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beaucoup de son estimation. Maintenant il est prouvé qu'un puits d'extraction de 100 pieds de profondeur, de 9 pieds sur 6 (3TM sur 2), parfaitement boisé, garni d'une cloison, d'échelles, et desservi par une machine à molette de deux chevaux, coûte, tout compris, 7,000, dans un pays où la journée du mineur est de 2 50o. Si l'on réduit ces dimensions à celles d'un puits d'épreuve de 6 pieds sur 4. (2 sur 1,50), on l'obtiendra facilement pour 3,5001; mettons 4,000. Ce puits de

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petite mesure se foncera facilement en trois mois, et je crois que les trois coups de sonde, y compris les deux déplacemens et les trois installations, en demanderont bien à peu près autant: on voit donc qu'il y a égalité de temps et de dépenses. Maintenant je veux admettre que l'on se soit procuré une des sondes du Gouvernement, et que les trois coups de sonde ne coûtent, tous frais faits, que 3,000; je demande quel est l'exploitant ou le simple explorateur qui ne préférera pas dépenser 500 de plus ou même 1000, et avoir un puits dans lequel il pourra descendre à chaque instant, voir et toucher chaque couche à mesure qu'on les découvre, comparer les roches que l'on traversera avec celle d'une autre localité ou d'une autre mine? Quel est celui qui ne préférera pas, dis-je, un pareil travail à celui d'un malheureux trou de sonde de 3 à 5 pouces de diamètre, dont on n'aura jamais retiré que de la boue, dont on ne

peut véritablement vérifier l'exactitude qu'en en recommençant un autre à côté, et le tout pour n'acquérir qu'une connaissance bien imparfaite et bien douteuse de la puissance et de la constance des couches que l'on cherche à connaître: je dis, douteuse et imparfaite, parce que le minerai qui fait l'objet du sondage, n'arrive au jour que pulvérisé et dénaturé; car on ne peut se dispenser de tenir de l'eau au fond du trou, pour empêcher que les outils ne se détrempent en s'échauffant.

Retards et accidens.

Je n'ai point encore énuméré toutes les petites difficultés dont j'ai parlé au commencement de cet article; voici les principales:

A mesure que le trou s'approfondit et que les alonges se multiplient, l'obligation où l'on est de visser et de dévisser les boulons toutes les fois que l'on veut changer d'outil, placer et retirer la curette, qui parfois n'apporte rien; cette obligation devient un travail long et fastidieux, bien que l'on ne soit pas obligé de dévisser toutes les alonges, et que l'on soit même parvenu, au moyen d'un mât dressé près de la chèvre, à sortir d'assez grands bouts d'une seule pièce, ainsi que M. Baillet l'a annoncé à la Société d'encouragement.

Le curage présente des difficultés: si le déblai est trop clair, trop liquide, il ne tient

point dans la curette; on est obligé d'avoir recours à une espèce de tarière fermée jusqu'à la moitié de sa hauteur, qui enlève d'abord ce qui est le plus liquide, et d'achever ensuite avec la tarière semi-close, que l'on substitue à la première. Les sables mouvans, les argiles tenaces et les cailloux, présentent des difficultés d'un autre genre.

Le corps de sonde se brise souvent dans le trou; on le retire assez facilement avec la cloche d'accrocheur, dont l'intérieur est conique et d'acier taraudé, ou bien avec le tirebourre simple ou double, dont l'intérieur est coupant; mais cet accident, qui n'est certainement pas sans remède, apporte du retard et un surcroît de dépense.

Le battement de la sonde, qui communique des secousses continuelles à tous les écrous, finit quelquefois par dévisser ceux dont le pas s'est émoussé ou qui ne sont point parfaitement serrés avec la clef, et quand un écrou ou un boulon vient à tomber au fond du trou, il est très-difficile de l'en retirer, surtout quand on est sur un banc de roche dure. J'ai vainement essayé de ramener un écrou qui s'était ainsi détaché; mais comme j'étais sur un banc d'argile schisteuse, on parvint, à force de le battre, à le faire glisser de côté, où il s'incrusta si fortement qu'il ne retomba jamais.

Si par négligence ou par faute d'expérience les ouvriers laissaient la sonde dans

son trou du samedi soir au lundi matin, il pourrait arriver qu'il serait impossible de la retirer; elle peut se rouiller- et s'attacher si fortement dans un déblai humide et visqueux, que l'effort du tour est impuissant, et que les meilleurs câbles se rompent. On fut obligé d'en abandonner une aux environs de Paris, et un autre exemple s'est passé sous mes yeux, pour un morceau de sonde brisée que l'on négligea de retirer et que l'on fut forcé d'abandonner, quoique la cloche d'accrocheur eût bien fait son service,

Surveillance.

Enfin, il faut ajouter à toutes ces causes accidentelles qui apportent du retard dans le sondage et qui en augmentent la dépense, l'obligation d'une surveillance de tous les momens, tant pour pouvoir apprécier les changemens successifs et souvent peu durables qui surviennent dans la nature des roches, que pour se garer de la supercherie ou de la malveillance des ouvriers, qui pourraient introduire dans le trou de sonde, pour le rapporter ensuite, quelques poignées de la substance qui fait l'objet de la recherche, afin d'encourager à de nouveaux travaux et de s'assurer de l'ouvrage pour plus longtemps, ou enfin d'y laisser tomber à dessein quelques cailloux ou pièces de fer, qui pourraient dégoûter l'entrepreneur par la diffi

culté de les retirer. C'est pour obvier à tous ces inconvéniens que l'on doit boucher le trou de sonde avec un tampon et fermer la trappe par dessus et à clef, toutes les fois que l'on suspend l'ouvrage ou que le surveillant est forcé à s'éloigner. Cette trappe, qui ferme à deux battans, doit être abattue pendant que l'on travaille, parce qu'elle porte une échancrure qui donne passage à la sonde, et l'on doit encore par précaution entourer la tige d'une rondelle de cuir ou de feutre qui hausse et baisse avec elle, et qui s'oppose à l'introduction de tout corps étranger dans le trou c'est surtout pendant que l'on visse et dévisse les boulons qui sont glissans et couverts de boue que la rondelle doit être appliquée sur les échancrures de la trappe.

Tous ces petits soins, toutes ces entraves, sont peu importans, j'en conviens; mais ils se multiplient de plus en plus, à mesure que le trou de sonde acquiert de la profondeur, et le changement d'outil ou le curage, qui s'exécute en quelques minutes quand on n'est qu'à une dizaine de mètres, exige des heures entières quand on arrive à cent ou deux cents mètres.

Cas incertains.

Comment le travail de la sonde pourra-til déterminer si c'est une couche ou un amas qu'elle aura traversé?

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