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4. Incendies spontanés anciens et étendus; 5. Incendies d'une couche mince régulière ;

6. Incendies des mines en amas.

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1. L'incendie récent, causé par l'approche d'une lumière, d'un toc-feu, ou par l'inflammation du grisou, doit s'éteindre par étouf fement, c'est-à-dire en fermant toutes les issues qui peuvent lui donner de l'air, par un muraillement soigné, bâti en argile amaigrie par du sable et placé le plus près possible du lieu de l'incendie. Si le feu s'est déclaré dans un puits boisé, on s'en rendra maître en couvrant la bouche avec des madriers chargés de terre et de gazon, et si le puits est muraillé et qu'il y ait de l'eau au fond, il suffira de la laisser monter en suspendant les travaux pendant quelques jours; mais si, pour ralentir le feu, on veut intercepter l'air, il faut ménager une ouverture de quelques pouces, que l'on couvrira tout simplement d'un bout de planche, afin de donner issue à l'eau qui se réduira en vapeur dès l'instant qu'elle atteindra le feu.

2.° L'incendie ancien, causé par un accident dont on a conservé le souvenir, doit s'éteindre comme le premier, si l'on a la certitude que le feu a été mis accidentellement, et qu'il n'est pas probable qu'il se renouvelle c'est au directeur à disposer ses barrages ou ses muraillemens de manière à ne paralyser que la plus petite partie possible de son atelier;

car, pour obtenir un plein succès, il ne faut point être pressé de déboucher les issues que

l'on a fermées.

3.° L'incendie spontané récent doit s'éteindre plutôt par étouffement que par immersion, parce que l'humidité qui resterait après la retraite de l'eau, suffirait pour ranimer le feu, en activant la décomposition des pyrites, qui est toujours la cause première des incendies spontanés. Quand un tas de houille s'enflamme spontanément au jour, il suffit de l'étaler et de le retourner pour l'éteindre.

4. L'incendie spontané ancien et étendu. C'est le plus difficile à éteindre, et celui auquel il convient d'imposer des limites; car l'immersion aurait des inconvéniens graves, et l'étouffement est à peu près impraticable.

En effet, rassembler les eaux intérieures, en leur opposant des digues et des barrages qui les forcent à monter jusqu'au foyer de l'incendie, c'est s'exposer à des filtrations, et, qui plus est, à une inondation générale et désastreuse, dans le cas où une des digues viendrait à se rompre; car je suppose que les travaux inférieurs au foyer sont assez étendus pour mériter tous les soins des exploitans et toute leur sollicitude. Mais enfin, si l'on pouvait sans aucun inconvénient opérer l'immersion de toute la partie embrasée par la retenue des eaux souterraines ou par l'intermède de quelque cours d'eau de la surface, que l'on aurait amené dans les tra

vaux, je puis assurer que le feu se renouvellerait tout aussitôt que l'on aurait asséché les travaux, à moins cependant qu'il soit privé d'aliment, et qu'il ait achevé de dévorer tout ce qu'il qu'il pouvait embraser: et si cela était ainsi, à quoi donc aurait servi cette immersion et toute la dépense qu'elle aurait occasionée, puisque le feu se serait éteint de lui-même quelques mois plus tard.

Tous les soins doivent se borner, en pareille circonstance, à préserver les travaux inférieurs de la propagation du feu, et l'on y parvient en remplaçant la houille, qui pourrait amener le feu dans les puits, par un remblai ou estapage fait avec soin, dans lequel il n'entre que des grès, et dont on écarte tout schiste bitumineux susceptible de s'embraser; d'ailleurs on a remarqué que le feu tend beaucoup plus à s'élever qu'à se propager en profondeur, ce qui permet d'exploiter sans danger les couches de houille qui ne sont séparées des couches embrasées que par des bancs de grès et de schistes assez minces pour laisser passer la chaleur et filtrer des eaux excessivement chaudes; car il est reconnu depuis long-temps, que le feu n'attaque pas à plus d'un mètre de distance la houille laissée intacte dans la profondeur (Cordier): aussi plusieurs mines des environs d'Aubin, département de l'Aveyron, sont exploitées de cette manière, et jusqu'ici il n'en est résulté aucun inconvénient grave. On exploite même

au niveau de l'incendie, et les ouvriers ne se garantissent de son voisinage que par un faible enduit d'argile, qu'ils appliquent sur les points où le feu est à découvert.

5. L'incendie d'une couche mince et régulière. Quelle que soit la cause de cet incendie, on ne devra point balancer à lui fixer une part, en sacrifiant un massif de houille qui est naturellement limité par le toit et le mur, et que l'on circonscrira par une taille ou galerie basse de circonvallation, que l'on poussera sur 12 pieds (4 mètres) de large, en ayant soin de découvrir le toit et le mur jusqu'au vif, afin de bien s'assurer que l'on ne laisse point quelques veinules de houille en dessus ou en dessous; on estapera moitié de cette largeur avec des déblais, et de cette manière on arrêtera l'incendie sans autre sacrifice que le charbon abandonné à l'action du feu. Mais si la couche approchait de la verticale, on n'aurait d'autre parti à prendre que de la circonscrire par deux cheminées parallèles montant au jour, et par une galerie de direction qui irait d'un pied à l'autre de ces deux cheminées et que l'on remblayerait avec du grès ou du sable, si l'on en avait à proximité du chantier.

Dans tous les cas il faudrait s'attacher à bien découvrir la cause de l'embrasement, afin de tâcher de la faire disparaître, soit en débarrassant les travaux de tout le menu charbon, soit en les asséchant avec plus de

soin ou en adoptant un meilleur système d'aérage. C'est ainsi que M. l'ingénieur des mines Mathieu parvint à arrêter le feu qui dévorait les couches de lignites que l'on exploitait sans aucun art aux environs de la ville du Pont Saint-Esprit, département du Gard.

il

Il peut arriver que la présence d'une faille soit favorable et puisse aider à limiter l'incendie dans un sens, et dans ce cas il faut bien se garder de créer une barrière artificielle dans cette direction, quand même la faille se trouverait un peu trop éloignée; y aurait toujours économie à s'en servir. 6. L'incendie des mines en masses ou en amas. Celui-ci n'est point aussi facile à arrêter que le précédent; car si le feu vient à se déclarer à une certaine profondeur, on sera forcé d'isoler un massif de cinq côtés au moins et d'exécuter des remblais trèscoûteux et très-difficiles à établir. Je conseillerais donc, si le local le permettait et que les travaux inférieurs ne s'y opposassent pas, de tenter l'étouffement, et même l'inondation, avant de se déterminer à faire la part du feu, qui présente véritablement d'assez grandes difficultés. On a essayé vainement, pendant trente ans, d'éteindre le feu des travaux de la Garde près Rive-de-Gier. Il arrive rarement que la houille en place s'embrase naturellement, le feu y est presque toujours apporté par du menu charbon, , que l'on abandonne d'autant plus volontiers qu'il

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