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Le masque de Pilatre de Rosier ne pourrait servir au reste que pour pénétrer à une très-petite distance du jour, car on saurait donner une bien grande longueur au tuyau de taffetas sans risquer de le déchirer ou de le plier, et dans l'un et l'autre cas il cesserait de remplir le but auquel on le destine.

L'appareil dont M. de Humboldt a fait usage dans les mines du Hartz permet au contraire d'aller porter du secours à une trèsgrande distance du jour, dans les galeries les plus longues et dans les puits les plus profonds. Il diffère du précédent en ce que le tube, qui dans ce cas est appliqué sur la bouche (fig. 2), communique à un réservoir d'air que l'ouvrier porte sur son dos, comme un sac de soldat, ou qu'il traîne après lui sur un léger chariot, dans le cas où il aurait besoin de séjourner et de travailler au milieu du mauvais air.

Lorsque le réservoir doit être porté à dos, on peut encore lui donner une capacité de 6 pieds cubes environ, ou 210 décimètres, savoir 3 pieds de long, 22 pouces de large et 14 pouces d'épaisseur, et l'on a calculé que ce volume d'air est à peu près celui qui est nécessaire à un homme pour respirer pendant quinze à seize minutes : dans la plupart des circonstances où il s'agit d'aller chercher un homme asphyxié au fond d'une mine, ce temps est plus que suffisant.

Suivant M. Communeau, un mineur use en vingt-quatre heures 19 mètres cubes d'air; sa transpiration en exige 181 mètres, et s'il brûlait un kilogramme d'huile, la combustion en absorberait encore 40 mètres cubes: total 240 mètres cubes, soit 10 mètres par heure.

Le réservoir doit être composé d'un sac de taffetas ciré bien souple, garni d'une tubulure à laquelle le tuyau vient s'adapter, et il doit être enfermé dans une espèce de cage d'osier, afin qu'il conserve la forme aplatie et qu'il soit à l'abri du choc et du froissement. L'homme qui veut faire usage de cet appareil pour descendre dans une mine remplie de mofettes, se l'attache sur le dos avec des courroies, applique ensuite et fixe sur la bouche l'embouchure en forme de portevoix, d'où part le tube qui va communiquer avec le réservoir. Ce tube, de 6 lignes (0,015) de diamètre, passe par-dessus l'épaule et n'a que 14 à 15 pouces de longueur (0,4 à 0,5). Enfin, cet homme accroche en avant de la boutonnière de sa veste une lanterne qui contient une lampe ou une bougie et qui reçoit l'air expiré par les poumons, qui est encore assez pur pour entretenir la lumière.

La figure 2 donne une idée de la disposition des tubes et de l'embouchure, garnie intérieurement de deux petites soupapes, qui jouent en sens inverse et de manière à ce que celle d'expiration, qui laisse passer l'air de la lanterne, se ferme quand celle d'as

piration vient à s'ouvrir. Les narines sont fermées au moyen d'une pince à ressort, afin d'empêcher toute respiration par le nez.

Comme on éprouverait beaucoup de peine à soutirer les dernières parties de l'air contenu dans le réservoir, on obvie encore à cet inconvénient en chargeant légèrement le sac d'air, de manière à ce qu'il s'affaisse de lui-même au fur et à mesure qu'il se vide. Malgré toutes ces précautions on doit bien. penser qu'un homme armé de la sorte éprouve toujours une certaine gêne, et qu'il ne pourrait continuer à respirer de cette manière sans éprouver quelque fatigue. Mais aussi on ne propose cet appareil que pour l'enlèvement des asphyxiés ou pour exécuter un travail pressé et de peu de durée. Nous ne saurions trop le recommander, non-seulement pour le service des mines, mais aussi pour celui des villes et des manufactures où les ouvriers sont exposés à l'asphyxie.

1 Voyez, pour de plus grands détails, l'instruction du docteur Macquart, Journal des mines, n.o 13, pag. 78. La description de deux machines destinées à conserver la vie des hommes et la lumière des lampes, etc., Journal des mines, n.o 47, et l'instruction publiée sur le même sujet par le conseil des mines en Avril 1824. Annales des mines, tom. X, pag. 1.**

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S. 22.

De l'emploi du chlorure de chaux pour l'assainissement des mines de houille qui contiennent de l'hydrogène carboné et autres lieux infectés de gaz méphitiques.

M. Fincham, fabricant de chlorures en Angleterre, vient d'employer le chlorure de chaux dans une mine de charbon pour détruire le gaz hydrogène qui s'y développait. Il fit répandre ce chlorure dans la mine de Bradfort, où les ouvriers ne pouvaient pénétrer qu'avec la lanterne de Davy. Un lundi les ouvriers pouvaient travailler sans accident avec la lampe ordinaire, quoique le gaz se fùt accumulé depuis le samedi. L'odeur du chlorure, que l'on avait répandu en excès pour épreuve, ayant rebuté les travailleurs, ils refusèrent de s'en servir, ce qui fut cause qu'un ouvrier qui pénétra imprudemment dans la mine avec une chandelle, détermina une explosion dont il mourut. M. Fincham fit répandre de nouveau chlorure à l'endroit même où l'accident était arrivé, et l'on y porta une chandelle sans qu'il se soit fait de nouvelle explosion. On ́continua à répandre du chlorure dans cette place, qui était la seule où le gaz se dégageait, et aucun accident n'eut lieu. Les expérien

ces avec le chlorure furent continuées plus tard avec le même succès.

Le curage des égouts de Paris a fourni un nouvel exemple de l'efficacité de ce précieux réactif pour l'assainissement des souterrains les plus infectés de gaz délétères.

Dans le curage de l'égout de la Roquette à Paris, qui eut lieu en 1826, on employa différens moyens d'aérage et de désinfection: la ventilation au moyen des fourneaux d'appel fut l'agent principalement employé, et cette ventilation a quelquefois agi à 138 et 145 mètres; mais on a remarqué ici, comme dans les mines, que ce genre de ventilation était d'autant plus efficace, que l'air mis en mouvement avait moins d'espace à parcourir. Parmi les agens chimiques, la commission avait d'abord pensé qu'en dégageant du chlore à proximité des ouvriers, de manière à ce qu'il leur fût apporté par le courant d'air que produisaient les fours d'appel, il les mettrait complétement à l'abri de l'action des gaz délétères; mais elle eut bientôt reconnu que ces vapeurs, lorsqu'elles sont trop abondantes, gênent la respiration des ouvriers, et qu'en passant dans la cheminée d'appel, elles éteignent le feu et arrêtent ainsi le courant d'air. On renonça donc à ce moyen, et ces fumigations furent bien plus utilement placées au-dessus du foyer même. De cette manière elles ne purent plus arrêter la combustion en se mêlant aux gaz que le feu n'a

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