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qui fut récompensé par la croix de la légion d'honneur. 1

Toutes les fois que l'on peut arrêter les eaux d'une source à une certaine hauteur et les empêcher de descendre jusqu'au fond des ouvrages, il ne faut pas balancer à faire tout ce qui est nécessaire pour les retenir soit dans des travaux abandonnés, soit dans une cavité faite exprès et dont on barre l'entrée par une digue. Par ce moyen on est dispensé d'épuiser les eaux à une très-grande profondeur, et l'on peut diminuer la force qui doit faire marcher les pompes.

Parmi les exploitations sous-marines qui sont en pleine activité sur les côtes du Cornouailles, il est probable que l'on aura eu quelques infiltrations à combattre, puisqu'il en est qui sont si voisines du fond de la mer, que les mineurs entendent le bruit des galets agités par les flots qui sont sur leurs têtes. La mine sous-marine de Wherry, dont l'entrée n'était découverte qu'à marée basse, et qui fut exploitée par un mineur seul, en est un des principaux exemples.

1 Le 28 Février 1812, Hubert Goffin, maître mineur à Beaujon près Liége, s'ensevelit volontairement avec soixantedix de ses ouvriers, parmi lesquels était son fils Matthieu Goffin, âgé de douze ans il ne voulut jamais les quitter quand il le pouvait encore, et resta cinq jours et cinq nuits dans les travaux, d'où ils furent tous sauvés miraculeusement, et d'où il sortit le dernier. Je veux, disait-il, les sauver tous ou ne pas leur survivre.

Lorsqu'on soupçonne qu'une mine a déjà été fouillée, et que l'on ne connaît pas exactement la situation des vieux travaux par rapport à ceux que l'on exécute, il est prudent et même indispensable, quand on chasse une galerie qui est au-dessous de l'écoulement naturel, au fond d'un puits par exemple, de se faire précéder par un coup de drague d'un pouce de diamètre et de 12 à 15 pieds (4 à 5") de long, que l'on approfondit à mesure que l'on avance, afin de ne pas s'exposer à être inondé si l'on venait à ouvrir une grande issue à l'eau, dont les vieux ouvrages sont presque toujours pleins. La sonde peut être également employée à la recherche de ces eaux qui menacent les ouvriers; mais comme cet instrument se manœuvre assez difficilement dans une galerie, et que son diamètre est déjà un peu fort pour déboucher un grand réservoir, je conseille plutôt l'usage de la drague, à laquelle on peut donner jusqu'à vingt pieds de longueur. De légers suintemens, la nature du dépôt fait par les eaux, le son particulier que rend la roche, quand on la frappe avec le marteau, sont les indices du voisinage des travaux inondés, et les mineurs qui ont une longue pratique les connaissent parfaitement et ne s'y trompent guère.

Enfin, si, après avoir foncé un puits à une certaine profondeur, on se décide à donner un coup de sonde au fond avant de l'aban

donner, et que l'on vienne à rencontrer une source jaillissante, il ne faut point retirer la sonde, puisqu'elle bouche une bonne partie du trou, et il faut s'empresser de faire préparer des tuyaux, afin de tenter de porter cette source jusqu'à la bouche du puits et de s'en débarrasser. Si l'on ne prenait point ce parti, le puits se remplirait d'eau très- rapidement et il serait fort difficile de le mettre à sec. Ce fait, qui vient d'arriver aux environs de Toulon, se rattache à l'histoire des puits artésiens, dont nous avons parlé en traitant de la recherche des eaux en général.

Les molières, que l'on rencontre dans les mines de Lignite de la Provence, sont des amas d'argile qui prennent la place du combustible, qui en interrompent les couches et qui s'imprègnent d'eau de manière à inonder les travaux tout à coup, et surtout en hiver. Ce sont des espèces d'éponges, qui gardent l'eau pendant l'été et qui la cèdent avec profusion en hiver. Jusqu'ici l'on n'a adopté aucun moyen suffisant pour se garantir de l'effet de ces molières, qui ont assez d'analogie avec le Kurzawska que l'on rencontre dans les mines de la haute Silésie, et qui consiste en une terre bleuâtre, spongieuse, qui jouit de la singulière propriété d'absorber toute l'eau et l'humidité du terrain, d'assécher les campagnes, de la retenir à peu près comme une éponge, et de la verser ensuite dans les nombreuses excavation souterraines de la contrée. (D'Aubuisson.)

de l'aérage des mines, ET DES MOYENS DE SE PRÉSERVER DES MOFETTES, DU FEU GRISOU ET DE TOUTES LES VAPEURS MALFAISANTES.

Le gaz acide carbonique, l'azote et l'hydrogène, sont les trois principaux corps qui contribuent chacun en particulier à gâter l'air que l'on respire dans les mines, et à le rendre impropre à entretenir la lumière et la vie, en se mêlant à lui dans des proportions plus ou moins fortes, ou en se combinant ensemble.

S. 16.

Du gaz acide carbonique.

Le gaz acide carbonique, auquel on a donné plus particulièrement le nom de mofette, et que l'on appelle la force dans les mines de la Loire, se dégage de l'intérieur de la terre dans une infinité de lieux différens, et quelle que soit la nature des roches ou des minerais dans lequels on travaille: il s'amasse dans les galeries tortueuses, dans les descenderies ou dans les puits, et on le reconnaît facilement par sa proprieté de troubler l'eau de chaux et de la rendre laiteuse; expérience qui se fait au moyen d'une bouteille remplie d'eau, que l'on vide dans l'endroit de la mine où l'on présume que l'air est le plus mauvais, dans laquelle on verse ensuite un ou deux verres d'eau de chaux, et que

l'on agite après l'avoir bien bouchée: si l'air dont la bouteille s'est remplie à mesure que l'eau s'est écoulée, contient du gaz acide carbonique, l'eau de chaux, de parfaitement claire qu'elle était, deviendra blanche et laiteuse au bout de quelques minutes. Quand ce gaz est concentré, il éteint subitement la lumière et asphyxie les hommes qui le respirent; mais quand il ne fait que se mêler au bon air, on s'en aperçoit dans les mines à une légère odeur de pomme, à la couleur rouge de la flamme des lampes, dont on est obligé de tirer la mêche, afin d'en augmenter le volume, et qui, malgré cette précaution, s'éteint par le plus léger mouvement; on remarque que les narines se bouchent promptement de suie noire, et si l'on séjourne quelques heures dans cet air altéré, on éprouve un mal de tête plus ou moins fort.

Lorque la lumière ne s'éteint pas subitement, et qu'elle ne cède que par suite d'un léger mouvement, on peut rester et même travailler au milieu de cet air, qui est mauvais cependant, mais qui n'est point encore assez chargé de carbone pour pouvoir causer l'asphyxie.

Je me suis trouvé forcé de relever une galerie dans laquelle il m'était impossible de conserver de la lumière, où j'éclairai le limbe de ma boussole avec quelques vers luisans. Dans une circonstance semblable, M. l'ingénieur Ryan fit usage de phosphore

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