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» n'étoit pas, mes perceptions claires et distinctes me tromperoient. L'existence de Dieu prouve la vérité de mes per>>ceptions claires et distinctes, et mes perceptions claires et > distinctes prouvent l'existence de Dieu. Est-ce assez abuser » du raisonnement?» (Déf., ch. 3, p. 38, 39.)

Ce n'est qu'en dénaturant les pensées de Descartes, que M. de la Mennais semble prouver que ce grand homme abuse du raisonnement. « Quand je prononce ce jugement : j'existe, » il n'y a rien qui m'assure de sa vérité, que la claire et » distincte perception de ce que je dis. » Je l'avoue, ces paroles sont de Descartes. « La vérité de mon jugement dé

pend donc de celle de ce principe, tout ce que je perçois » clairement et distinctement est vrai. » --- Cette conclusion n'est pas exacte. Il falloit dire : « La vérité de mon jugement » dépend donc de celle de ce principe: Tout ce que je perçois » aussi clairement et aussi distinctement que mon existence, » comme une chose qui pense, est vrai. » Dans cette première > connoissance (de son existence, comme une chose qui pense), » il ne se rencontre rien, dit Descartes, qu'une claire et dis>>tincte perception de ce que je connois, laquelle de vrai ne se>>roit pas suffisanté pour m'assurer qu'elle est vraie, s'il pou> voit jamais arriver, qu'une chose que je concevrois aussi » clairement et distinctement se trouvât fausse.» ( 3o Médit., p. 34.) « La vérité de ce principe même est douteuse, jusqu'à ce que je sois certain que Dieu existe, et qu'il ne peut » vouloir me tromper. » — Cette assertion est juste, si on excepte avec Descartes notre existence, comme une chose qui pense. « Mais comment, selon Descartes, serai-je assuré » que Dieu est ? parce que l'idée de Dieu est la plus claire » et la plus distincte de toutes celles qui sont en mon esprit. M. de la Mennais se trompe, Descartes n'a dit qu'il étoit assuré que Dieu est, parce que l'idée de Dieu est la plus claire et la plus distincte de toutes celles qui sont en son esprit. (Voyez le passage cité par M. de la Mennais, Médit. p. 51.) De plus, quand Descartes a avancé que l'idée de Dieu étoit la plus claire et la plus distincte de toutes celles qui étoient en son esprit, il ne parloit que des idées qui se trouvoient dans son esprit, après qu'il s'étoit assuré que son existence comme une chose qui pense, est certaine. (3° Médit. p. 36.)

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«

Je le demande maintenant, M. de la Mennais a-t-il avancé avec raison que, suivant Descartes, nous ne pouvions être certains de notre existence, si, auparavant, nous n'étions cer

tains qu'il y a un Dieu, et que ce Dieu ne peut vouloir nous tromper? n'est-ce pas au contraire, selon ce grand philosophe, par la certitude de notre existence que nous remontons à la certitude de celle de l'Etre des êtres ? La preuve de l'existence de Dieu tirée de la raison universelle, selon M. de la Mennais, ne suppose-t-elle pas que l'existence de la créature doit être nécessairement connue, avant que nous connoissions l'existence du Créateur, puisque la raison universelle suppose au moins la création de l'homme ?

F.

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DIEU, LA NATURE ET L'HOMME; ou le Triomphe de la Religion Chrétienne (1); par Baillot de SaintMartin, membre de la Société royale académique des sciences, auteur de l'Art de vérifier les dates ou de l'Histoire chronologique et synoptique de tous · les peuples; dédié au Roi; du Traité d'Education suivant Fénélon, Sénèque, Cicéron et Saint Augustin; de la Bibliographie universelle, ou analise critique des ouvrages sur l'Education et l'Instruction

etc., etc.

DE si grands intérêts traités avec autant de dignité que de justesse qu'ils le sont dans cet ouvrage, nous ont paru un sûr garant de son prompt débit, pour les amateurs de la solidité des principes et de la force des raisonnemens. Quiconque dans toutes les classes de la société, aime à orner son esprit des idées les plus sublimes sur son existence, et à nourrir son cœur des espérances les plus douces sur sa destinée, y retrouvera non-seulement ce que nos meilleurs écrivains, Bossuet, le cardinal de la Luzerne, et tant d'autres théologiens célèbres ont écrit sur la religion; mais encore des preuves tout-à-fait nouvelles, et des raisonnemens péremptoires, sur l'immortalité de l'âme de l'homme, et sur la divinité de son rédempteur Jésus-Christ.

M. de Saint-Martin, déjà connu avantageusement dans la

(1) 2 vol. in-8° avec figures. Prix, 15 fr., et par la poste 18 fr. 70 cent. A Paris, chez l'auteur, rue Dauphine, no 6; Rusand, rue de l'Abbaye, et au bureau des Tablettes.

république littéraire, en développant cette sublime pensée du roi-prophète: Coli enarrant gloriam Dei, etc., passe pour ainsi dire en revue toute la nature, pour y faire reconnoître évidemment la puissance souveraine du Créateur, dans l'espoir de faire rendre à ce Dieu de bonté, les hommages d'adoration et de reconnoissance qu'il mérite de la part de l'homme, ce chef-d'œuvre de ses mains, qu'il a préposé pour dominer sur tout l'univers, en l'animant d'une portion de son souffle divin qui le distingue de tous les autres êtres, et qui lui dit dans le fond de son cœur, que l'âme dont il est doué, retournera un jour dans le sein du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob d'où elle est sortie : reposita est hæc spes mea in sinu meo. (Job. 19.) Cette croyance d'une existence certaine au-delà du tombeau, évite à l'humble fidèle ces foiblesses honteuses de l'orgueilleux mécréant, qui tout en affectant de croire au néant de son être, ne rougit pas d'aller en tremblant chercher l'arrêt de sa destinée future, dans les bigarrures de quelques cartes entre les mains astucieuses de la première nécromancienne qu'il rencontre : ô foiblesse humaine! qu'on est bien prêt de croire à tout, quand on affecte de ne croire à rien !

L'auteur, en examinant toutes les propriétés de la matière, les lois du mouvement, l'organisation des corps, le mécanisme animal, ses fonctions internes, la nutrition, l'accroissement et le décroissement, la génération successive, réfute victorieusement les systèmes spécieux de MM. de Buffon et de Bonnet; falloit-il que de si grands génies se missent en contradiction avec ce que nous voyons opérer à la nature tous les jours, suivant les lois constantes et immuables que lui a imposées le Créateur? Ses preuves irréfragables sur l'inertie de la matière démontrent évidemment que l'âme seule fait agir le corps, et lui donne le mouvement et la vie; par conséquent toutes ces merveilles qui étonnent notre raison ne peuvent être que l'ouvrage d'un Dieu infiniment puissant, dont la justice doit fixer toute notre confiance, et la bonté doit exciter toute notre reconnoissance.

En établissant les rapports essentiels du moral avec le physique, contradictoirement au système ingénieux du célèbre naturaliste, l'auteur fait triompher la puissance infinie du Créateur, et force le lecteur qui est de bonne foi et sans prévention de passions, à s'en tenir à ce que nous révèle la Genèse à cet égard; en lui démontrant la possibilité, même la nécesité d'une révélation surnaturelle, et les signes auxTome 5o, 4

quels on doit la reconnoître dans les livres de l'ancien et du nouveau Testament; ce qui naturellement établit la divinité de la religion chrétienne, ainsi que celle de son auteur Jésus-Christ.

Ici M. de Saint-Martin, en homme profondément versé dans la concorde des évangélistes, trace une vie chronologique de ce divin Sauveur; tous les détails dans lesquels il entre scrupuleusement, ne pourront paroître trop multipliés qu'aux lecteurs indifférens que rien ne peut émouvoir; mais pour ceux qui cherchent de bonne foi à se convaincre, ils servent à former un corps de preuves incontestables, qui font connoître que toutes les actions et tous les événemens relatifs à cet homme-Dieu, sont en parfaite harmonie avec les Saintes Ecritures; toutes les objections étant victorieusement réfutées, le triomphe de la religion chrétienne se trouve par là établi dans tout son éclat.

Les incrédules qui ont mis tout en œuvre pour contester la divinité et la sainteté de la religion chrétienne, et à en ternir la gloire, ont cherché à atténuer ses preuves par des controverses spécieuses; mais cette foible ressource leur est encore enlevée par l'auteur, qui démontre jusqu'à l'évidence que Dieu n'a point voulu établir sa religion sainte sur des spéculations arbitraires, mais bien sur des faits qui attestassent la souveraine puissance de son divin fondateur; des faits tellement authentiques qu'ils ne pussent être révoqués en doute; des faits tellement certains, que leurs témoins se fissent égorger pour en attester la vérité.

L'auteur s'élève avec force contre l'indifférence en matière de religion qui fait le triste apanage de ce siècle; les contradictions sans nombre qu'il relève dans nos prétendus esprits forts du jour, doivent raffermir d'autant plus les vrais croyans dans la foi en s'appuyant des raisonnemens de Saint Augustin, il leur donne de grands développemens, et nous démontre que nous avons des idées d'inspiration divine, des idées naturelles, et que les sens nous en procurent encore. Les lettres de Luther, de Voltaire, de Buffon, de Jean-Jacques, qu'il a ajoutées à cet ouvrage, montreront au lecteur attentif et impartial, sous un point de vue très-rapproché, les erreurs et les contradictions de ces coryphées de l'incrédulité; et à côté du venin se trouve le contre-poison dans les fragmens de Pascal et de M. de Châteaubriant. En un mot, l'auteur a su mêler dans une matière aussi sérieuse, toute la variété et toute l'instruction nécessaires pour satis

faire aussi agréablement qu'utilement la curiosité de ses lecteurs. Omne tulit punctum, qui miscuit utile dulci.

POIRSON, prêtre licencié en théologie,

docteur en médecine des Universités de Paris

et de Vienne en Autriche, curé de Clamart.

Histoire de la Vie et des Ouvrages de Voltaire (1), suivie des jugemens qu'ont porté sur cet homme célebre, divers auteurs estimés. Par L. Paillet de Warcy, capitaine décoré, et membre de plusieurs sociétés savantes et littéraires; avec cette épigraphe, extraite de l'avertissement:

J'ai vu le scandale des spéculations de mon temps, et j'ai publié ce livre.

PREMIER ARTICLE.

DANS une société au milieu de laquelle a éclaté un volcan, dont l'explosion a bouleversé jusqu'à ses fondemens ; qui a perdu dans la tourmente, ses mœurs, ses habitudes, ses institutions, sa religion, ses lois, et jusqu'à sa conscience; qui respire à peine de ses longues et douloureuses convulsions, où chacun s'occupe de retrouver ce qu'il a perdu, quelques-uns même à reprendre ce qu'ils n'avoient pas; les intérêts froissés ; les vanités humiliées fermentent encore long-temps; les cœurs aigris exaltent les opinions contraires; la politique se passionne: rejetant son masque, elle arbore un drapeau; toute arme lui devient légitime, excepté celle qu'elle aperçoit dans la main d'un adversaire; elle pénètre dans les plus saintes comme dans les plus nobles professions; les Muses elles-mêmes deviennent factieuses et le pacifique Parnasse se convertit en un amphithéâtre qui a son arène et ses gladiateurs. C'est ce que nous avons vu naguère, au sujet des philosophes du dernier siècle, et spécialement au sujet de Voltaire. Celui-ci n'eut pas été plus tôt signalé par quelques voix vertueuses et timorées, comme un des plus ardens précurseurs de la révolution, comme le plus dangereux corrupteur de la jeunesse, que cette ban

(1) Deux vol. in-8°. Prix, 14 fr. et 18 fr. francs de port. A Paris, chez Madame Dufriche, libraire, et au bur. des Tablettes.

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