Images de page
PDF
ePub

tions, est vn grand acheminement à la gloire de Dieu, et desia on commence à plaire par iceluy à sa diuine Maiesté : car si bien cette delectation n'est pas encore vn entier consentement, c'est vne certaine disposition à iceluy : et si c'est vn bon signe et chose fort vtile de se plaire à oüyr la parole de Dieu, qui est comme une inspiration exterieure, c'est chose bonne aussi et agreable à Dieu de se plaire en l'inspiration interieure. C'est ce plaisir, duquel parlant l'Espouse sacrée, elle dit : Mon ame s'est fonduë d'aise, quand mon bien-aymé a parlé.

Aussi le Gentil-homme est desia fort content de la Damoiselle qu'il sert, et se sent fauorisé quand il voit qu'elle se plaist en son seruice.

Mais enfin, c'est le consentement qui parfait l'acte vertueux car si estans inspirez, et nous estans pleus en l'in

spiration, nous refusons neantmoins par aprés le consentement à Dieu, nous sommes extremement mesconnoissans, et offensons grandement sa diuine Maiesté, car il semble bien qu'il y ait plus de mespris. Ce fut ce qui arriua à l'Espouse; car quoy que la douce voix de son bien-aymé luy eust touché le cœur d'vn sainct ayse, si est-ce neantmoins qu'elle ne luy ouurit pas la porte mais s'en excusa d'vne excuse friuole; de quoy l'Espoux iustement indigné, passa outre, et la quitta; aussi le Gentil-homme, qui aprés auoir longuement recherché vne Damoiselle, et luy auoir rendu son seruice agreable, enfin seroit reietté et mesprisé, auroit bien plus de suiet de mescontentement, que si la recherche n'auoit point esté agrée, ny fauorisée. Resoluez-vous, Philotée, d'accepter de bon cœur toutes les inspirations qu'il plaira à Dieu de vous

faire; et quand elles arriueront, recevez-les, comme les Ambassadeurs du Roy celeste, qui desire contracter mariage auec vous. Oyez paisiblement leurs propositions, considerez l'amour auec lequel vous estes inspirée, et caressez la saincte inspiration.

Consentez, mais d'vn consentement plein, amoureux et constant à la saincte inspiration car en cette sorte, Dieu que vous ne pouuez obliger, se tiendra pour fort obligé à vostre affection : mais auant que de consentir aux inspirations des choses importantes, ou extraordinaires, afin de n'estre point trompée, conseillez-vous tousiours à vostre guide, à ce qu'il examine si l'inspiration est vraye ou fausse; d'autant que l'ennemy voyant vne ame prompte à consentir aux inspirations, luy en propose bien souuent des fausses pour la tromper ce qu'il ne peut ia

mais faire, tandis qu'auec humilité elle obeyra à son conducteur.

Le consentement estant donné, il faut auec vn grand soin procurer les effets, et venir à l'execution de l'inspiration, qui est le comble de la vraye vertu : car d'auoir le consentement dedans le cœur, sans venir à l'effect d'iceluy, ce seroit comme de planter vne vigne sans vouloir qu'elle fructifiast.

Or à tout cecy sert merueilleusement de bien practiquer l'exercice du matin, et les retraites spirituelles que i'ay marquées cy-dessus car par ce moyen nous nous preparons à faire le bien d'vne preparation non seulement generale, mais aussi particuliere.

:

CHAPITRE XIX.

DE LA SAINCTE CONFESSION.

OSTRE Sauueur a laissé à son Eglise le Sacrement de Penitence et de Confession, afin qu'en iceluy nous nous lauions de toutes nos iniquitez, toutes fois et quantes que nous en serons soüillez. Ne permettez donc iamais, Philotée, que vostre cœur demeure longtemps infecté de peché, puis que vous auez vn remede si present et facile. La Lyonne qui a esté accostée du Leopard, va vistement se lauer pour oster la puanteur que cette accointance luy a laissée, afin que le Lyon venant

« PrécédentContinuer »