Images de page
PDF
ePub

1

LETTRES

DE

M. DE VOLTAIRE

A

M. HELVÉTI U S.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

AVERTISSEMENT.

La Poefte avoit beaucoup occupé M. Helvétius dans fa jeunesffe. A 20 ans il avoit fait une tragédie de la Conjuration de Fiefque, qui donna à M. de Voltaire l'espérance d'un grand talent. Il avoit auffi compofe plufieurs Epitres en vers fur différents fujets de Philofophie. M. de Voltaire voulut lui fervir de guide, & l'on voit dans la correspondance de ces deux hommes célebres, d'un côté la confiance & la docilité d'un éleve qui connoit l'importance des avis, & de l'autre le zele défintéressé d'un grand maitre qui fe paffionne pour un mérite naissant, & qui cherche à nourrir l'enthousiasme d'un jeune homme qui le confulte avec franchise. Cette corref pondance n'a fini qu'avec la vie de M. Helvétius. Sa derniere Lettre à M. de Voltaire eft datée de quelques mois avant fa mort. Il avoit ceffé de travailler à fon livre de l'Homme, & vouloit reprendre fon Poëme du Bonheur, auquel il avoit renoncé dès l'âge de vingt-cinq ans, pour Je livrer tout entier à la Philofophie. Ses amis qui avoient été frappés de quelques beautés de cet ouvrage, le preffoient de le revoir, & d'achever beaucoup de morceaux qu'il n'avoit qu'efquiffés. Il en refit quelques-uns qui font les plus beaux de fon Poëme. Avant d'aller plus

loin, & pour mieux prefentir le goût du public fur un talent qu'il avoit négligé depuis long-temps, il voulut avoir l'avis de M. de Voltaire, qui ne l'avoit jamais flatté. Il lui envoya des morceaux qu'il avoit refaits & mourut avant la réponse. Son Poëme devoit avoir VI Chants. C'eft effectivement en VI Chants qu'il fut imprimé auffi- tót après la mort, fur un manufcrit mal en ordre refté depuis vingt ans en des mains étrangeres. Il importe peu de favoir comment il fut publié ainfi défiguré. L'Auteur ne l'a retouché que pendant les deux derniers mois de fa vie. Mais l'on a dû voir dans cette Edition, la feule conforme à son dernier manufcrit, qu'il y avoit fait des corrections effentielles. Ses amis feuls qui connoient le degré de perfection où il pouvoit porter ce Poëme, regrettent beaucoup qu'il ne l'air point fini.

« PrécédentContinuer »