuter cette cloison en bois; mais comme on doit prévoir qu'il faudra en venir à la changer un jour, on doit avoir soin de sceller les pièces entre des pierres plates, afin qu'on puisse les retirer sans difficulté pour les remplacer par d'autres.

Le muraillement d'un puits rond n'offre ni plus ni moins de difficulté que celui d'un puits ovale, et nous avons vu, pour celui des puits carrés, quelles sont les précautions qu'il faut prendre pour qu'il s'oppose d'une manière efficace à la poussée des terres.

Le muraillement d'un puits incliné dont le mur est solide, se réduit à une simple voûte, à laquelle on donne un plus ou moins grand diamètre, et dont on fait reposer la naissance, soit sur la roche, soit sur deux pieds droits bâtis. L'on conçoit que ce muraillement se rapproche d'autant plus de celui d'une galerie, que ce puits s'en rapproche lui-même par son peu d'inclinaison, et qu'il ressemble d'autant plus à celui d'un puits vertical, que son inclinaison est plus rapide.

Les pierres plates doivent être préférées pour le muraillement des puits comme pour celui des galeries, et à plus forte raison: aussi tout ce que nous avons dit de l'emploi du mortier, de celui de la mousse et de la maçonnerie à pierre sèche, en parlant du mu

raillement des galeries, s'applique de point en point à celui des puits et des bures.

Depuis bien long-temps les Liégeois et les Anglais muraillent leurs puits avec des briques, et comme ce travail offre beaucoup moins de difficultés que celui que l'on exécute avec des pierres, nous avons dù finir par l'exécuter en France, comme partout ailleurs. Voici le détail d'un muraillement en briques exécuté aux mines de Fins, et dont nous sommes redevable à M. Guillemin. 1

Le muraillement se fait au fur et à mesure qu'on descend, et sans qu'on soit obligé d'employer de boisage provisoire.

On s'enfonce autant que la solidité du terrain le permet, et aussitôt qu'on ne peut plus le faire sans danger, on muraille; puis on creuse et l'on muraille encore dès qu'on le juge nécessaire, et ainsi de suite.

La grande difficulté (c'est-à-dire la seule) est de soutenir le muraillement pendant qu'on descend; car la bâtisse en elle-même n'en offre aucune.

Lorsqu'on a atteint 6 à 10 mètres, par exemple, on place horizontalement au fond de l'excavation un cadre de bois, formé de quatre pièces (pl. XXVII, fig. 4), jointé à mi-bois et relié aux angles par quatre liens, qui sont placés à une distance égale du diamètre du puits. Les dimensions de ce cadre

1 Annales des mines, tom. XIII, pag. 85.

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