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gâtât aisément à l'air; l'alliage dont il eft formé le garan- Fig. 67.& 68.
tit des altérations que quelques perfonnes nous faifoient
craindre mal-à-propos. La perfection de l'inftrument dé-
pend presque entiérement de ce miroir, qui doit être
faitement plan. Il faut auffi que l'allidade ne fouffre abfo-
lument aucun jeu en tournant fur le centre C. On joint
affez fouvent des lunettes à ces Octans, on les met à la
place des pinnules, & on peut en retirer une affez grande
utilité. Cependant elles ne fervent guère qu'à corriger les
défauts particuliers de la vûe de l'Obfervateur; ce qu'on
peut faire prefque auffi facilement, en mettant un verre
accommodé à la conftitution de fes yeux au-devant de
la pinnule 0, ou de la pinnule V.

De la Graduation des Inftrumens felon la
Méthode de Nonius.

60. Enfin il reste encore à dire un mot d'une espéce
particuliére de graduation, qui eft employée fouvent
dans les inftrumens Anglois. Les degrez au lieu d'être di-
vifés par des lignes obliques ou tranfverfales, comme dans
les échelles de dixmes, font divifés par une Méthode con-
nue fous le nom de Nonius, à qui on l'attribue ordinaire-
ment; elle eft extrêmement ingénieufe, & elle peut avoir
fon application dans beaucoup d'autres cas.

61. L'extrémité inférieure de l'allidade a une espéce Fig. 69. d'empatement VX (Fig. 69.) qui touche toujours exactement contre l'arc de l'inftrument, lorfqu'on fait gliffer l'allidade. Cet empatement a des divifions qui ne font pas égales à celles de l'inftrument, & leurs différences réciproques tiennent lieu de nouvelles fubdivifions. Si, par exemple,le degré eft divifé fur l'arc de l'inftrument en cinq parties, ce qui les fera valoir chacune 12 minutes ; & que l'efpace de 2 deg. 12 min. ou de 132 min. au lieu d'être divifé fur l'extrémité de l'allidade en onze parties égales, foit divifé en 12, chacune de ces derniéres parties ne fera

obferver la hauteur des Aftres. Il eft plus aifé au Pilote de fe régler fur la ligne de niveau que fournit la féparation apparente de la Mer ou du Ciel, lorsqu'aucun obftacle ne borne fa vue. Cette ligne conduite depuis l'oeil de l'Obfervateur jufqu'à l'extrémité apparente de la Mer, n'eft pas parfaitement horifontale; elle panche un peu du côté de la Mer a caufe de l'élévation du Vaiffeau; mais cette inclinaison n'eft pas grande, & d'ailleurs on peut en fçavoir l'exacte quantité.

I I.

Defcription de l'Arbaleftrille.

20. Les Pilotes fe font fervi pendant très-long-tems & ils se fervent encore actuellement de l'Arbaleftrille, qui eft un inftrument compofé de deux piéces principales, qui forment une espéce de croix. L'une de ces piéces, qui eft ordinairement d'ébène ou de quelqu'autre bois dur, fe nomme la Fleche. C'est un bâton quarré qui a deux pieds & demi ou trois pieds de longueur, lequel paffe perpendiculairement au travers de l'autre piéce qu'on nomme le Marteau, qui eft percée d'un trou quarré. La Fléche doit gliffer librement dans ce trou, mais ne doit pas y jouer; & il faut que les deux piéces faffent toujours des angles exactement droits, ce qui oblige de rendre le mar teau beaucoup plus épais vers le milieu.

21. La Flèche eft graduée fur chacune de fes quatre faces; on voit fur chacune deux rangées de chiffres, l'une vient en augmentant vers le bout de la Fléche, qui est plat, & qu'on nomme le Bout de l'œil, par la raifon qu'on verra dans un inftant. Cette rangée ou colomne de chiffres finit à 90 degrez, qui eft la plus grande hauteur, & l'autre colomne marque le complément ou les distances de l'Aftre au Zénith. Celle-ci commence par zéro qui est marqué vis-à-vis de 90 degrez de hauteur; on trouve 10 degrez de complément vis-à-vis de 80 degrez de hauteur;

20 degrez de complément vis-à-vis de 70, &c. La marche des deux rangées de chiffres fe fait en fens contraire; il faut bien que cela foit ainfi, puifque l'Aftre ne peut pas monter ou s'éloigner de l'Horison fans approcher du Zé

nith.

22. Chaque face de la Fléche ayant fa graduation particuliére, elle a aussi son marteau. On reconnoît le mar teau qui appartient à chaque face, en voyant fi la moitié de fa longueur eft égale à la diftance qu'il y a fur la Fléche depuis le bout de l'œil jufqu'à 90 degrez de hauteur ou zéro de complément. On doit toujours dans les obfervations préférer les plus grands marteaux; mais lorsque l'Aftre eft fort bas, il faut néceffairement avoir recours aux plus petits, comme les Lecteurs vont s'en convaincre. Maniére de prendre Hauteur par devant avec l'Arbaleflrille.

23.

Après avoir choisi la face, & fait passer la Fléche dans le marteau, dont le plat doit être tourné vers le bout de l'œil, on applique l'œil à ce même bout, on se tourne vers l'Aftre, & on éloigne ou on rapproche le marteau jufqu'à ce qu'on voye en même tems par fon extrémité d'en-bas, l'Horifon ou la féparation apparente de la Mer & du Ciel, & l'Aftre par l'extrémité d'en-haut. Si c'est le Soleil qu'on obferve, on tempére la vivacité de fes rayons, en fe fervant d'un verre coloré ou enfumé qu'on met devant l'oeil. La hauteur de l'Aftre fe trouvera enfuite marquée fur la graduation de la Fléche, dans l'endroit où fera arrêté le marteau.

24. La Figure 56 repréfente l'Arbaleftrille entiérement Fig. 56. difpofée pour l'obfervation. La hauteur de l'Aftre S eft repréfentée par la grandeur de l'angle SAH: car la ligne A Hmarque ici le rayon visuel qui étant prolongé vers H, iroit fe rendre à l'Horifon. La hauteur eft marquée en E fur une des deux rangées de chiffres, fur celle qui finit

Fig. 56.

en F par 90 degrez; & on aura dans le même point E le
complément de la hauteur ou la diftance de l'Aftre au Zé-
nith, fur l'autre colomne ou celle qui commence par zéro.
Si l'on jette les yeux fur la graduation d'une Fléche, on
verra que les degrez y font repréfentés par des efpaces
fort inégaux entr'eux; mais malgré leurs inégalités, ils ré-
pondent exactement à des degrez égaux qui feroient mar-
qués fur un arc de cercle qui auroit le point A pour cen-
tre, & qui feroit décrit entre les lignes AS & A H.
25. La méthode de prendre hauteur par devant, ou en
se tournant vers l'Aftre avec l'Arbaleftrille, eft fi défec-
tueufe qu'on ne doit jamais y avoir recours dans la prati-
que. L'obfervation pécheroit en excès fur la hauteur, &
en défaut fur le complément : car la graduation de l'inf-
trument fuppofe que la pointe de l'angle SA Hfe trouve
exactement dans le point A; & elle ne s'y trouve pas
réellement, puifque l'oeil eft toujours un peu éloigné du
bout de la Fléche. On eft encore fujet à un autre incon-
vénient, & auquel il y a moins de reméde, lorfqu'on se
fert de l'Arbaleftrille, en obfervant la hauteur par devant;
on eft obligé de vifer en même tems à l'Horifon & à l'Af-
tre, quoique notre vûe n'ait pas affez d'étendue pour
comprendre du même coup d'œil deux objets qui forment
un grand angle, & pour les voir d'une maniére affez dif-
tincte.

Prendre Hauteur par derrière avec l'Arba,
leftrille.

26. On s'eft donc trouvé dans la néceffité d'imaginer un autre moyen de fe fervir de l'Arbaleftrille: on y a recours lorsque l'Aftre qu'on obferve, répand affez de lumiére pour que les corps qui y font exposés, jettent de l'ombre. Après avoir choifi la face de la Fléche, on met le marteau à l'extrémité, au bout de l'oeil, en faisant en forte que le plat de ce marteau CD & le bout A de la Fléche

Fléche (Figure 57.) forment un plan exact. On paffe après Figure 17. cela fur la Fléche le plus petit des quatre marteaux E en le faisant répondre à la même face que l'autre. Ce petit marteau qu'on nomme Gabet, eft un peu différent des trois plus grands; il a une traverse comme le repréfente la Figure 58. On tourne enfuite le dos à l'Aftre; on vife à l'Horifon ou à la féparation apparente de la Mer & du Ciel par l'extrémité d'en-bas D`du grand marteau, & par la traverse du petit E; & on éloigne ou on approche ce petit marteau jufqu'à ce que fa traverse reçoive exactement l'ombre de l'extrémité fupérieure C du grand marteau. Pourvû que ces deux chofes concourent parfaitement, que la traverse du Gabet paroiffe toucher l'Horifon, & qu'elle reçoive l'ombre de l'extrémité fupérieure C du grand marteau, on a la hauteur du Soleil dans l'endroit où eft arrêté le petit marteau. Elle eft marquée en E fur la rangée de chiffres qui vient en augmentant jufqu'à 90 degrez vers le bout de l'œil, & on a le complément de la hauteur ou la diftance de l'Aftre au Zénith dans le même point E fur l'autre rangée de chiffres qui fe termine à

zéro en F.

27. Si la hauteur du Soleil augmente, il arrivera que lorfque le Pilote vifera à l'Horifon par la traverse du petit marteau ou du Gabet, l'ombre du grand marteau ne tombera plus fur la même traverse, mais un peu plus bas ; ainsi il faudra néceffairement tirer le Gabet à foi; ce qui fera trouver un plus grand nombre de degrez pour la hauteur, & un moindre pour le complément.

28. On doit toujours être extrêmement attentif dans toutes les obfervations à ne pancher l'inftrument ni vers la droite ni vers la gauche; puifque la hauteur qu'on veut mesurer eft l'élévation du Soleil prife en arc de cercle, mais perpendiculairement à l'Horison. On a une facilité de plus forfqu'on obferve par derrière ou de la maniére qui eft représentée dans la Figure 57. Pour peu qu'on inclinât le marteau dans l'un ou dans l'autre fens, la traverse

Hh

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