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» Fléau des nations, instrument de vengeance, » Un superbe tyran règne encor sur la France; » Mais son sceptre de fer bientôt se brisera, » Et des lis immortels, depuis long-temps flétrie, » La tige refleurie,

» Sur l'antique bannière à jamais brillera.

» Déjà de ton époux, la noble Aquitanie,
» Révère les vertus, admire le génie;
» Et bénissant le Ciel de son heureux retour,
» Le peuple, du bonheur a salué l'aurore;
» Il chérit, il adore

» Ce héros bienfaisant objet de ton amour. »

A ces mots de Louis, dans les yeux de sa fille,
Sur ses traits languissans l'aimable gaîté brille.
Marie avec transport voit un père chéri,
Elle veut lui parler, mais au sein des nuages,
Dans le séjour des sages

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A remonté déjà le fils du grand Henri.

Mais

« Je vais donc te revoir, ô France infortunée ! » Aux larmes, à l'exil, tu m'avois condamnée; je veux oublier les maux que tu m'as faits, » O peuple que j'aimai dès ma plus tendré Enfance! » Oui, ta douce présence

» Rendra seule à mon cœur le bonheur et la paix.

France, réjouis-toi, dissipe tes alarmes ;

La fille de Louis vient essuyer tes larmes.
Elève vers le ciel un visage riant;
Vois Marie à genoux, et de lis couronnée,
Bénir cette journée

-21.

Qui rend à son amour ton peuple repentant.. i

Déjà du temple saint franchissant les portiques,
Elle entre mille voix chantent les saints Cantiques,
Et du Dieu d'Israël célèbrent les bienfaits:
Du Dien qui de l'impie a détruit la puissance,
Et qui rend à la France

La fille de nos rois, les Bourbons et la paix.

Et toi dont les jardins ombrageoient la victoire,
Séjour de tant de rois couronnés par la gloire,
Reçois avec orgueil les enfans des héros!
Peuple, sous ces lambris vois ton roi magnanime :
Un seul désir l'anime,

Il veut tarir tes pleurs et dissiper tes maux.

Appui de ses vieux ans, ornement de son trône,
Je vois près de Louis son aimable Antigone.
D'un long exil jadis embellissant l'horreur,
Elle guidoit ses pas au milieu des orages;
Sur nos heureux rivages,

Elle charme sa joie, augmente son, bonheur.

Mais quels lugubres sons et quels accens funèbres!
Pourquoi dans le lieu saint ces profondes ténèbres?
Quoi, dans de si beaux jours des images de deuil?
Ah! laissez-nous jouir de la douce allégresse:
Trop souvent la tristesse

Nous a tous rassemblés pleurant près d'un cercueil!

Qu'ai-je dit? au milieu de nos riantes fêtes
Pourrions-nous oublier ces terribles tempêtes,
Qui d'un sang noble et pur firent couler des flots.
La vertu, les talens, les grâces, l'innocence,
Hélas! même l'enfance,

Ont été moissonnés par le fer des bourreaux.

L'héritier de Louis-à ce deuil nous appelle.
Ah! pleurons ce bon roi qu'une rage cruelle

Immola sans pitié pour prix de ses bienfaits!
Venez, Français, venez auprès de cette tombe,
Une femme succombe

Sous le poids douloureux de ses profonds regrets.

Louis, du haut des Cieux où ton âme sublime
Conjure l'Eternel de pardonner le crime,
Sois toujours des Français le tendre protecteur;
De notre repentir les pleurs coulent encore:
D'un peuple qui t'implore

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Daigne oublier l'audace et l'horrible fureur!

condamnée.

Et toi de nos forfaits victime infortunée,
A des pleurs éternels tu n'es
De la mélancolie éloigne les soupirs,

pas

Trop long-temps la douleur dévora ta jeunesse !
Ah! bannis la tristesse ;

Quand tu nous rends heureux, partage nos plaisirs.

Oui, nous le jurons tous sur cette triste tombe,
Par le sang de Louis, par ce saint hécatombe,
Nous chérirons toujours la race des Bourbons;
Jusqu'au dernier soupir nous défendrons leur trône
Et l'antique couronne

Ne tombera jamais de leurs augustes fronts.

Par M. J. F. REVEL, de l'île de Ré.

De Appel comme d'Abus.

Si, après tant de bienfaits de la Providence, nous pouvons former quelque vœu important, au milieu des heureux présages d'un avenir fondé sur la religion, c'est de voir notre illustre Eglise de France régie par les lois qui conviennent aux temps où nous sommes, et soumise à une législation non moins régulière dans le principe qui doit l'établir, que claire et précise dans les dispositions dont elle doit se com

poser. L'appel comme d'abus formoit autrefois une partie de notre droit canonique. Le mot abus qui a donné lieu à tant de troubles, à tant de ruines et à tant de nouveautés, est un de ceux qui s'est encore le mieux maintenu, même après que tant d'esprits sages ont été désabusés des folies et des erreurs des derniers temps. Il a survécu à la tourmente révolutionnaire, et l'appel comme d'abus est un monument assez important de l'ancienne discipline qui, ainsi que nous le ferons voir par la suite, n'avoit pas toujours lieu de se féliciter de cette pratique.

Buonaparte, comme on sait, étoit fort ennemi des abus. Pour détourner probablement l'attention de ceux qu'il devoit se permettre, il eut soin de n'en imputer la possibilité qu'au clergé catholique, et il voulut que, dans sa loi organique du 18 germinal an X, il y eût un article qui autorisât l'appel comme d'abus contre l'autorité spirituelle; on ne voit pas que, de son côté, l'autorité spirituelle fût jamais admissible à former un appel quelconque contre les abus que le pouvoir temporel pouvoit se permettre à son égard. Ce qui suppose que très-certainement le pouvoir temporel en étoit incapable, surtout sous le règne de Buonaparte.

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Tel est le texte de l'article 6 de la loi que nous venons de citer « Il y aura recours au conseil d'Etat dans tous les cas » d'abus, de la part des supérieurs et autres personnes ec>> clésiastiques. Les cas d'abus sont : l'usurpation ou l'ex»cès du pouvoir, la contravention aux lois et règlemens de » la république, l'infraction des règles consacrées par les » canons reçus en France, l'attentat aux libertés, franchises >> et coutumes de l'Eglise gallicane, et toute entreprise ou >> tout procédé qui, dans l'exercice du culte, peut compro>> mettre l'honneur des citoyens, troubler arbitrairement >> leur conscience, dégénérer contre eux en oppression ou en injure, ou en scandale public. » Un des plus illustres prélats de l'ancien clergé de France, M. Champion de Cicé, nommé en 1802 à l'archevêché d'Aix, osa faire remarquer au gouvernement d'alors, que ce sixième article étoit conçu en termes trop vagues, et qu'en facilitant d'une manière aussi indéfinie le recours au conseil d'Etat contre tout acte d'autorité ecclésiastique, dont on croiroit avoir à se plaindre, on ouvroit la porte à toutes sortes de dénonciations, et on autorisoit le conseil d'Etat à se mêler, s'il le jugeoit à propos, de l'administration des sacremens; et même du sacrement de pénitence. On se doute bien que les réclamations de

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M. l'archevêque d'Aix restèrent sans effet. Le grand malheur des gouvernemens qui ne sont pas inspirés par les principes sacrés de la religion, est de se méfier de ceux qui en sont les ministres, et de paralyser ainsi la force et les moyens que Dieu leur a donnés pour le bien de l'Etat.

Depuis la loi du 18 germinal an X, le Code pénal de Buonaparte s'enrichit de quelques dispositions législatives, à l'égard desquelles l'appel comme d'abus n'étoit qu'un bienfait et un acte de complaisance envers le clergé. On sait à quelles peines étoient exposés ceux qui se seroient rendus coupables d'avoir correspondu avec le Saint-Siége pour cause de religion. Certaine interprétation du Code pénal pouvoit conduire à l'échafaud plusieurs ecclésiastiques qui, à la fin de 1810, avoient cru devoir consulter le Souverain Pontife, sur la conduite qu'ils avoient à tenir, dans la situation malheureuse où se trouvoit alors l'Eglise de France. L'appel comme d'abus n'eût été qu'un foible moyen dans les mains de celui qui vouloit asservir le chef auguste du sacerdoce. Des lois pénales, la menace de la mort, devoient à ses yeux produire un effet bien plus prompt sur les ministres des autels. Il s'est trompé, comme tous les persécuteurs, et le clergé de France s'est trouvé, à cette époque, à la veille de moissonner de nouveau ces palmes victorieuses, qui avoient été son partage dans les différens siècles, et naguère encore dans les premières années de la révolution.

Déterminé à ne plus laisser au clergé d'autre ressource contre ses agresseurs, que la rigueur des lois pénales et la sévérité des tribunaux, Buonaparte, par un décret du 25 janvier 1813, attribua aux Cours impériales la connoissance de toutes les affaires où il pourroit être question d'appel comme d'abus. Mais cette ordonnance ne fut jamais exécutée. La date du 25 janvier 1813 est celle d'un concordat dont l'histoire ecclésiastique ne s'empressera pas probablement de consacrer le souvenir, quoique ce concordat ait été publié par un décret du 13 février suivant, et qu'il dût être mis à exécution par un autre décret du 2 mars de la même année, où les appels comme d'abus sont de nouveau attribués aux Cours de justice.

Depuis la restauration, nous pouvons citer sur cette matière une ordonnance royale du 29 juin 1814, qui attribue de nouveau au conseil d'Etat, les affaires relatives à l'appel comme d'abus. On ne voit pas que cette ordonnance ait été exécutée, où que, du moins, il y ait eu occasion d'en faire

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