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D'après la demande de la généralité de MM. les Souscripteurs, l'Auteur de ce Dictionnaire s'occupe en ce moment du DICTIONNAIRE FRANÇAIS - PROVENÇAL, qu'il mettra dans le commerce aussitôt qu'il sera terminé.

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PRÉFACE.

L'OUVRAGE
AGE que nous avons l'honneur d'offrir au Public est

d'une nécessité indispensable, depuis que la langue française est devenue d'un usage général dans toutes les provinces, non-seulement dans tous les actes publics, mais encore dans tous les genres d'affaires. Les habitans de la Provence, tout en s'efforcant de suivre cette impulsion générale et nécessaire, ne peuvent parvenir à se défaire des locutions qui leur sont familières, et la langue française, dans leur bouche ou dans leurs écrits, sera toujours mêlée de provençalismes, tant qu'ils n'auront pas un bon Dictionnaire qui, en leur donnant les équivalens français, mettra sans cesse sous leurs yeux les fautes dans lesquelles ils sont involontairement entraînés par l'effet de l'habitude.

Si, d'un côté, par les motifs que nous venons de donner, le Public en général est intéressé à voir paraître le Dictionnaire que nous annonçons, de l'autre, les philologues en particulier ne peuvent que désirer la publication d'un ouvrage qui consacrera et conservera une langue dans laquelle on découvre les transitions du latin en français, et qui d'ailleurs occupe un rang distingué dans le monde littéraire par les écrits des Troubadours.

On ne connaissait que deux ouvrages de ce genre, savoir: le Dictionnaire du P. Pellas, minime d'Aix, imprimé en 1723, et celui d'Achard de Marseille, en 1785. Le premier peut être consulté avec fruit pour quelques mots provençaux qui ont disparu du langage vulgaire, mais il ne saurait être d'un usage familier, parce que, depuis un siècle, la langue française a éprouvé des changemens trop importans. Le second est beaucoup moins correct que celui de Pellas; et d'ailleurs ces deux antcars n'ont puisé que dans le dialecte marseillais, qui, à beaucoup d'égards, diffère de la véritable langue provençale.

Dans le Dictionnaire que nous annonçons, on trouvera nonseulement tous les mots contenus dans Pellas et Achard, mais encore tous ceux qui sont usités dans les différentes régions de la Provence. On y a fait entrer de plas les noms des plantes et des différens animaux; les locutions des bergers et des hommes du peuple; les termes de marine, d'agriculture, des arts mécaniques, &c., &c.

Ce Dictionnaire est précédé d'un abrégé de Grammaire provençale - française, d'un traité de prononciation et d'un recueil des règles les plus nécessaires pour l'orthographe.

Jai cru devoir me dispenser d'inclure dans mon Dictionnaire les mots du dialecte particulier à quatre communes du dépar

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tement du Var, qui sont: Mons, Escragnoles, Valauris et Biot, attendu que ce n'est qu'un génois corrompu. On peut en juger par les mots suivans, auxquels j'ai joint les équivalens provençaux et français :

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Soulier.

Talon du pied, du soulier, &c.
Balai.

Le Derrière de la tête.

La Cruche.

La Cuiller à pot.

Cailler à soupe.

Ciseaux.

Crémaillère.

Crémaillon.

Araire ou Charrue.

Clous à planche ou à ferrer.
Panier de toutes sortes de formes,
Manne, espèce de panier plat.
Corde pour tenir la charge d'un mulet.
Chiffon qu'on roule à une corde qu'on
met sous la queue d'un mulet chargé.
Licou.

Sas ou Tamis.
Epingle.
Un Noud.
Une Clef.

Une Pierre.
La Chaux.

Cavestrou

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La Cendre.

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Concoli

Rogo

Un Poux. (insecte)

Une Puce. (insecte )

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Lieu où l'on tient la cendre.
Trou.

Besace, Panetière.

Gale que produit le chêne.

Les susdites communes parlent aussi l'idiome général de la Provence et le français dans le besoin, à la différence que, dans le provençal, ils font sentir des pour des r et des r pour des 1. Ainsi, quand ils disent lou bra, il faut entendre lou bla ( le blé), et quand ils disent lou bla, entendez aussi lou bras (le bras).

Chaque contrée de la Provence a aussi sa manière de prononcer: les uns disent ami pour j'aime, les autres aimi; mais la généralité dit eimi. Dans les montagnes, depuis Barcelonnette jusqu'aux

rives du Var, on termine en ous la première personne du singulier du présent de l'indicatif des verbes. Ainsi, sabi, finissi, on prononce aimous, sabous, finissous, &c.

Dans les montagnes, tous les mots qui en français prennent un h après le c, cet h est prononcé dans le provençal. Ainsi, capeou, camie, cabro, sont exprimés chapel, chamie, chabro ( chapeau, chemise, chèvre ).

Tigno (engelure), les Marseillais le prononcent tino, tandis que cette dernière expression signifie une cuve. Il en est de même dans tous les autres mots auxquels se trouve le gn à mouiller, que les Marseillais retranchent le g.

Les Grassois, au contraire, retranchent les r; aussi pour dire Sant Harari (Saint Hilaire), ils prononcent Sant Aaï.

Dans le département du Var, pour dire panaou (panal), en liant le n avec l'a qui suit, prononcent pan et puis aou, mais d'une manière brève. Certaines communes retranchent les nasales: elles prononcent ooubicou (espèce de figue), au lieu d'ooubicoun. La lettre l est souvent prononcée comme un r, tels que les mots palo, pielo, qu'on prononce paro, piero (une pêle, une pile).

Aux environs de Faïence, le peuple fait sentir le r comme si c'était un s, et le mot parti (je pars); parti ( un parti), se prononce pasti, qui signifie je pétris ou un pâté.

Aux environs de Bargemont, on prononce la syllabe la comme s'il y avait lia. Ainsi, lou bla, la plaço, sont exprimés lou blia, la pliaço, &c., &c.

S'il me fallait donner tous les mots écrits conformément à toutes les manières qu'ils sont prononcés dans les différentes contrées de la Provence, j'aurais formé un volume quatre fois plus volumineux, et je me serais écarté de mon but, qui est de rendre mon ouvrage à la portée de tout le monde, relativement au prix. L'essentiel a été d'employer tous les mots difficiles à rendre par des équivalens français qu'on reconnaîtra facilement en parcourant les mots provençaux, malgré la différence d'une lettre de plus ou de moins qui différeront de la prononciation de certains pays.

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