Images de page
PDF
ePub

est ébouleuse, on la soutient par des tampages et des cadres pareils à ceux des puits, mais plus petits et plus minces. L'on donne aussi ce même nom aux tuyaux que l'on élève au-dessus des puits pour en prolonger l'ouverture et activer la circulation de l'air.

Les fourneaux d'appel (pl. XXIX, fig. 1) sont des appareils que l'on place à l'extrémité supérieure des tuyaux d'aérage dont nous venons de parler : ils se composent d'un cendrier, d'une grille, d'une chauffe ou foyer, et d'une cheminée plus ou moins haute. Le tuyau d'aérage, dont l'extrémité inférieure plonge jusqu'au fond du puits ou jusqu'au bout de la galerie, vient déboucher sous la grille qui porte le combustible, et se termine par un bout en fer, afin qu'il ne s'enflamme pas: on bouche hermétiquement le cendrier et la chauffe avec des portes lutées de terre grasse mêlée de crotin de cheval, de manière à ce que l'air qui est indispensable à la combustion ne puisse être fourni que par le tuyau, qui va l'aspirer au fond de la mine, et comme il est aussitôt remplacé par de bon air, qui se précipite dans les travaux pour aller rétablir l'équilibre, il se forme un courant qui permet aux ouvriers de travailler sans être exposés ni même incommodés.

Ces fours, qui ont les plus grands rapports avec l'appareil pyropneumatique inventé par MM. Cadet Devaux, Laborie et Parmen

tier, peuvent s'adapter aux puits abandonnés, et dans lesquels on ne saurait pénétrer à cause du mauvais air. Mais dans ce cas il faut se servir de plusieurs tuyaux de cuir ou de toile imperméable, que l'on descend dans le puits, et qui viennent se réunir en un seul qui débouche sous la grille; quelques heures de feu suffiront souvent pour produire l'effet désiré.

On remarquera que l'effet des fours d'appel est bien plus efficace que celui des ventilateurs, puisqu'ils agissent directement sur le mauvais air, qu'ils enlèvent, et que les ventilateurs ne font autre chose que d'introduire un excès de bon air, sans forcer les gaz, plus lourds, à évacuer la place qu'ils infectent. Suivant M. Communeau, la combustion d'un kilogramme de houille dans un four d'appel force 134 kil d'air à sortir de la mine, et 134 kil. d'air pur à s'y précipiter: or, les meilleures machines soufflantes ou aspirantes sont loin de produire un semblable déplacement. M. de Cressac, ingénieur en chef des mines, m'a cependant assuré qu'il était parvenu à forcer le mauvais air et la fumée à sortir d'un puits, en faisant tourner le ventilateur dans le sens contraire, et il paraît qu'on emploie le même moyen dans la mine de sanguine de Katzenellenbogen dans la principauté de Nassau, où l'on se débarrasse du mauvais air par une ventouse aspirante.

Les fours d'appel sont peu dispendieux à

établir ; mais pour en tirer tout le parti possible, on doit tâcher de les doubler d'une chemise de brique, afin que l'air ne puisse pas pénétrer dans la chauffe par les crevasses des murs, qu'il faut bâtir avec du mortier de terre grasse et crépir extérieurement à

chaux et à sable.

On augmente leur énergie, en exhaussant la cheminée de quelques pieds et même de quelques mètres, ce qui suffit pour produire un tirage beaucoup plus fort et activer la combustion quand on vient à s'apercevoir le bois se convertit en charbon, la houille en coak, ou que l'on éprouve des difficultés à établir le courant.

que

Voici les dimensions des fours d'aérage que j'ai fait établir à l'orifice de plusieurs mines, et dont j'ai obtenu de bons effets.

Cendrier rond de 10 pouces de diamètre (0,27) et de 2 pieds (0,66) de haut jusqu'à la grille. Chauffe ronde du même diamètre que le cendrier, surmontée d'une petite voûte et d'une cheminée : hauteur de la chauffe depuis la grille jusqu'à la naissance de la cheminée, 18 pouces (0,50); diamètre de la cheminée, un pied à la base et 8 pouces au

sommet.

- Hauteur totale du four depuis le sol jusqu'à l'issue des fumées, 7 pieds (2TM, 33). Épaisseur des murs, 2 pieds, y compris la chemise de brique (0,66).

Porte de la chauffe, 9 à 10 pouces carrés,

Porte du cendrier, 18 pouces de haut sur un pied de large environ (0,50 sur 0,33).

Lorsque l'on brûle du bois bien sec ou de bonne houille, dont la cendre tombe à travers les barreaux de la grille, on peut charger le four par le haut de la cheminée au moyen d'un bout d'échelle et d'un petit échafaud, et cela évite d'ouvrir la porte et de recommencer à luter à chaque instant.

Ces fours, qui sont quelquefois remplacés par des grilles à feu, que l'on suspend dans un puits d'aérage, afin d'en échauffer l'air et de le forcer à circuler, présentent quelque danger, lorsqu'il s'agit d'absorber du grisou et que l'on a l'imprudence de placer ces foyers dans l'intérieur même des travaux; car il peut arriver qu'au moment où il passe sur la grille, il soit encore en assez forte proportion pour faire explosion et causer de grands accidens. M. Chevremont a paré à cet inconvénient, en plaçant en avant du foyer un châssis garni de toile métallique de la même finesse que celle des lanternes de Davy, ce qui s'oppose à la propagation de l'inflammation du gaz dans l'intérieur des travaux. Malgré cela, on doit s'empresser d'établir un aérage naturel par une bonne disposition des travaux et par l'ouverture de deux puits au moins, que l'on fait creuser à la fois, afin d'arriver plus promptement au but que l'on veut atteindre, et c'est là réellement ce que l'on peut appeler aérage, puisqu'il pro

duit son effet sans le secours d'aucune machine et que tous les autres moyens mécaniques ne sont que des palliatifs, dont les bons effets cessent tout aussitôt qu'on en suspend le jeu.

L'art d'aérer les mines et les houillères en particulier, consiste en premier lieu à diriger les travaux avec la plus grande régularité possible, à éviter les galeries tortueuses, et enfin à forcer le courant d'air atmosphérique qui se précipite par l'un des puits, à passer sur toute la surface de la taille qui est en exploitation, et où se trouvent réunis tout à la fois le plus grand nombre d'ouvriers, le plus grand nombre de lumières et la plus forte émission d'hydrogène. On y parvient en menant l'aérage vif et serré, c'est-à-dire en s'opposant à ce que le bon air que l'on introduit avec abondance ne vienne à se perdre et à s'éparpiller dans des fissures, que l'on a soin de boucher par l'estapage ou remblai soigné, qui se pratique avec intelligence dans les mines de Mons, du pays de Liége, du Hainaut, etc., et en obligeant l'air mêlé de grisou à sortir des travaux par le plus court chemin possible, en suivant une route par où les ouvriers ne sont plus forcés de passer. M. James Ryan, ingénieur de mines anglais, a imaginé un nouveau mode d'aérer les mines de houille qui sont sujettes au grisou;

1 Baillet, Journal des mines, n.o 18.

1

« PrécédentContinuer »