Images de page
PDF
ePub

propos de conferver la note. Nous nous fuppofons actuellement en pleine Mer. La premiére colomine de notre Table indique le quantiéme du mois; nous marquons dans la feconde les qualités du vent; on voit, par exemple, vis-à-vis du Mercredi 4, que le vent a été NE, affez fort; & de la maniére dont nous comptons les jours, il faut que ce vent ait régné depuis le midi du Mardi 3, jufqu'au midi du jour fuivant. Ainfi lorfqu'il fe fait quelque changement, nous le mettons fous un jour ou fous l'autre, felon qu'il arrive avant ou après midi.

167. La troifiéme colomne fpécifie le nombre des voiles qui font déployées, & la maniére dont elles font orientées. Lorfqu'elles font difpofées obliquement par rapport à la quille, ou à la longueur du Navire, un de leurs angles d'en-bas eft plus avancé vers la proue, & l'autre plus porté vers poupe. L'endroit du Navire où se termine vers l'avant la grande voile, lorsqu'elle eft difpofée le plus obliquement, fe nomme l'Amure, & on fpécifie fi la voile eft amurée du côté droit ou du côté gauche. Le côté droit du Navire répond à la droite du Pilote, qui regarde vers l'avant. Ainfi fi les voiles font orientées comme dans la Figure 47, on dit qu'elles font amurées du côté droit ou du côté de Stribord, pour parler comme les Marins. Elles font en même tems bordées ou tirées vers la poupe par l'autre angle, & c'eft du côté gauche ou de Bafbord.

que

168. La quatriéme & la cinquiéme colomnes marquent le chemin & le rumb eftimés & réduits. On fait presque chaque jour d'un midi à l'autre plufieurs petites routes; mais elles font équivalentes à une feule, de même les quatre routes particuliéres AD, DE, EF, FG fe réduisent à une ligne droite qu'on tireroit de A en G dans notre feconde Carte. On a donc marqué 47 lieues à l'O 6 deg. N, vis-à-vis du Mercredi 4, parce que toutes les petites routes qu'on ne rapporte pas en détail, mais qu'on à faites depuis le Mardi 3 à midi jusqu'au 4 à midi, font

équivalentes à une feule route de 47 lieues courues fur 1'06 deg. N. Nous pouvons nous difpenfer de répéter que la quantité du chemin de chaque route particuliére a été mefurée avec le Loch, & que le rumb de vent que nous regardons comme eftimé, a cependant déja été corrigé de l'erreur de la dérive & de celle que produit la variation de la Bouffole. Nous le nommons eftimé, malgré toutes ces corrections; parce qu'il peut encore fe trouver fujet à de très - grandes erreurs, de même que la quantité du

chemin.

169. Les trois colomnes fuivantes ont rapport à la variation de la Bouffole, dont la connoiffance a fervi à rectifier les rumbs de vent déja marqués. Ces trois colomnes auront ordinairement de grands vuides, parce qu'on n'obferve pas en Mer la variation auffi fouvent qu'on le fouhaiteroit. On fe reffouvient qu'il faut obferver à combien de diftance le Soleil fe léve ou fe couche de l'Eft ou de * Voy. ci- l'Ouest de la Bouffole*, & qu'on compare cette distance devant No.67 avec celle que fournit le calcul. L'une eft l'amplitude obfervée, & l'autre l'amplitude calculée. Les amplitudes occafes marquées vis-à-vis du Mercredi 4, appartiennent au Mardi au foir, à caufe de notre maniére de compter les jours.

170. La neuviéme & la dixiéme colomnes marquent la latitude & la longitude du point eftimé. On y voit pour chaque midi l'endroit de la Mer où le Pilote croit être ; c'eft ici fon point eftimé, qu'il entreprend de corriger, lorfque le Ciel lui permet d'obferver la latitude. Il l'obferva le 3 à midi, & il corrigea en conféquence fon point dont la latitude & la longitude font marquées dans la onziéme & la douziéme colomnes. Le Pilote employa enfuite les latitude & longitude de ce jour-là, pour trouver celles du 4 & du 5 par le moyen des routes eftimées, mais comme il n'eut point d'obfervation de latitude ces deux mêmes jours, fa Navigation n'eft qu'eftimée. Le 6 il obferva la latitude de 19 deg.25 min.lorfqu'il croyoit être par

19 deg. 5 min. & il dût alors corriger fon point, au moins quant à la latitude.

171. On continue ainfi de jour en jour jusqu'à la fin de sa Navigation; mais on doit se tenir fur fes gardes dans le tems même qu'on fe croit encore affez loin de terre, & ne donner toujours qu'une médiocre confiance à son travail. Il faut aller de nuit à petites voiles, lorfqu'il n'y a point encore de péril à craindre ; & il eft même de la prudence quelquefois, lorfque les nuits font longues & obfcures, de reprendre un peu le large, c'eft-à-dire, de courir non pas parallelement à la Côte, mais de s'en écarter de quelque quart de vent. L'ufage de la Sonde eft d'un grand fecours dans ces rencontres. Il fuffit quelquefois de fçavoir combien il y a de fond ou de profondeur d'eau pour pouvoir avec l'observation de la latitude, marquer fur la Carte l'endroit où l'on eft. On trouve dans certains Parages le fond à plus de 150 lieues de diftance de terre; & il va infenfiblement en montant à mesure qu'on avance. 172. Les Pilotes ont des Livres qu'ils confultent & qu'ils nomment Routiers. Ces Livres indiquent, non-feulement la profondeur de l'eau, mais toutes les qualités du fond: ils marquent fi ce fond eft de vafe, ou de fable, mêlé de coquilles, de petites pierres colorées, &c. Toutes les différences qu'on peut reconnoître par la Sonde, fe réduisent à cinq ou fix; & on pourroit fort aifément les écrire en abrégé fur les Cartes mêmes, à côté des braffes d'eau. Les lettres initiales fuffiroient, ou bien on emploieroit quelques autres marques qu'on expliqueroit dans quelque endroit de la Carte.

I I I.

De la Maniére de Sonder.

173. Il est très-facile de fonder dans les Mers peu profondes; mais l'opération eft longue & pénible, lorf

qu'en venant de loin, on veut fonder dans des endroits où il y a une grande profondeur d'eau. Il faut alors fe fervir de cordes ou de lignes de fonde beaucoup plus groffes, &on eft auffi obligé de mettre à l'extrémité des poids beaucoup plus pefans, des plombs, par exemple, de 60 ou 80 livres, au lieu de ceux de 20 ou 30 livres qui fuffisent ordinairement. Ces poids ont la forme conique ou de pains de fucre, & ils ont toujours en-deffous un creux dans lequel on met du fuif. Cette matiére, en s'appuyant fur le fond, fe charge de quelques-unes des parties terreftres qui font en-bas, ou reçoit l'impreffion du rocher, s'il n'y a rien autre chofe.

174. On ne peut pas fonder, pendant que le Navire fait voile, car le choc de l'eau empêcheroit le plomb de defcendre, & expoferoit la ligne à fe rompre. Il faut donc néceffairement s'arrêter, ou mettre côté à travers. Plufieurs Matelots fe mettent autour du Navire par-dehors; ils foutiennent la ligne ; & lorsque tout eft prêt, ils lâchent à leur tour la portion qu'ils tenoient, & ils ne la lâchent qu'autant qu'il eft nécessaire, afin de fentir, s'il eft poffible, la diminution que doit recevoir tout-à-coup le poids total, lorsque le plomb vient à s'appuyer fur le fond. 175. « Je ne fcache perfonne qui ait bien expliqué » pourquoi il eft fi difficile de fonder les endroits trèsprofonds de la Mer, ceux, par exemple, qui ont plus » de 200 braffes de profondeur. On s'imagine ordinaire>>ment que la corde ou la corde ou ligne de fonde eft plus légére que » l'eau, & que lorfqu'elle est très-longue, elle fait flotter >> le plomb qui eft à son extrémité. Il me vint en pensée, >> lorfque j'étois dans cette perfuafion, qu'on pourroit aug» menter beaucoup & autant qu'on le voudroit, la pe» fanteur du poids, fans expofer la corde à fe rompre. » C'étoit de diftribuer le poids par parties, & de les met>>tre de distance en distance le long de la ligne de fonde. >> Le poids partagé de cette forte, peut fe trouver affez » grand pour entraîner le tout en-bas, & on le diminuera

réellement en retirant la ligne à bord, puifque cette par- << tie de la ligne amenera avec elle une partie du poids. «< Je partois d'une fauffe fuppofition: car il eft certain que << les lignes de fonde, de même que les autres cordes dont <<< on fe fert dans les Vaiffeaux, font plus pefantes que l'eau «< de Mer, & qu'elles vont en-bas, fans qu'il foit nécef- «< faire d'y joindre aucun poids étranger. Mais peut-être «< que l'expédient auroit néanmoins fon uti:ité pour fonder <<< dans les endroits extrêmement profonds. Au lieu de se « fervir de plombs de 140 ou de 150 livres, comme on «< feroit quelquefois tenté d'en employer, afin de rendre << leur poids plus confidérable par rapport à la pefanteur << de la ligne, on pourroit fe contenter de mettre en-bas « un plomb de 50 ou 60 livres, & en ajoûter d'autres de «< 18 ou 20 livres, de 80 braffes en 80 braffes, ou de 100 «

en 100. «<

176. On peut, en fe propofant le même but, avoir «< recours à un moyen tout contraire. Pour rendre la péfan- «< teur du plomb relativement plus grande, il n'y a qu'à « diminuer celle de la ligne, & pour diminuer cette der- «< niére dans la Mer, il n'y a qu'à mettre fur la ligne des «< morceaux de liége, de distance en distance. On donne- « roit aux morceaux de liége la forme de fufeaux; il fau- «< droit qu'ils fuffent coupés par la moitié, felon leur lon- «< gueur, & qu'ils s'ouvriffent comme s'ils avoient une «<< charniére. On les fermeroit, en les attachant avec force «<< fur la corde, qui auroit des noeuds pour les arrêter; & « on les mettroit en place avec la même facilité qu'on les «< ôteroit. Il feroit facile, en faifant l'effai d'avance dans «< une baille pleine d'eau, de voir fi on a appliqué affez de « ces morceaux de liége, pour faire flotter les différentes «<< parties de la ligne pliée en paquet, & fi on a donné au «< tout une parfaite indifférence à monter & à defcendre. «< On ne reflentiroit après cela, en fondant, que la feule « pefanteur du plomb qui feroit à l'extrémité de la corde ; « & il femble que lorfque ce poids s'appuyeroit fur le fond, «

« PrécédentContinuer »