L'éducation progressive, ou, étude du cours de la vie: Étude de la dernière partie de l'enfance

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Page 190 - Il est deux sortes d'obéissance qui se succèdent chez l'enfant. L'une, involontaire et presque machinale, est une habitude qu'il a dû contracter dès le plus bas âge, l'autre est le sentiment d'un devoir qu'il a l'intention de remplir. Il avait d'abord obéi sans y penser , il pense ensuite qu'il doit obéir. Quand tous les plaisirs de l'enfant dépendaient de nous, et qu'il n'avait sans nous ni sécurité ni joie , alors, par une sorte d'échange implicite, il se conformait à nos désirs ;...
Page 205 - On voit que non-seulement l'enfant calcule à merveille les intérêts de son plaisir, qu'il vient à bout de ses desseins avec une adresse infinie, mais que nos préceptes de morale les moins suivis ont été compris. Entendez-le soutenir son droit, il est le défenseur de la plus sévère justice ; lors même qu'il n'est pas question de lui, écoutez comme il gourmande ses frères et sœurs , comme il leur dit que c'est mal fait de désobéira ses parens, honteux d'être ignorant, affreux de dérober...
Page 32 - ... il rayonne sur l'intelligence je ne sais quelle vie, quelle douce chaleur, dont elle est intimement pénétrée. Les sentiments ne sont pas seulement nécessaires à l'esprit pour compléter ses connaissances, ils décident de son caractère même, de sa nature et du genre de son action. . . Le sentiment produit sur les idées le même effet que la musique produit sur des paroles chantées ; il leur donne un caractère, un sens qu'elles n'auraient pas présenté autrement. (L'Education progressive,...
Page 190 - ... faible laisse, prendre à une âme forte, toujours formait-on en lui la docilité, si l'on cherchait à l'obtenir avec un peu de suite et d'insistance. Le sentiment de malaise et d'embarras qu'éprouvait le petit enfant lorsqu'il avait enfreint nos ordres, était déjà un réveil de la conscience chez lui. Lors donc que vous avez attaché à cette première éducation l'importance nécessaire, votre empire a été fondé d'abord sur l'habitude, ce qui est beaucoup, puis sur une idée de devoir,...
Page 215 - ... il a toujours manqué quelque chose à l'idée de Dieu. La philosophie la laisse inanimée, inactive, négative même; elle dit ce que le créateur et le conservateur de l'univers doit être ; elle ne dit pas ce qu'il est. Avec elle la cause première reste engagée dans les chaînes de la nécessité. Le mahométisme plus grossier, la retient également captive dans le fatalisme ; l'Évangile seul nous a montré Dieu revêtu de libre puissance , de beauté , de perfection. A mesure que la connaissance...
Page 281 - Saussure, offre âmes regards une personne que je me rappelle très-bien avoir vue ailleurs ; le son de sa voix ne m'est point nouveau; elle est là devant moi; je la vois, je l'entends, et pourtant l'idée en est chez moi si imparfaite, si isolée, que je ne sais absolument rien de ce qui peut la concerner. Tout à coup son nom me revient, c'est comme un trait de lumière ; avec le nom arrive le temps , le lieu , toutes les circonstances de notre première rencontre : son histoire m' apparaît ,...
Page 281 - ... j'ai retrouvé la clef d'une chambre de mon esprit, où tout ce qui regarde cette personne était renfermé. Singulière et mystérieuse propriété du langage ! Comment tous les accessoires d'un objet viennent-ils se ranger docilement autour de son nom, tandis qu'ils refusent de se rattacher à l'objet même? Le signe obtient ce que la chose n'obtient pas*.
Page 190 - ... .que vous avez attaché à cette première éducation l'importance nécessaire, votre empire a été fondé d'abord sur l'habitude, ce qui est beaucoup, puis sur une idée de devoir, ce qui est bien plus. Toutefois, si la docilité enfantine ne conduisait pas à l'obéissance voulue et préméditée, une telle disposition favoriserait dans la suite la faiblesse, l'apathie, le penchant à voir par les yeux des autres. Rien de tout cela n'est à craindre quand la soumission à l'autorité paternelle...
Page 251 - A dîner, il y avait grand monde ce jour-là, le maître de la maison se mit à raconter la scène froidement et sans réflexion, mais en me nommant. Quand il eut fini, il y eut un moment de silence général, où chacun me regardait avec une espèce d'effroi. J'entendis quelques mots prononcés entre les convives, et, sans que personne m'adressât directement la parole, je pus comprendre que je faisais sur tout le monde l'effet d'un monstre.
Page 266 - Quelques-uns demandent de la présence d'esprit et de la rapidité de repartie, d'autres l'art de saisir des rapports éloignés, d'autres une analyse des idées, pareille à celle qu'on emploie dans les sciences d'investigation, d'autres des efforts de mémoire. La plupart des exercices corporels se prêteraient encore à la forme de jeux. La gymnastique proprement dite et celle des sens, gagneraient même à y être ramenées.

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