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ÉLÉMENS DE GRAMMAIRE

PROVENÇALE-FRANÇAISE.

L'ORTHOGRAPHE FRANÇAISE est l'art d'être correct dans l'emploi des caractères et des signes de notre langue. Les caractères ou les lettres se divisent en voyelles et en consonnes; les voyelles sont : a, e, i, o, u, y, et les consonnes : b, c, d, f, g, j, h, k, l, m, n, p, q, r, s, t, v, x, z.

A l'aide des caractères, on fait la syllabe, qui est un son formé par une seule impulsion de la voix.

EXEMPLE:

Pain, main, bras, col, &c., sont des mots qui n'ont qu'une syllabe et qu'on appelle monosyllabes.

Destin, mutin, salut, maison, sont des mots de deux syllabes et qu'on appelle disyllabes.

Amputer, visiter, consentir, bâtiment, sont des mots de trois syllabes et qu'on appelle trisyllabes.

Appesantir, reconquérir, démangeaison, réprimander, sont des mots qui en ont quatre et qu'on appelle quadrisyllabes; et pour désigner seulement qu'un mot a plusieurs syllabes, on l'appelle polisyllabe.

&c.;

La diphtongue est un mot à une ou deux syllabes dont chacune a plusieurs voyelles, comme oil, août, coeur, oeuf, oiseau, &c. Il y a de trois sortes d'e, savoir : l'e muet, qu'on emploie sans accent et qu'on prononce comme dans chose, roide, chaude, l'é fermé qu'on emploie avec l'accent aigu et qu'on prononce comme dans bonté, vérité, aménité, égalité, &c.; l'è ouvert, qu'on emploie avec l'accent grave et qu'on prononce comme dans accès, procès, succès, &c.

( Nota. Les mots d'une syllabe en petites majuscules doivent être épelés).

Il est des syllabes qui se prononcent comme un e muet, savoir: Es final, EN au centre et à la fin des mots; ENT final dans les pluriels des verbes; AI dans faisant, je faisais.

D'autres syllabes se prononcent en é fermé, telles la lettre que & ou ET EZ, AI dans le mot j'ai et dans tous les passés et futurs des verbes; ER final, IED final comme dans pied; et les é pénultièmes des mots qui finissent en ége, tels que collége, sacrilége, piége, manége, &c.

Tous les infinitifs de la première conjugaison, tous les noms

tels que

d'arbres et de métiers en é fermé finissent par un z, aimer, chanter, danser; poirier, figuier, prunier; perruquier, vitrier, menuisier, &c.

Toutes les syllabes en ER, qui terminent un mot, doivent être prononcées fermées, excepté dans les mots fier, altier, cher, Alger, cuiller, belveder, et dans les noms qui ont immédiatement devant ER l'une des consonnes ƒ, m comme enfer,

amer, ver, &c.

Se prononcent comme un è ouvert tout e qui n'est point final, excepté suivi d'un s; tout e final, même sans accent avant une syllabe muette; EAI, AY, EI, EY, AIE, AI, OI, AIENT, EH, OIENT, EZ dans les noms propres.

On en excepte premièrement quelques monosyllabes, tels que mes, tes, ses, les, des qui, quoique terminés par s nent point d'accent et se prononcent ouverts;

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ne pren

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Secondement, or, qui d'après la nouvelle orthographe, doit être prononcé oua, comme dans Saint François ;

Troisièmement, quoique l'e final avant une syllabe muette se prononce ouvert, on excepte cependant le mot chevelure et ses dérivés, et quelquefois les syllabes de, re, lorsqu'elles sont initiales, comme dans devenir, redemander, redevenir, redevance, redevable,

&c.

Il y a un quatrième é, celui marqué d'un accent circonflexe, qu'on prononce ouvert en le rendant un peu plus long que celui marqué de l'accent grave, attendu qu'il marque la suppression d'une lettre, tels que même, tête, fenêtre, qu'on écrivait jadis mesme, teste, fenestre; c'est aussi par la même raison qu'on marque quelquefois du même accent les autres voyelles; voilà pourquoi elles doivent être prononcées longues.

Il arrive souvent que la suppression d'une lettre est marquée par un accent aigu, tels que dans les mots Etienne, étrille, étrivière, &c., qu'on écrivait autrefois Estienne, estrille, estrivière, &c.

Dans la langue provençale, on ne connaît que deux sortes d'e, savoir: l'e fermé et l'è ouvert. La lettre i, précédée d'une autre voyelle, se prononce comme si elle était marquée d'un tréma.

La nasale est une syllabe terminée par un m ou un n. La nasale, devant un b ou un p, se forme toujours par un m excepté dans bonbon, bonbonnière, enbompoint. La nasale, suivie de toute autre lettre que b ou p, se forme toujours par un n, excepté dans les mots essaim, faim, thym, comte, parfum, Samson, étaim (estame).

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L'identique est un mot qui se prononce d'une seule manière, et qui peut s'écrire de plusieurs : les seules règles infaillibles qu'on puisse donner pour écrire l'identique sont :

1o In, lorsqu'il est initial, s'écrit toujours par i, excepté dans ainsi;

2. Tous les adverbes en ment forment an par e, comme fidèle. honnêtement;

ment,

39 Tous les substantifs en ment dérivés des verbes, forment an par e, comme dans accroissement, étonnement.

Toutes les consonnes sont sujettes à se redoubler, excepté h; j, k, q, v, x, 2.

Après l'e muet, on ne redouble jamais la consonne, excepté le s; voilà pourquoi, quoiqu'on écrive j'appelle, je jette, je renouvelle, j'amoncelle, je nivelle, je cachette, &c., il faut écrire aussi appeler, jeter, renouveler, amonceler, niveler, cacheter,&c. Les lettres bet p ne se redoublent de rigueur (1) que dans les mots abbé, appeler et leurs dérivés, différemment on peut s'en dispenser.

Le redoublement des consonnes n'a jamais lieu après une voyelle longue, ni après un son nasal, ni après une diphtongue, excepté suivie d'un l, r, s.

Le c, à la fin d'un mot qui termine la pause, ou suivi d'un mot qui commence par une voyelle ou un h muet, se prononce ferme; différemment il ne sonne pas,

Le c se redouble dans le commencement de presque tous les mots, lorsqu'il se trouve placé entre les lettres a, o, u, 7, et que l'ane des trois premières est initiale. On n'en excepte que les mots acabit, acante, acariâtre, académie et les dérivés.

Le ca le son d'un g dans les mots Claude, cicogne, second, secondaire, seconder, secondement, secret, secrétaire, secrétariat, secrètement.

Le d ne se redouble que dans les mots addition, reddition et leurs dérivés : le da le son d'un t, lorsqu'il se lie au mot qui le suit.

Lef se redouble toujours après di et su, ainsi qu'après les voyelles a, e, o, tels que difficile, suffire, affection, efficace, offusquer, &c.; on n'en excepte que le mot afin.

Le g se redouble dans très-peu de mots, tels que suggérer, suggestion, et a le son d'un k lorsqu'il se lie au mot qui le suit. Pour donner de la fermeté au g devant e, i, on interpose un u, et pour l'adoucir devant a, o, u, on interpose un e; mais cette lettre euphonique n'alonge pas le mot; guillemet ne se prononce pas guillemet, ni geolier, geölier, mais bien comme s'il y avait jolier.

II

y a de deux sortes d'h, l'un aspiré, comme dans la haine & le héros; et l'autre nul, comme dans l'homme, l'honneur.

On doit mouiller un 7 redoublé lorsqu'il est précédé d'un i, excepté dans les mots Gilles, mil, mille, ville, village, et les mots qui commencent par la syllabe il.

Tous les adjectifs qui finissent par un / au masculin redoublent

(1) M. l'abbé Girard, dans les Vrais Principes de la Langue française.

cette consonne, excepté ceux qui finissent en il, tels que puéril, subtil, vil, &c.

Le m se redouble après les syllabes im, com, gom, pom, som, hom; on excepte les mots comète, comité, comédie, comédien, concomitance, homogène, homicide, homélie, hombre (jea de cartes), coma, comices, cominge, comique.

Le m, après toute autre syllabe, ne se redouble que dans les mots dommage, femme, lemme, dilemme, nommer, nommément. Le n doit être redoublé dans les dérivés, lorsque le premier n est précédé des voyelles a, e ou o.

EXEMPLE:

Ban, bannir; an, année; chrétien, chrétienne; musicien, musicienne; savon, savonnier; mais quand le n se trouve placé entre deux o, il ne se redouble jamais.

Le r se redouble dans certaines occasions après les voyelles a, e, o, après les diphtongues eu, ou, et après l'i quand il est au commencement d'un mot, quand ces deux lettres font ensemble une syllabe réduplicative, telles que ir-régulier, ir-révocable, &c. Un s entre deux voyelles a le son d'un z, excepté dans les mots parasol, tournesol, monosyllabe, vraisemblable, vraisemblance, vraisemblablement, désuétude, attendu que ces mots sont composés de plusieurs autres et qu'on écrivait jadis pare-soleil, tournesoleil, &c.

Le s entre une consonne et une voyelle a le son d'an z dans les mots transaction, transition, transiger.

Le t ne se redouble jamais après l'é fermé, l'i, le l, le r, ni après io, re, la, ma, et rarement après u.

Le t se conserve au pluriel malgré qu'il soit nul, excepté dans les mots en ant et en ent, parce que, autant que possible, on ne doit jamais laisser de suite trois consonnes inutiles. Cette exception n'est point générale, car on le conserve dans les mo'nosyllabes tels que mets, chants, dents, gants, lents, vents, &c.

grec,

On emploie l'y lorsqu'il tient la place de deux i, comme dans joyeux, voyelle, envoyer. On excepte les mots dérivés du tels que physique, nymphe, Cythère, &c., et ceux des noms propres.

La lettre majuscule doit être employée au commencement de chaque alinéa, de chaque phrase ou période, de chaque vers; à tous les noms d'hommes, de lieux, de peuples, de sectes, de rivières, de vents, de sciences et d'arts; en un mot, de tous les noms propres.

La lettre majuscule initiale n'exige point d'accent.

EXEMPLE:

A Monsieur Etienne.

le

La langue française est composée de dix sortes de mots, qu'on appelle les PARTIES DU DISCOURS. Ces mots sont : l'Article, Nom ou Substantif, l'Adjectif, le Pronom, le Verbe, le Participe, l'Adverbe, la Préposition, la Conjonction et l'Interjection.

La prononciation des consonnes finales est très-importante pour l'exactitude et la régularité de la lecture française. Comme il est convenable de parler une langue d'après son génie, on ne saurait se dispenser d'en observer strictement les règles : c'est le seul moyen que doivent prendre ceux qui désirent pouvoir s'énoncer correctement, et d'après les lois de la prononciation française.

Nulle partie de notre prononciation n'est plus méconnue et plus défigurée que celle de la liaison des mots. Ici les voyelles nasales sont traitées comme les consonnes, et on les lie indifféremment. Là, on forme des liaisons barbares qui, non-seulement rendent la prononciation âpre, dure et informe, mais encore elles font entendre toute autre chose que ce qu'on est dans l'intention de dire. Les uns lient, généralement et sans exceptions, toutes les consonnes finales lorsqu'elles sont suivies de voyelles; les autres les prononcent lorsqu'ils devraient les supprimer; le plus grand nombre, dans notre province, n'en lie aucune, ce qui prive la lecture de la netteté, de la grâce, de la douceur et de la mélodie. C'est ce qui m'a engagé de donner à mes compatriotes quelques règles, un peu restreintes à la vérité; mais en les observant, ils s'apercevront, d'une manière sensible, combien il est indispensable de s'y conformer.

Les consonnes n'ont aucun son par elles-mêmes, et on ne peut les articuler qu'autant qu'elles sont jointes à des voyelles. Il ne suffit pas qu'elles en soient précédées, il faut qu'elles en soient suivies; et c'est alors que les consonnes rendent un son plein, complet et satisfaisant.

Voilà pourquoi, lorsqu'une consonne terminant un mot est suivie immédiatement après d'un mot commençant par une voyelle ou un h muet, la consonne finale doit se lier avec la voyelle qui la suit, à moins que les deux mots soient séparés par une pause, ou que la dernière syllabe du premier mot fasse partie des exceptions.

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Il en est de même des mots qui finissent par un e muet lorsqu'ils sont immédiatement suivis d'un mot commençant par une voyelle ou un h muet, à moins que les deux mots soient également séparés par une pause: l'e muet final du premier mot doit être supprimé par la prononciation, et la consonne qui se trouve avant l'e final du premier mot doit être liée avec la voyelle ou l'1⁄2 muet initial du mot d'après.

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