Cependant jufqu'au pied de la roche fatale, Prêts à l'efcalader, ils s'avancent en foule. La terre fous leurs pas, mugit, tremble, s'écroule; Dans mon cœur détrompé tout portoit l'épouvante; L'Effroi glaçoit mes fens; quand de fa main puiflante, L'inconftante Déeffe, un bandeau fur les yeux, Saififfant au hafard un de ces orgueilleux, Elle-même le place au plus haut de fon trône. C'eft-là que fous le dais l'ambitieux s'étonne Se plaint d'être à ce terme, où fon cœur doit fentir Eh quoi dit-il, frappé de terreurs légitimes, Oui ces ambitieux à qui l'on rend hommage ARGUMENT Les richeffes font moins des biens réels que le · moyen d'en acquérir; les rechercher pour ellesmêmes, c'est n'en pas connoître l'ufage. Le ri che ignorant éprouve l'ennui, le mépris des hommes à talents, des favants. Il ne faut point de connoiffances dans une fortune bornée; la nature indique les jouiffances. Il faut des lumieres pour jouir d'une grande fortune, qui ne fer roit qu'à charge, fi elle ne donnoit de nouveaux goûts. Recherchez donc le commerce des philofophes & de's favants: Apprenez à penser avec eux, en vous défiant de leurs fyftêmes. Les Stoïciens ont placé le Bonheur dans le calme d'une ame impaffible; état chimérique dont l'Orgueil veut perfuader l'existence, fans en être persuadé lui-même, LE BONHEUR, POEME ALLEGORIQUE. CHANT 1 I. Si l'Amour, fes plaifirs, le pouvoir, la grandeur, N'ouvrent point aux mortels le temple du Bonheur N'enferment en leur fein ni les biens, ni les maux. Sans attrait pour les arts, de quoi peut-il jouir? Et qu'au pied d'un ormeau, le front orné de lierre, Aux dégoûts, à l'ennui, conduis par l'Ignorance, |