Images de page
PDF
ePub

Comment, à moins de répéter trois fois le même sondage, pourra-t-on déterminer l'inclinaison et par conséquent la direction de la couche que l'on aura rencontrée1?

Comment peut-on déterminer si le terrain que l'on sonde est régulier ou si c'est un brouillage, si la couche se replie plusieurs fois sur elle-même?

Comment pourra-t-on s'en apercevoir par l'inspection du déblai du toit et du mur, qui ne sortira que sous la forme d'une pâte argileuse, dont la cassure, l'aspect et la consistance auront tout-à-fait disparu?

Comment pourra-t-on vérifier le point d'un sondage sur lequel on aura conçu quelque doute, si l'on n'a pas fait exécuter d'avance le vérificateur de M. Baillet, instrument fort ingénieux sans doute 2, mais qui ne fait point ordinairement partie des outils accessoires de la sonde, soit qu'on en ait trouvé le prix trop élevé, soit que les ouvriers n'aient jamais eu l'adresse de s'en servir avec avantage?

A ces objections l'on opposera des faits, et l'on dirá que l'on sonde très-bien en Angleterre; qu'il y a des gens qui font métier de sonder le domaine des grands propriétaires, pour s'assurer s'il ne recèle point de la houille;

▲ Voyez la formule propre à déterminer la direction et l'introis clinaison d'une couche minérale reconnue par coups sonde. Lamé, Annales des mines, tom. IV, 81. pag.

de

2 Figure et description de cet instrument, Journal des mi

nes, n." 56.

que l'on commence à bien sonder en France, et que la plus belle découverte minéralogique qui ait été faite dans ces derniers temps (la mine de sel gemme de Vic, département de la Meurthe), a été faite au moyen de la sonde, que l'on employait, il est vrai, pour rechercher de la houille, et qui a démontré l'existence de plus de 80 pieds d'épaisseur de sel gemme, où l'on ne connaissait encore que des sources salées. L'on dira que les sondeurs attachés à l'inspection des carrières sous Paris et ceux de la ci-devant province d'Artois surtout, sont d'une habileté reconnue; mais je répondrai que les sondeurs de Paris et de Calais n'ont ordinairement d'autre but dans leurs travaux que la recherche des eaux, et cette heureuse application du travail de la sonde ne présente pas les mêmes difficultés que celles qui sont attachées à la reconnaissance de la nature des roches qui constituent la masse solide de cette faible épaisseur du globe qu'il nous est permis d'explorer.

Cas où la sonde peut et doit étre employée avec succès.

Avant de passer à la recherche des eaux, disons encore que la sonde ne peut être employée avec avantage que dans les cas suivans: 1.o Dans les terrains dont les couches sont bien réglées;

[ocr errors]

2. Pour déterminer l'épaisseur du terrain

ך'

qui recouvre une formation plus ancienne que lui;

3. Pour s'assurer si une couche que l'on exploite et dont on connaît l'inclinaison, se retrouve et persiste encore à une distance donnée;

4. S'il existe de la tourbe au-dessous des terrains d'alluvion qui forment le fond d'une vallée ;

5. Si un amas que l'on exploite se prolonge à telle ou telle distance;

6. Si un filon bien caractérisé, qui est stérile au jour, donne du minerai à une certaine profondeur;

7.° S'il n'existe point quelque couche de fer limoneux au-dessous de celles que l'on se contente d'exploiter jusqu'à présent;

8. Enfin, pour aider à l'aérage des travaux infectés de mofettes, et pour aller à la recherche des vieux travaux inondés dont on ne connaît pas parfaitement la position, ainsi que nous le dirons d'une manière plus détaillée en parlant de l'aérage et de l'asséchement des mines dans le chapitre qui est consacré aux moyens employés pour la conservation des hommes et des travaux.

De la recherche des eaux souterraines au moyen de la sonde. Des puits artésiens ou fontaines jaillissantes.

Si je ne suis pas très-partisan de la recherche des mines au moyen de la sonde, et si

[ocr errors]

j'ai placé ce mode de recherche en dernière ligne, comme étant le moins satisfaisant de tous, à mon avis, je pense tout différemment par rapport à la découverte des eaux souterraines, bien qu'elle présente aussi de grandes difficultés à vaincre; mais au moins on ne peut pas rester dans l'incertitude, et jusqu'ici le sondage est le seul moyen de ramener à la surface de la terre ces sources abondantes qui circulent dans ses entrailles, et qui sont appelées à féconder et à embellir les campagnes les plus stériles et les plus mal

arrosées.

La première idée de créer des fontaines jaillissantes appartient aux Français; elle fut mise à exécution dans l'Artois, d'où est venu le nom de puits artésiens, qu'on leur donne ordinairement, et c'est encore a un ingénieur français, M. Garnier, que l'on doit un bon traité sur l'art du fontenier-sondeur, qui a remporté le prix proposé par notre excellente Société d'encouragement.

Cette découverte est donc toute française, et quoiqu'on l'ait exportée de l'autre côté de la Manche et dans les États-Unis d'Amérique, où on lui a donné plus de suite qu'en France, l'honneur de l'invention nous appartient tout entier, et je ne saurais mieux faire pour donner une idée de cet art si neuf et si important, que d'extraire ce que je crois devoir en dire, de l'excellent ouvrage que je viens de citer, et auquel je renvoie pour

les détails qui sont particuliers à la recherche des sources jaillissantes et montant de fond. 1

On avait cru, et M. Garnier lui-même l'avait avancé dans son ouvrage, que toute autre espèce de roche que le calcaire ne pourrait présenter les mêmes avantages pour la recherche de ces fontaines, mais l'expérience est venue nous donner un heureux démenti; car, ainsi que nous le verrons bientôt, on en trouve tout aussi bien dans les terrains

primordiaux que dans les terrains secon

daires.

Moyens d'exécution.

Lorsqu'on a choisi la place où l'on désire établir une fontaine jaillissante, on forme, afin d'éviter de construire un échafaudage et pour pouvoir en même temps travailler avec facilité, une excavation pyramidale de 18 pieds de profondeur environ, dont la pointe est tournée en bas et dont la base, qui a 18 pieds de côté (6"), se trouve à la surface du terrain: les quatre côtés de cette espèce de trémie sont garnis de palleplanches et soutenus par plusieurs cadres, qui vont toujours en diminuant à mesure que l'on approche du

1 De l'art du fontenier-sondeur et des puits artésiens, par François Garnier, ingénieur des mines. Ouvrage couronné par la Société d'encouragement, et imprimé par ordre du Gou

vernement.

« PrécédentContinuer »