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Il en est à peu près de même dans les carrières de marbre, où l'on cherche à obtenir de grands blocs bien sains; enfin, il paraît que les Égyptiens et les Romains ont employé les mêmes moyens, mais avec un art infini; car les obélisques et les fûts de colonne d'une seule pièce de granit, sont les témoins des soins qu'ils apportaient à obtenir ces grandes pièces et du prix qu'ils y attachaient. Les traces de leurs exploitations prouvent que c'était avec des coins qu'ils parvenaient à se procurer ces monumens monolithes qui font encore aujourd'hui notre admiration.

Les coins de mineur sont pointus et pyramidaux; mais leur tête, au lieu d'être plate, doit être saillante et en cul d'œuf. Cette forme s'oppose à ce que les bords se déchirent sous les coups des grosses masses ou des battrans. (Fig. 8.)

Quant aux coins de charbonnier, ce ne sont autre chose que des morceaux de fer carré de 15 à 18 lignes, que l'on apointe par un bout. On les fait ordinairement assez longs, et malgré cela l'on est quelquefois obligé d'en chasser plusieurs, les uns à côté des autres, avant de détacher la masse de houille que l'on veut faire tomber. (Fig. 7.)

On a fait usage de coins de bois pour détacher des meules de moulin ou des blocs de marbre. Mais je crois que l'on a renoncé à leur emploi dans les carrières. Il consistait à

les chasser dans la trace avec force, après les avoir fait sécher au four, et à les arroser ensuite assez amplement, pour qu'en se gonflant et augmentant de volume, leurs efforts réunis fussent capables de déterminer la rupture et la séparation du bloc d'avec la montagne.

On fait encore usage des coins de bois dans l'exploitation du sel gemme. On les introduit dans les fentes naturelles, l'humidité ne tarde pas à les faire gonfler et les blocs de sel s'éclatent; mais comme il pourrait résulter des accidens de leur chute imprévue, les mineurs ont la précaution de mettre dans la même fente où ils ont forcé les coins, un morceau de bois droit, et dès que ces coins font effet et que les blocs commencent à s'écarter, la lame de bois tombe dans la fente et avertit les ouvriers qu'il faut s'éloigner: en effet la chute de ces rochers de sel suit de près le déplacement de la latte de bois.

La scie est quelquefois employée dans les carrières de marbre; mais il faut, avant de l'introduire au chantier, avoir préparé les places de telle manière que le jeu de l'instrument soit tout-à-fait libre. Les scies circulaires, qui je crois n'ont jamais été employées dans l'exploitation du marbre, exigeraient moins de place et pourraient diminuer infiniment la masse des déblais et des recoupes, en même temps qu'elles économiseraient les matières précieuses. L'emploi des grands

trépans pour l'extraction des cylindres ou des fûts de colonne n'est point impraticable, et il serait aisé de faire mouvoir ces machines avec des chevaux.

LES BATTRANS. (Pl. IX, fig. 9 et 10.)

Les grosses masses que l'on nomme battrans ou bombes, suivant le pays, sont de gros marteaux de fer aciéré ou non, qui se manœuvrent à deux mains et dont le poids va quelquefois jusqu'à 10 kil. (20 livres): ils servent à chasser les coins, à casser les pierres que l'on veut cuire ou répandre sur la chaussée des routes, à casser les minerais ou la castine dans les fonderies, etc. Ils sont plats et carrés sur les deux faces; mais quand on les soigne, ils sont un peu renflés sur les côtés vis-à-vis l'oeil.

Les bombes dont on se sert dans les puits sont plus fortes que celles des galeries, elles ont 7 à 8 pouces de long (20 à 23°) sur 2 à 3 pouces (6 à 8) carrés à la tête; elles sont aciérées des deux côtés, parce qu'elles doivent frapper sur des coins qui ne le sont jamais. La longueur du manche varie de 20 pouces à 2 pieds (0,55 à 0,66). Celles qui servent à casser la pierre des routes ou la pierre à chaux, sont emmanchées à un morceau de bois rond, légèrement flexible et fort long. (Fig. 9.)

LES PALFERS.

Les leviers que l'on nomme, suivant le pays, des pinces ou des palfers, sont des barres de fer, dont l'une des extrémités se termine en coin et porte un talon proportionné à sa longueur et à son poids (pl. IX, fig. 1); la partie qui reçoit les mains de l'ouvrier, est grossièrement arrondie et va en diminuant jusqu'au diamètre d'un pouce, plus ou moins. Cet outil sert à ébranler les blocs qui ont été fendus par les coins ou par la poudre. Un palfer de 25 à 30 kil. (50 à 60 liv.) est déjà un assez bon levier, qui avance beaucoup le travail et qui épargne une infinité de manches de pics, que l'on brise en cherchant à leur faire remplir le rôle des palfers.

Le pied-de-biche, qui est un petit palfer fendu, sert quelquefois à arracher les clous qui assujettissent les planches, les cloisons ou les échelles.

PELLES ET RACLES.

La pelle des mineurs est tout-à-fait pareille à celles des carriers et des terrassiers : elle est carrée, mousse ou pointue, suivant l'usage du pays; mais elle doit toujours porter un manche légèrement coudé vers le bas, par où elle entre dans la douille, afin d'éviter à l'ouvrier la fatigue de se baisser très-bas, comme il serait obligé de le faire, si elle

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était emmanchée en droite ligne comme les bèches. Il y en a dont le manche passe travers la douille et va renforcer la pelle par dessous, et cette précaution est d'autant meilleure, que c'est presque toujours vers le milieu que les pelles des mineurs se courbent et se brisent.

On doit donc avoir attention à ce que la douille ne soit point gercée, et à ce que la pelle soit forte jusque dans le milieu de sa longueur.

Quant aux râcles qui servent à rassembler le reste des déblais, ou à nettoyer les galeries d'écoulement, ce ne sont pour l'ordinaire que des pelles que l'on courbe auprès de la douille. On en fait de plus petites, qui ressemblent à des râclettes de ramoneur; mais elles ne servent guère que dans les ateliers de lavage.

SECOND GROUPE.

Outils servant au tirage à la poudre.

LES MASSES.

Les masses à main (pl. X, fig. 10), qui servent à faire des trous de mine, pèsent de 5 à 6 livres; on leur en donne jusqu'à 8 ou 9, quand on est dans l'usage de battre à deux; mais ces dernières ont l'inconvénient d'écraser la tête des pistolets, qui ne sont pas toujours aciérés. Ces masses sont faites avec de

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