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saire

d'opérer la combustion lente des gaz inflammables avec une quantité d'air atmosphérique beaucoup moindre que celle qui est nécesfaire brûler la mèche. Le caloripour que, dégagé par cette combustion lente du gaz hydrogène carboné, maintient à la chaleur rouge le fil de platine, qui, dans cet état, répand assez de lumière pour que l'ouvrier qui est porteur d'une telle lanterne, puisse se diriger dans les galeries, et lorsqu'il arrive dans une atmosphère qui contient plus d'oxigène, la combustion du grisou recommence à être plus rapide dans l'intérieur du cylindre et la mèche se rallume spontanément. On ne pouvait faire une plus heureuse application de deux phénomènes qui semblent n'avoir aucun rapport entre eux, et qui, réunis par une main habile et savante, ont déjà probablement sauvé la vie à bien des mineurs et préservé plus d'une exploitation des désastres les plus affreux et les plus affligeans.

M. Chevremont a encore perfectionné la disposition de cette spirale de platine de manière à ce que l'on ne puisse point la déranger en nettoyant la cage de toile avec la brosse; de plus, ayant remarqué qu'un seul fil ne donne pas assez de lumière pour que l'on puisse se diriger avec sécurité dans les travaux souterrains, il est parvenu à se procurer assez de clarté en réunissant jusqu'à 8 fils de platine et les tournant tous ensemble en spirale. Ainsi la lampe de sûreté ou lan

terne de Davy perfectionnée, se compose aujourd'hui du corps de la lampe, garni d'un crochet avec lequel on peut élever, baisser et moucher la mêche, sans ouvrir l'enveloppe de toile métallique, dont l'extrémité supérieure est garnie d'une doublure en cuivre rouge laminé et convenablement percé; d'un petit réflecteur en fer étamé ou argenté, qui augmente l'intensité de la lumière, et enfin d'une spirale de platine, destinée à conserver de la clarté après que la lampe a été éteinte.

Dans l'origine on avait adapté en dehors du réservoir un tube par lequel on y introduisait l'huile sans ouvrir la cage; mais on a fini par le supprimer, après l'avoir plu

sieurs fois modifié: on avait aussi fermé les lampes, d'abord avec de petites serrures, ensuite avec des cadenas à la Regnier; mais on s'est arrêté à l'usage d'une vis longue, dont la tête carrée est enfoncée dans le réservoir et ne peut y tourner qu'au moyen d'une clef analogue à celles avec lesquelles on monte les pendules, et toutes ces précautions avaient pour but unique d'empêcher les ouvriers de se tuer en ouvrant la lanterne et rétablissant une communication entre le grisou et la flamme.

Comme la spirale de platine doit renchérir et compliquer cette lampe, je crois qu'il deviendrait superflu d'en adapter à toutes celles dont on se sert dans les mines; mais

il serait toujours bon d'en avoir quelquesunes destinées au service des places où l'on sait d'avance que l'air ne peut pas toujours entretenir la lumière.

Ce précieux instrument n'a pas été accueilli dans toutes les mines avec un égal empressement les mineurs surtout, qui sont ennemis des innovations quand elles s'éloignent de leur routine et qu'elles ne leur promettent de la sécurité qu'aux dépens d'un peu plus de peine ou de soin, ne l'ont adopté que par force, et l'ont rejeté pendant assez long-temps, sous prétexte qu'il ne leur donnait point assez de lumière; plusieurs ont été victimes de leur entêtement ou de leur mal-adresse, en parvenant à les ouvrir pour allumer leurs pipes ou pour toute autre raison; mais ils commencent cependant à en sentir tous les avantages; car cette lampe de sûreté est généralement adoptée en Angleterre, en Belgique, à Anzin, où il en existe plus de deux mille, et dans plusieurs autres contrées houillères où l'on est tourmenté par le grisou.

Le seul reproche qu'on puisse lui faire d'une manière fondée, c'est qu'elle exige beaucoup de soins et d'entretien; mais cette maind'oeuvre est plus que compensée par la sécurité qu'elle procure à ceux qui savent la conduire et l'apprécier, et par l'économie qu'elle apporte dans la consommation de l'huile, dont elle brûle beaucoup moins que les lampes ordinaires, surtout si l'on donne

la préférence à l'huile épurée dite à quinquet.

Le grand briquet, dont nous avons déjà parlé en traitant des différens moyens d'éclairage, n'était employé que dans les mines sujettes au grisou; mais on en fait peu d'usage aujourd'hui que l'on possède un moyen infiniment meilleur sous tous les rapports.'

S. 21.

Des appareils respiratoires.

Quand on veut pénétrer dans un puits ou dans une cavité quelconque pour en retirer un malheureux qui, en y entrant, a été frappé d'aphyxie, on peut à juste titre avoir la crainte d'éprouver un pareil sort, et cependant, comme nous savons tous aujourd'hui que l'on peut rappeler les noyés et les asphyxiés à la vie après plusieurs heures de cette mort apparente, on ne peut résister au désir d'arracher son semblable à une mort qui deviendrait certaine par un séjour plus prolongé au milieu du gaz méphitique.

Pilatre de Rosier, dont le nom se rattache

er

Voyez, pour tout ce qui a trait à l'historique, à la confection et aux différens usages de la lampe de Davy perfectionnée, ainsi que pour toutes les expériences qui en ont constaté l'excellence, le tome I. des Annales des mines, le tome VIII de la même collection, et surtout l'Instruction pratique sur l'emploi des lampes de sûreté, publiée par le directeur général des mines (Avril 1824): brochure qui a été adressée à tous les préfets et à tous les directeurs des mines.

d'une manière si douloureuse à l'histoire des aérostats, avait imaginé une espèce de masque ou de nez artificiel en fer-blanc, qui se fixait au-dessus de la bouche et qui s'attachait solidement à la tête avec une double courroie de cuir (pl. XXIX, fig. 3). Au moyen de ce masque, qui portait un tuyau de plusieurs mètres de long, fait en taffetas ciré et tenu dilaté par une spirale de fil de fer, cet homme ingénieux pénétra et circula, sans éprouver la moindre incommodité, dans une cuve de brasseur où il y avait 4 à 5 pieds de gaz acide carbonique au-dessus de sa tête; il y resta plus d'une demi-heure, tandis que des animaux qu'on y descendit tombèrent asphyxiés à ses pieds. Je l'ai vu se remuer dans tous les sens, dit Macquart, qui était membre de la commission chargée de suivre ses expériences, et rester plus d'une demi-heure dans ce gaz, où nous avons asphyxié une grande quantité d'animaux, et où il expirait facilement l'air gâté des poumons, tandis qu'il respirait l'air pur à l'aide du tuyau nasal; et c'est ce moyen très-simple, que l'on pourrait peut-être perfectionner encore, qui devrait être adopté pour sauver les victimes du mauvais air, sans s'exposer à lui en sacrifier de nouvelles. Mais voilà plus de trente ans que ces expériences sont faites; il n'y a peut-être pas de jour où il ne périsse quelque individu dans le mauvais air, et l'on n'a rien fait encore pour les sauver, même à Paris.

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