Images de page
PDF
ePub

Celle de Poullaouen en Bretagne a 3000 mètres;

Celle de Marienberg en Saxe en a 4000, etc.

On peut encore citer la galerie d'écoulement de la mine de plomb de Védrin, où deux mineurs ont travaillé pendant cinquantequatre ans sans discontinuer; mais le monument le plus remarquable en ce genre, est la galerie du Roi George au Hartz, qui a plus de cinq lieues de développement, qui épuise les eaux d'une grande partie des mines de ce canton, qui a été faite en vingt ans, attaquée par trente ateliers à la fois, et qui se sont rencontrés avec la plus grande exactitude sur quinze points différens. C'est en même temps, dit M. Héron de Villefosse, l'exemple d'un travail immense et d'une admirable précision dans l'application de la géometrie aux travaux souterrains. Les détails de ce magnifique aqueduc occupent cinq planches dans le bel ouvrage de M. de Villefosse sur la richesse minérale, qui est luimême un monument unique et admirable, élevé à l'honneur de l'art des mines, et un témoignage éclatant du bon esprit qui animait les savans que l'on attachait à la suite de nos armées victorieuses.

S. 14.

Des pompes.

Les tonneaux, les tines et les pompes, sont les seuls moyens d'épuiser l'eau des mines

[ocr errors]

qui ne sont point susceptibles de s'assécher naturellement, et suivant que les eaux sont plus ou moins abondantes, on emploie la force des hommes, celle des chevaux, le cours ou la chute des eaux, le vent ou la vapeur, enfin, pour mettre ces machines en mouvement et les forcer à remplir le but que l'on s'est proposé en les établissant à l'orifice des puits.

Les tonneaux, qui sont ordinairement longs et étroits, ne s'emploient guère que dans les galeries inclinées; ils sont montés sur des traîneaux ou sur de petits chariots à quatre roues, qui glissent ou qui roulent sur des limandes de bois, et c'est en ouvrant une porte assez large, qui est placée sur le fond postérieur, qu'on les vide à leur arrivée au jour. Nous avons vu, en parlant des moyens d'extraction, que l'on se sert aussi de tines resserrées à l'embouchure, pour sortir les eaux des puits inclinés; mais que ces vases ouverts avaient l'inconvénient de n'arriver qu'au quart ou à moitié pleins à la bouche du puits. Les barriques fermées sont donc préférables, quand on ne peut employer de meilleur moyen.

Les tines ou beines ont déjà été décrites en parlant de l'extraction des minerais; j'ai dit que celles qui étaient destinées à élever l'eau, étaient plus grandes que celles des déblais et du minerai; qu'on les accrochait quelquefois à leur passage au moyen d'un mécanisme simple, qui les renversait sans que

l'ouvrier eût à s'en mêler; mais que ce procédé n'était guère applicable que pour l'eau: n'ai rien à ajouter à ce sujet.

Les pompes principe que toutes celles dont on fait usage dans les manufactures et dans tous les établissemens où il s'agit d'élever un certain volume d'eau à une hauteur donnée; mais on préfère en général celles qui aspirent l'eau, par l'effet combiné des pistons qui font le vide, de la pression de l'air qui force l'eau à s'élever, et des soupapes qui s'opposent à ce qu'elle redescende. Ces pompes aspirantes sont préférées à celles que l'on appelle aspirantes et foulantes.

de mine sont faites sur le même

La pompe aspirante simple se compose d'un tuyau de bois, de fonte, de cuivre ou de plomb, dans lequel on fait jouer une tige de fer qui porte, à son extrémité inférieure, un piston de bois entouré d'un cuir gras, qui glisse avec frottement dans l'intérieur du tuyau, et qui est percé au centre d'un trou plus ou moins grand, recouvert par un clapet qui s'ouvre quand le piston descend et se ferme quand il remonte; au pied du tuyau qui porte le nom de cœur de pompe, et à quelques pouces au dessus seulement, on place une soupape à demeure, qui joue d'une manière opposée au clapet du piston, c'est-àdire qui s'ouvre quand le piston monte, et se ferme quand il descend.

Il ne faut pas mettre plus de 28 pieds entre

la soupape et l'extrémité supérieure de la course du piston, parce que c'est dans cette partie de la pompe que se fait le vide, et que, bien que la théorie admette avec raison que la pression de l'air fait équilibre à 32 pieds d'eau, on ne peut pas compter sur ce résultat dans la pratique, à cause de l'imperfection de nos machines et de la hauteur plus ou moins grande du lieu où l'on pose la pompe par rapport au niveau de la mer.

Comme le piston n'a guère que 2 ou 3 pieds de course, il ne fait pas le vide du premier coup; il faut plusieurs impulsions avant que l'eau s'élève jusqu'au point où elle peut arriver, et c'est à ce moment là seulement qu'elle fait ouvrir le clapet du piston et qu'elle passe à travers. Si la pompe n'a que 30 pieds, depuis la soupape inférieure jusqu'au tuyau par où l'eau doit s'échapper, elle coulera en dehors aussitôt après qu'elle aura traversé le piston et qu'il commencera à s'élever; mais si la pompe en a 50 ou 60, son effet se compose d'abord de l'aspiration qui fera monter l'eau jusqu'à 28 ou 30 pieds par la pression de l'air, et ensuite de l'action purement mécanique du piston, qui, en même temps qu'il produira le vide au-dessous de lui, soulèvera la colonne d'eau dont il est chargé, et la forcera à s'échapper par l'orifice supérieur aussitôt que cette colonne aura atteint la hauteur nécessaire. L'on voit d'après cela qu'il n'y a réellement que les difficultés de

construction qui puissent s'opposer à la confection d'une pompe de ce genre d'une hauteur prodigieuse; car en théorie, il suffirait de proportionner la force à la résistance pour obtenir tel résultat qu'on voudrait. Dans la pratique, c'est la longueur de la tige qui vient s'opposer à ce que l'on puisse placer le piston à 100 pieds par exemple : si on la fait en fer, cette tige se courbe et plie; si on la fait en bois, elle se casse facilement; enfin, si on la maintient de distance en distance par des rouleaux, cela augmente le frottement.

Je me suis cependant servi d'une de ces pompes en bois, qui avait 70 pieds, dont la tige était également en bois et que je faisais facilement marcher d'une main.

Quand on est obligé de monter l'eau d'une assez grande profondeur, on est forcé de diviser la hauteur en plusieurs parties et d'y établir des reprises. Chaque équipage de pompe a ses tiges particulières, qui finissent par se confondre en une seule, qui s'attache à un balancier, à une bielle ou à une tiraille, et l'on place dans le puits des caisses qui reçoivent l'eau d'une pompe et le pied de la suivante, et ainsi de suite jusqu'au point où est le moteur. C'est ainsi que sont faites et disposées les pompes en grand nombre qui assèchent les mines de Poullaouen.

Quand les pompes de mine sont en bois, on garnit leur intérieur d'un fourreau de cuivre, dans lequel on fait glisser le piston,

« PrécédentContinuer »