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TRAVAUX DE RECHERCHE.

Les travaux de recherche ne sont pas partout les mêmes une couche ne s'attaque point comme un filon; la plaine et la montagne exigent des travaux différens, et ce sont les circonstances locales qui déterminent tel ou tel travail.

Si, par exemple, on a découvert dans la berge ou le lit d'un ruisseau qui coule dans une prairie, quelques indices d'une couche de tourbe, il suffira, pour s'assurer de son épaisseur et de son étendue, de faire faire des trous de distance en distance, dans toutes les parties de la prairie, soit tout simplement avec la bêche, soit avec une tarière analogue à celle dont on fait usage pour élargir les corps de pompe ou le moyeu des roues. On trouvera donc cet outil chez les pompiers et chez les charrons; car, n'ayant à traverser que des substances tendres ou friables, il ne faut point avoir recours à la sonde de mineur, dont nous parlerons bientôt. Si, après avoir déterminé l'épaisseur et l'étendue de cette couche de tourbe, on tient à s'en procurer quelques charretées pour essai, on de-, vra faire une tranchée longue et étroite, et la disposer de manière à ce qu'elle serve de saignée à la prairie, afin que, s'il arrive que l'on ne donne point de suite à cette recherche, le travail que l'on aura fait tourne à l'avantage et à l'amélioration de la surface;

car il faut bien se garder de froisser et de détériorer la propriété territoriale, cette mère de la patrie, qui est d'un tout autre intérêt et d'une tout autre importance que l'industrie minérale. Ne perdons jamais de vue cette grande vérité, et avant de bouleverser un champ, d'arracher une vigne et d'abattre un arbre en plein rapport, examinons avec soin s'il n'y aurait pas moyen d'éviter tous ces dégâts, qui, bien que payés au propriétaire ou au fermier, n'en tournent pas moins au préjudice de la masse des con

sommateurs.

La recherche par tranchée est la plus simple et la moins coûteuse; mais aussi elle apprend fort peu de chose pour tout autre minerai que la tourbe. Cependant il devient quelquefois nécessaire de la pratiquer dans les pays de plaines où la direction des couches est cachée par la culture. Dès-lors il suffit ordinairement de deux fossés qui se croisent sous un certain angle qui varie avec l'inclinaison des couches, pour acquérir la connaissance de leurs pentes et de leur direction; données qui sont indispensables au placement d'un puits de recherche. Afin d'éviter les indemnités et de faire moins de dommages, je conseille de jeter la terre végétale sur l'un des bords du fossé et les déblais sur le côté opposé; de cette manière, quand on en reviendra à combler les tranchées, on pourra jeter les déblais au fond, la bonne

terre en dessus, et l'on n'aura fait aucun mal.

Si l'on est dans un pays de montagnes, l'on pourra presque toujours faire les premières recherches par galerie, soit que l'on attaque directement la couche ou le filon qui se montrent au jour, soit qu'on ne doive les recouper qu'à une certaine distance. Dans tous les cas on devra toujours se placer vers la partie la plus basse et la plus voisine du gîte que l'on veut attaquer, afin de la reconnaître sur un point qui n'ait pu être altéré par l'influence de l'air extérieur, et de s'assurer un écoulement facile pour les eaux souterraines, que l'on est à peu près certain de rencontrer; enfin, pour assécher toute la partie du filon ou de la couche qui se trouve au-dessus de la galerie, qui devient tout à la fois galerie de recherche, d'écoulement et d'extraction, cette portion du gîte qui est supérieure à l'attaque devant être exploitée dans la suite en allant de bas en haut, ainsi que nous le dirons en parlant de l'exploitation proprement dite.

Comme il arrive très-souvent que l'on est obligé de se placer dans une gorge étroite qui sert de lit à un torrent, il faut avoir grand soin de ne commencer l'entrée de la galerie qu'à quelques mètres au-dessus des plus grandes eaux; car il ne faut pas oublier que les déblais qui proviendront du travail, se déposeront dans le lit du torrent, qu'ils lui for meront une digue qui élèvera les eaux mo

mentanément, et qu'elles inonderaient les travaux, si l'on n'avait pas prévu cela d'avance.

Ce tas de déblais, que l'on nomme décharge, peut, il est vrai, se disposer de manière à éloigner les eaux, et à former une plateforme en avant de la galerie, qui n'est point à dédaigner, et qui peut devenir fort utile pour le triage du minerai, pour la préparation des cadres, etc.; il n'est donc pas indifférent de placer les déblais au hasard, puisqu'on peut en tirer parti pour la commodité du chantier.

Si c'est un filon presque vertical qui soit le sujet de l'attaque, et que la roche soit solide au toit, comme au mur, on devra faire une galerie haute et étroite, mais de manière cependant à ce qu'elle ait 1",15 de large au sol, entre les bois, afin que le passage des brouettes soit facile.

Si le filon lui-même n'est point ébouleux, ou si la galerie se pousse à travers la roche, pour aller recouper le gite à une certaine distance, on devra travailler en voûte de cloître (pl. VI, fig. 1), et commencer la naissance de l'ogive un peu au-dessus des coudes de l'ouvrier. Cette forme, qui produit le moins de déblais possible, soutient parfaitement la roche qui n'est fendue que par grands quartiers et peut éviter l'emploi du boisage.

Si le filon est pourri et ébouleux, et que la roche soit solide au toit et au mur, le boisage se composera d'un seul chapeau serré

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dans la roche. Enfin, suivant sa consistance, on adoptera le demi-boisage, le boisage simple ou le boisage complet, qui seront décrits au chapitre consacré à la conservation des hommes, des travaux, et qui sont figurés pl. VI. Cette galerie de rabais, qui pourra servir à assécher les travaux pendant plusieurs années, devra nécessairement avoir une légère pente du dedans au dehors, mais il n'en faut pas donner trop; car si l'on montait rapidement, le sol se trouverait bientôt au-dessus du haut de la porte, et l'air circulerait mal, s'échaufferait considérablement et finirait par éteindre les lampes deux millimètres par mètre de pente suffisent à l'écoulement des eaux.

Si la roche est dure et unie au sol, la trace des brouettes sert de rigole pour le commencement; mais si la roche est tendre et boueuse, il faut tracer une rigole soit sur un des côtés de la galerie, soit au milieu, et dans ce cas elle est couverte par la planche qui sert au roulage.

Si l'eau ne charie pas trop de boue, il n'y a point d'inconvénient à placer le canal sous la planche de roulage; mais si elle est sale, il faut le jeter sur un des côtés, afin de pouvoir le curer facilement, sans interrompre la circulation des rouleurs.

Si l'on attaque une couche peu épaisse et qu'elle soit recouverte par une roche dure et peu cassante, il faudra éviter d'arracher le toit.

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