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bonatée spathique, la chaux fluatée, forment les gangues les plus ordinaires des minerais de plomb, de cuivre, de zinc et d'argent; mais on trouve une infinité de filons de quarz, de baryte, de calcaire et de fluor qui sont stériles: ce ne sont donc point encore des indices certains.

Quels sont donc ces indices qui ne laissent aucun doute, et qui donnent toute sécurité à celui qui les a rencontrés? Hélas! il en est fort peu, et à dire vrai, les indices certains de l'existence de la houille et des minerais ne sont autres que la présence de la houille ou des minerais eux-mêmes à la surface de la terre. Ce sont les affleuremens qui se montrent naturellement dans les ravins, les carrières, la berge des torrens, les parois des roches escarpées, ou qui se découvrent audessous du gazon par le travail de la bèche ou de la charrue. La plantation d'un arbre, un défrichement, le fossé d'une route ou la fondation d'un édifice, suffisent parfois pour mettre au jour le sujet d'une vaste entreprise. Cependant, et je m'empresse de le dire, ces indices, tout certains qu'ils sont et tout en démontrant la présence d'un minerai utile, ne doivent autoriser que des recherches faites avec sagesse et réserve; car ils ne démontrent pas d'une manière absolue qu'il existe là une quantité suffisante de minerai ou de combustible pour motiver de grandes dépenses. Un fragment de cuivre gros comme une noisette

suffit pour couvrir tout un rocher de vert de gris. Une veinule de charbon de quelques pouces d'épaisseur peut, en s'éparpillant, noircir un espace de quelques pieds. Il faut faire piocher au vif et y regarder de près. Ce n'est qu'à l'aide de travaux réguliers et toujours assez coûteux que l'on acquiert de la sécurité et que l'on peut apprécier la puissance, la richesse et la constance d'un gîte de minerai quelconque. Il arrive même assez souvent que l'abondance du minerai diminue en profondeur, ou disparaît complétement à quelques mètres du jour, et c'est alors que l'on regrette les dépenses prématurées, les bâtimens de luxe, les maisons de direction désormais sans but, et tous ces frais d'état-major et d'administration dont il faut toujours débarrasser les exploitations naissantes. Quelques baraques en bois, un bon maître mineur, et voilà tout; car les avis de l'ingénieur du département suffisent pour les premières recherches, et l'on ne doit appeler un directeur, un homme de l'art, qu'à l'instant où les premières attaques ont autorisé des travaux de quelque importance, dont la mauvaise exécution pourrait compromettre la fortune de l'entrepreneur ou l'existence de la mine elle-même.

Ainsi, je le répète encore, l'indice certain d'un minerai ou d'un combustible n'est autre chose qu'un affleurement, c'est-à-dire la partie visible au jour d'un filon ou d'une couche

qui se montre à la surface de la terre, et qui peut faire penser avec raison qu'il existe audessous une certaine quantité de telle ou telle substance minérale utile.

L'affleurement d'une couche de houille, pour qu'il puisse inspirer quelque confiance, doit s'offrir sous la forme d'une bande noire d'une certaine épaisseur, droite et bien réglée, et non sous celle d'une veine contournée et irrégulière. Les rognons de houille grasse et brillante qui se trouvent çà et là dans le grès houiller, ne sont pas des affleuremens et ne doivent point entraîner à des recherches coûteuses; mais dans tous les cas on doit bien se persuader qu'il faut beaucoup de temps, d'argent et de constance pour découvrir les mines. Celles d'Anzin en sont un exemple. 1

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1 En 1716, M. le V. Désandroun, né Belge, et qui faisait exploiter des mines de houille dans les environs de Charleroy, vint faire des recherches dans le Hainaut français, et s'en occupa sans relâche; mais les obstacles se multiplièrent sous ses pas, et quoique le Gouvernement lui eût accordé, en 1720, des secours pécuniaires, ce ne fut qu'au bout de dix-sept années de travaux et après avoir creusé en vain quatorze puits, après avoir été abandonné plusieurs fois par ses associés et obligé de former de nouvelles compagnies, après avoir luimême sacrifié à cette entreprise une grande partie de sa fortune, qu'il découvrit enfin, le 24 Juillet 1734, sur le territoire d'Anzin, une très-belle couche de houille de la meilleure qualité, qui a donné naissance à l'exploitation la plus vaste, la plus riche et la plus importante de toutes celles qui existent en France.

S. 2.

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Disposition des minerais et des combustibles dans l'intérieur de la terre. Couches. Filons.- Veines. Stockwerks. -Amas. Nids et Rognons.Failles. Renflemens, Rétrécissemens. Brouillages et autres accidens. Les minerais et les combustibles se trouvent dans l'intérieur de la terre dans différentes dispositions, c'est-à-dire que ces substances utiles forment des couches, des filons ou des amas, et ce sont ces différens gites, leurs modifications et les accidens qui les dérangent, que nous allons successivement examiner.

La plupart des montagnes sont composées de roches qui semblent avoir été déposées par assises plus ou moins épaisses, qui se distinguent à l'oeil, soit par la différence de leur couleur ou de leur contexture, soit par une légère solution de continuité, et ce sont ces différentes assises parallèles que l'on nomme couches ou bancs.

Les couches sont superposées les unes aux autres; les plus anciennes sont par conséquent les plus basses et les plus profondes, car chacune d'elles est le résultat d'un dépôt; aussi leur nature est souvent très-différente, quoiqu'elles soient en contact immédiat. C'est ainsi que la houille, qui se trouve ordinairement en couches, repose sur du grès et est recou

verte par de l'argile; que le lignite, qui se trouve aussi en couches, est recouvert par de la pierre à chaux ou de l'argile, etc.

Un nombre infini d'observations faites sur tous les points du globe, ont prouvé d'une manière certaine que tel terrain ne se trouve jamais sous tel autre; d'où l'on en a tout naturellement conclu que celui qui se trouve constamment au-dessous, a été déposé avant celui qui est au-dessus, et qu'il est plus ancien. Or, ceci se rattache directement à l'art des mines, car il résulte de ces observations que ce serait une folie, par exemple, de chercher à traverser le granit, dans l'espérance de trouver du terrain houiller au-dessous, puisque jusqu'à présent le granit1 proprement dit a toujours été trouvé recouvert par tous les autres terrains et n'en a jamais recouvert aucun c'est la roche primitive par excellence.

Ce serait encore une autre folie que de chercher de l'étain dans les montagnes qui renferment des coquilles fossiles; puisque l'on n'a jamais trouvé ce métal que dans les terrains anciens, qui ont été formés bien

1 Je ne puis que citer les roches et ne puis les décrire; car elles sont composées de minéraux qu'il faudrait faire connaître aussi, et cela nous jetterait dans la minéralogie proprement dite, dont je suppose que les directeurs de mine se sont occupés; dans le cas contraire je les renvoie à mes Élémens de minéralogie, , parce que je crois que c'est jusqu'à présent l'ouyrage le plus facile à entendre.

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