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'Introduction à la Vie dévote est du petit nombre des livres de piété dont le temps n'a pas diminué la vogue. Écrit sous Henri IV, et publié pour la première fois en 1608, l'ouvrage de saint François de Sales faisoit les délices des plus beaux esprits du siècle de Louis XIV; il fait encore les nôtres. Bossuet l'appelle un chef-d'œuvre de piété, un trésor de sages conseils,

un livre dans lequel tous les esprits purs viennent goûter avec joie les saintes douceurs de la dévotion. (Panégyrique de saint François de Sales.) Bourdaloue n'en parle pas en termes moins magnifiques « Une marque évidente de l'excellence de ce livre, dit-il, c'est qu'il soit devenu si commun dans le christianisme. Nous l'avons tous entre

les mains. » (Panégyrique du même saint.) N'est-ce pas au chef-d'œuvre de saint François de Sales que pensoit aussi Fénelon lorsqu'il vantoit les tours naïfs et aimables du saint écrivain, ses images vives, ses comparaisons sensibles, ses délicatesses et son onction; ou lorsque, caractérisant d'une manière générale le génie de l'évêque de Genève, il disoit : « Il instruit plus que tous les savans qui raisonnent.

On goûte en lui la bénignité du Sauveur, la douceur et la modestie de Jésus-Christ.» (Lettres sur l'Église.)

Qu'ajouter à de tels témoignages? Rien sans doute, si ce n'est qu'après tant de révolutions morales et de changemens dans les esprits, l'Introduction à la Vie dévote est encore le manuel des personnes pieuses, je dirois presque le livre à la mode dans le monde. chrétien. Que sont devenus tant d'ouvrages, partis de mains savantes et habiles, et dont se nourrissoit la piété de nos pères, les œuvres d'un Nicole, d'un Letourneux, d'un Duguet? A peine la connoissance s'en est-elle conservée parmi les gens de lettres. Ces livres, si souvent imprimés et réimprimés, ne trouvent plus de lecteurs. La dévotion austère est passée d'usage. Les

saints tristes, si je puis m'exprimer ainsi, choquent la délicatesse des âmes actuelles; c'est tout au plus si l'éloquence et les foudres d'un Bossuet ne feroient pas fuir aujourd'hui la foule, et je doute que Bourdaloue remontant en chaire ne rebutât pas plus les cœurs par la solidité un peu sèche de sa doctrine qu'il ne convaincroit les esprits la force de son raisonnement.

par

La douceur de saint François de Sales est de tous les temps; elle convient surtout au nôtre. La fleur de charité qui brille dans ses ouvrages, et particulièrement dans celui-ci, est un attrait auquel les hommes seront toujours sensibles; au siècle présent, c'est un besoin de notre foiblesse. Nous sommes infirmes par le cœur et faciles à effaroucher; la bénignité de saint

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