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si l'on n'a pas

nouvellent si rapidement que, un moyen puissant pour les entraîner au dehors ou les noyer dans une grande masse d'air atmosphérique, le danger se représente quelques heures après qu'on est parvenu à l'éloigner.

S. 19.

Cheminées, conduits et cloisons d'aérage, ventilateurs et fourneaux d'appel.

Tous les moyens d'aérer les mines ou de les débarrasser des gaz qui sont impropres à entretenir la lumière, se réduisent donc jusqu'à présent à introduire de l'air extérieur dans les travaux par une ouverture quelconque, et à le forcer à en sortir par une autre, de manière à noyer le carbone, l'azote et l'hydrogène dans un courant de bon air infiniment plus puissant qu'eux.

Ainsi, tout l'art d'aérer les mines consiste à faire en sorte de favoriser cette espèce de circulation, de la produire par un moyen quelconque, si elle ne peut pas s'effectuer naturellement, et de mettre à profit toutes les circonstances qui peuvent la faciliter: toutes choses qui ont l'air fort simples et fort aisées à exécuter, et qui offrent cependant de grandes difficultés dans la pratique, surtout par rapport au feu grisou, dont les effets sont déplorables.

La différence de pesanteur spécifique entre l'air chaud et l'air froid, qui fait que le

premier tend à s'élever et que l'autre se tient toujours au-dessous, comme le plus lourd, est un des grands moyens d'aérage; aussi il suffit quelquefois d'élever artificiellement la température d'un des puits de la mine, ou simplement celle d'un de leurs compartimens, pour qu'il s'établisse un courant d'air qui se précipite par une des entrées et qui sort par une autre. Quand cette circulation est naturelle, on remarque que sa marche est inverse, en été et en hiver (pl. XXVIII, fig. 1): en été, l'air extérieur entre par le puits CB, et se rafraîchit, tombe dans la galerie AB, et s'écoule de la même manière qu'un liquide; en hiver, l'air extérieur entre par la galerie AB, s'y réchauffe, et s'échappe par le puits BC. Dans une galerie qui n'a qu'une issue, ce courant s'établit aussi : en été, l'air extérieur, qui est plus chaud, entre par en haut et s'écoule par le bas, après s'être rafraîchi dans la galerie; en hiver, l'air entre par le sol et s'échappe par le haut (pl. XXVIII, fig. 2).

Les différens gaz qui sont susceptibles de se former dans l'intérieur des mines, tendent à s'échapper par la partie supérieure d'une galerie inclinée, ou à s'écouler dans le fond à la manière d'un liquide: la figure 3 présente le tableau de cette double marche, qui est fondée sur la pesanteur spécifique de ces différens fluides. (Communeau, mémoire inédit sur le mouvement de l'air dans les mines.)

Quand une mine présente déjà plusieurs puits ou galeries débouchant à la surface de la terre, on parvient aisément à établir la circulation de l'air tout à travers les travaux, en le forçant à parcourir toutes les excavations au moyen de portes battantes, qui l'empêchent de suivre le plus court chemin, et cet effet est d'autant plus facile à obtenir, que les entrées de ces puits et de ces galeries débouchent à des niveaux différens. Mais on doit bien penser que le mauvais air se déclare et manifeste sa présence avant que les travaux ne soient arrivés au point où il devient aisé de les faire communiquer. Il arrive presque toujours que l'on rencontre le mauvais air avant de pouvoir lui donner une issue naturelle, et c'est alors que l'on est forcé de recourir aux cloisons, aux conduits, aux ventilateurs, aux fourneaux d'appel, etc.

Les cloisons d'aérages éparent, comme nous l'avons déjà dit en parlant du boisage des puits, la case des échelles d'avec celle des tines: elles se composent de planches bien assemblées à languettes, calfatées avec la mousse, et on les fait ordinairement dépasser de deux mètres le niveau de la bouche du puits, afin que le vent ne puisse pas s'opposer au jeu de la circulation de l'air, qui s'établit tout naturellement entre la grande et la petite case, et qui suffit très-souvent pour maintenir le bon air jusqu'à une trèsgrande profondeur. Le courant est quelque

fois si vif dans le puits d'échelle, que l'on a peine à y conserver de la lumière et que l'on est obligé de fermer la trappe d'entrée. Plus il y a de différence entre la température extérieure et celle du fond d'un puits, et plus cette circulation est active; aussi la fumée des lampes et de la poudre n'incommode pas les mineurs: on remarque seulement que la direction du vent, la température et d'autres circonstances accidentelles changent le sens du courant d'air; car tantôt c'est par le puits d'échelle que le bon air se précipite dans la mine, et tantôt, au contraire, c'est par cette même issue que s'échappent les fumées. Il y a des mines où l'on a pratiqué des cloisons d'aérage qui servent de plancher aux rouleurs, et l'on fait communiquer ces conduits horizontaux avec la cheminée ou le puits d'aérage. Mon ami, M. Communeau, m'a communiqué un travail du plus grand intérêt sur le mouvement de l'air dans les mines et sur les moyens de les aérer: je regrette que son étendue ne me permette pas de l'insérer ici tout entier, et comme il est bien certainement destiné à figurer un jour dans les Annales de physique et de chimie, je me ferais scrupule de le dénaturer, en n'en donnant qu'un simple extrait.

Les conduits ou tuyaux d'air se font avec des planches ou avec des arbres forés: on donne aux tuyaux carrés 6 à 8 pouces de côté en dedans, et 4 à 6 seulement de diamètre aux

tuyaux ronds: on les assemble comme le corps. de pompe, et on les élève à quelques mètres au-dessus de la bouche des puits, en les terminant par une espèce de girouette qui présente toujours leur ouverture au vent. D'autres fois on les fait communiquer avec des ventilateurs, avec de gros soufflets et même avec de petites machines soufflantes, que l'on fait marcher de temps à autre, ou continuellement si l'aérage l'exige. Tel est le ventilateur du Hartz, qu'un enfant fait marcher au moyen d'un levier. Par ce moyen, on chasse de bon air dans les travaux ; mais pour peu qu'ils soient étendus, il devient bientôt insuffisant, surtout si les porte-vents sont étroits et d'une certaine longueur; car le frottement de l'air dans l'intérieur de ces tuyaux suffit pour en paralyser en partie les effets. J'ai cependant employé plusieurs fois différentes espèces de ventilateurs avec assez de succès, mais toujours pour aérer de petits espaces. Ils sont encore en usage dans les mines de Rive-deGier et ailleurs.

Les cheminées d'aérage sont des percemens plus ou moins verticaux, étroits, qui se font ordinairement de bas en haut, et qui ont pour but d'aérer des travaux inférieurs, en les faisant communiquer avec des ouvrages supérieurs ou même avec le jour. Comme ces couloirs n'ont ordinairement que 3 ou 4 pieds de diamètre ou de côté, on n'est pas toujours forcé de boiser; mais quand la roche

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