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que

en effet, si l'on n'avait pas le plan, on croirait la Sainte-Barbe et la Louise se communiquent et traversent le puits, et cependant elles en sont bien loin; on n'aurait pas une idée juste du développement de la Royale et de la Caroline, qui ne sont là qu'en raccourci, etc. Cela est si vrai que l'on conseille généralement de faire deux coupes des mines, l'une dans le sens de la direction, et l'autre dans celui de l'inclinaison, et quand les travaux sont très-multipliés, que les gîtes que l'on exploite sont irréguliers, on est souvent obligé, pour éviter la confusion, de dresser des plans séparés de chacun des étages: le nom et les couleurs que l'on répète sur les deux projections, facilitent, il est vrai, et aident beaucoup à l'intelligence des plans, mais ils ne suffisent pas toujours; on ne saurait rien voir en ce genre de plus satisfaisant et de mieux entendu, que les plans de mine qui sont gravés dans le magnifique atlas de la Richesse minérale de M. Héron de Villefosse, et en cela, comme en beaucoup d'autres choses, on ne pourrait choisir un meilleur modèle.

On n'est pas dans l'usage de représenter les objets de la surface sur les plans de mine: je conviens que c'est une espèce d'anachronisme; mais néanmoins je suis d'avis qu'il y en a de certains que l'on doit y faire figurer, afin que l'on soit toujours en garde, et que l'on n'en approche jamais assez pour nuire

à leur solidité, si ce sont des routes ou des édifices, ou pour éviter les filtrations, si ce sont des ruisseaux ou des fontaines. On voit par exemple pl. XXX, qu'il eût été fort dangereux de prolonger la galerie Julie, puisqu'elle aurait infailliblement introduit les eaux du coly dans les travaux, etc. Or, si le plan n'offrait pas à chaque instant l'image de ce dangereux voisinage, on pourrait peut-être venir à l'oublier, surtout si l'établissement changeait de directeur ou de maître mineur.

C'est encore dans les mêmes vues que je conseille à mes confrères de figurer à la surface des terrains toutes les extrémités des principales galeries, dont ils continuent l'avancement avec des jalons ou voyans blanchis ayant la forme d'un index (pl. XXXI, fig. 3), et de les avancer chaque mois, dans la même direction que l'on a suivie, de la même quantité de mètres que l'on a exécutés, et en tenant compte de la pente extérieure ou de celle des travaux. De cette manière, et en se plaçant sur un point bien choisi, on se figure l'ensemble de ses travaux par rapport à la surface, et l'on sait toujours à point nommé sous quelle propriété l'on travaille, de quelle concession l'on s'approche le plus quand on a des voisins, si l'on marche contre un terrain qui se montre différent à la surface, etc. toutes choses fort essentielles à bien connaître, et qui ne demandent que quelques instans tous les mois, en même temps

que

l'on mesure l'avancement et que l'on met le plan à jour, chose que l'on ne doit pas négliger et qu'il ne faut ne faut pas laisser arriérer.

L'Administration a conseillé aux directeurs l'usage des plans maillés, et c'est une trèsbonne chose, que j'ai adoptée depuis longtemps; cela est fort commode pour la correspondance, soit avec l'ingénieur du département, soit avec son Administration, qui doivent avoir un double des plans. Je suppose, par exemple, que la galerie Caroline ait été faite dans l'année, et que vous désiriez donner une idée juste de sa figure et de sa direction; il vous suffira d'envoyer le carré de mailles compris entre G 2, K 2 (pl. XXX), pour qu'on puisse la mettre exactement à sa place sur le plan qui ne la contiendra point encore. Ce sont des longitudes et des latitudes, à l'aide desquelles on s'entend sans périphrase: ainsi, par exemple, l'on dira que la croix de fer A se trouve à l'intersection de la ligne N avec la ligne 3, et on la placera sans hésiter et d'une manière précise, quand bien même les plans de votre correspondant ne seraient pas sur la même échelle que le vôtre.

Le plan idéal et très-simple que je donne ici pour exemple, est celui d'un filon dont la direction représentée par la galerie Royale est à peu près du nord au sud, qui s'enfonce à l'ouest et dont l'affleurement devrait être à l'est dans le lit du coly: à l'extrémité de la galerie Sainte-Barbe il se serait trouvé un

renflement qui aurait motivé cette chambre circulaire, et la galerie Caroline aurait été poussée sur une branche accidentelle, tandis que la Louise, la Julie et la Sainte-Barbe auraient suivi le filon principal dans le sens de son inclinaison.

Les plans de houillères sont généralement plus réguliers, et comme l'exploitation se fait

ordinairement par tailles ou par chambrées,

ils présentent de grandes places exploitées, qu'on trouve rarement aussi étendues dans ceux des mines métalliques.

J'ai vu des plans de houillères où les travaux seuls étaient figurés en blanc et où les massifs étaient réservés en noir; c'est peutêtre plus exact à la rigueur que de faire l'inverse; mais cette méthode a le grand inconvénient de ne pouvoir représenter les accroissemens successifs des travaux, parce que les parties où il faudrait les tracer, sont colorées en noir. Tels sont les plans des houillères de Liége, gravés dans l'ouvrage de Morand, et tels étaient aussi les anciens plans des houillères de l'Allier que j'ai vus à Fins en Bourbonnais.

Donner une idée juste de la figure et de la disposition relative des différens travaux d'une exploitation, n'est pas, à beaucoup près, tout le parti qu'on peut tirer d'un plan de mine; il est une foule d'autres services qu'il nous rend journellement, et qui nous seraient absolument refusés, si l'on négligeait de le

dresser avec exactitude. On peut s'en servir comme d'une carte géographique, pour connaître la distance d'un point à un autre: ainsi je suppose, par exemple, que l'on ait intérêt à savoir quelle différence de hauteur il y a entre l'entrée de la Caroline et la chambre de la Sainte-Barbe entre e et 8; le compas ouvert de 8 à e' vous apprendra qu'il y a 18 mètres, et une autre ouverture, portée de e en e' vous apprendra, en se servant de l'échelle, qu'il y aurait 75 mètres de galerie à percer pour arriver perpendiculairement au-dessous de cette excavation et suivant telle direction.

Je suppose que la Caroline débouche au jour dans un profond ravin et que l'on veuille profiter de cette circonstance pour évacuer les eaux du puisard au lieu de les monter à grands frais avec des tines ou autrement; on mesurera cette distance avec le compas sur le plan et non pas sur le coupe, et l'on trouvera ce qu'il y aurait de mètres de galerie à percer, pour arriver à ce point, dont on connaîtra par le même moyen la hauteur par rapport à la Caroline, qui devrait être de niveau, ou un peu plus basse, pour remplir le but qu'on se propose. Je pourrais ajouter une foule d'autres circonstances où les plans et les coupes des mines sont indispensables; car bien qu'une grande partie de ces problèmes puissent se résoudre par le calcul et à l'aide des tables des logarithmes et des sinus, il en est

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