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car, ce gaz offrant beaucoup plus de danger que les autres, c'est au moyen c'est au moyen de s'en garantir que l'on s'est principalement attaché. Des hommes brûlés et étouffés par l'inflammation ou fracassés par l'explosion de ce fléau des mines, et ces catastrophes devenues si fréquentes, c'en était trop pour ne pas attirer les méditations et la sollicitude de ceux qui font le bien sans bruit et sans ostentation, et qui trouvent leur bonheur à faire celui des autres. Obligé par ma profession, dit M. Ryan, d'être fréquemment témoin de ces scènes de douleur, l'humanité me fit chercher de bonne heure à mettre à profit l'expérience que la pratique m'avait donnée, et les meilleurs moyens de prévenir des accidens si terribles dans leurs effets. Ce que je << propose est le résultat de treize années de méditations et de neuf essais rigoureux 1." Ici M. Ryan entre dans des détails très-multipliés avant de décrire son procédé, qui consiste à établir une galerie circulaire, supérieure à tous les travaux d'une mine quelconque, et à les faire communiquer avec cette espèce de chapiteau gigantesque à l'aide de cheminées ou de trous de sonde. Ce grand récipient communique lui-même avec deux puits qui débouchent au jour. On voit que cette méthode d'aérage est fondée sur ce que le gaz hydrogène carboné tend toujours, en raison de

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1 Extrait du Repertory of arts, 1818.

sa légèreté, à occuper la partie supérieure des travaux, et comme il n'est pas toujours aisé de déterminer rigoureusement dans une galerie quelle est la zone d'air dans laquelle on peut impunément porter la lumière, M. Ryan a obvié à ce grand inconvénient en préparant d'avance des issues à ce grisou et un lieu d'entrepôt, d'où il est aspiré par les puits d'aérage de cette manière les travaux en activité sont purgés du mauvais air et ne présentent aucun danger.

Malgré toutes ces précautions et tous ces moyens d'établir des courans d'air qui entraînent ou qui neutralisent le gaz inflammable ou le grisou des mineurs, il n'en est pas moins constant que dans une foule de circonstances il devient tout-à-fait impossible d'éviter sa présence, et avant que sir Humphry Davy eût inventé sa lampe de sûreté, on était réduit à porter le feu une ou deux fois par jour dans les lieux où le grisou s'accumulait, et cette opération périlleuse exigeait qu'un homme masqué et couvert de cuir, nommé pénitent en France et fireman en Angleterre, pénétrât, en se glissant à plat ventre jusqu'au milieu du danger, et déterminât de terribles explosions au moyen d'une lumière fixée à l'extrémité de plusieurs baguettes attachées les unes au bout des autres. Pendant fort long-temps on n'avait pas même imaginé le moyen d'allumer le grisou avec une détente et une amorce, en sorte que, si, par une cause quel

conque, on était obligé d'abandonner les travaux pendant quelque temps, le gaz s'y accumulait avec tant d'abondance qu'il n'était plus possible d'y porter le feu sans exposer les hommes et les travaux aux plus grands dangers: c'est cependant encore là le seul moyen préservatif employé dans quelques exploitations qui sont confiées à des mains engourdies, qui se cramponnent aux vieux procédés et qui repoussent obstinément ce qui est bon, par cela seul que c'est nouveau.

S. 20.

De la lampe de sûreté de M. Davy, perfectionnée par M. Chevremont.

La lampe ou plutôt la lanterne de sûreté du célèbre Davy, à qui les mineurs devront une reconnaissance éternelle, se compose, comme on le voit pl. XI, fig. 1 et 5, de trois parties distinctes.

1.o Le réservoir d'huile ou la lampe proprement dite;

2.° L'enveloppe de toile métallique en fil de fer ou de cuivre rouge, qui est imperméable à la flamme;

3.o La cage qui sert à fixer l'enveloppe avec le réservoir et à la garantir du choc, au moyen des cinq montans de fer et du chapeau de tôle qu'ils supportent. Cette lanterne est fondée sur cette observation, qu'un tissu métal

lique qui est assez fin pour contenir cent quarante ouvertures dans un centimètre carré, ou dont chaque maille n'a pas plus d'un vingtième de pouce de large, a la propriété trèsremarquable de ne point laisser passer la flamme à travers ses interstices, de sorte que, lorsqu'on porte une de ces lampes allumée au milieu d'une atmosphère composée de plus d'un treizième de gaz hydrogène carboné, et qui est alors susceptible de faire explosion, ce gaz entre dans la lanterne, peut s'allumer à la flamme de la lampe, rougir le tissu métallique sans que l'inflammation se propage en dehors. Mais la condition essentielle pour que cet effet ait lieu, c'est que l'espace dans lequel la flamme de la lampe est confinée ne communique avec l'atmosphère extérieure par aucune ouverture, aucune jointure ou aucune fente qui soit plus large que les mailles de la toile qui l'enveloppe, et c'est pour atteindre ce but et pour s'opposer à l'imprudence et à la témérité des ouvriers que l'on a été forcé d'apporter de légères modifications à la première invention de M. Davy, dont l'honneur ne lui en appartient pas moins en entier.

L'inspection de la planche qui représente cette lanterne avec tous ses accessoires, dispense d'entrer dans les détails relatifs à l'ensemble de l'instrument, que l'on fabrique maintenant à Paris, à Mons et dans la plupart des contrées où il existe de grandes ex

ploitations. Je ferai remarquer seulement que, la pointe de la flamme de la lampe attaquant fortement le sommet de l'étui de toile métallique, bien qu'il soit doublé dans cette partie, M. Chevremont fut conduit par l'expérience à renforcer cette extrémité par une doublure en cuivre laminé, percée de trous aussi petits que les mailles de la toile, et s'est assuré que ce perfectionnement empêchait que la lanterne se perçât dans cette partie et permit à l'inflammation du grisou de se propager, ainsi que cela arrivait après un usage de quelques semaines. Il appartenait à un praticien tel que M. Chevremont, ingénieur des mines des Pays-Bas, de perfectionner encore l'heureuse application que M. Davy a su faire aussi d'une propriété singulière du platine réduit en fil, et dont il a enrichi sa lampe de sûreté. Quand le gaz hydrogène carboné forme les deux cinquièmes de l'atmosphère des mines, les lampes s'éteignent et les ouvriers se trouvent plongés dans une obscurité profonde, qui peut causer des accidens. Pour parer à cet inconvénient, M. Davy imagina de suspendre dans l'intérieur de son tube de toile métallique un fil de platine tourné en spirale, qui, étant rougi par la flamme de la lampe, a la propriété

1 M. Rochette jeune, fabricant d'instrumens de physique, quai de l'horloge, n.o 81, à Paris, établit les lampes de Davy perfectionnées à raison de 8 francs, comme à Mons; mais à Anzin on les établit aujourd'hui à raison de 5 francs.

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