chaque Pole: il reftera 43 . 3 m. pour la largeur de cha- Figure 37

cune.

III.

De la Latitude & de la Longitude ; & des changemens qu'elles reçoivent, lorf qu'on paffé d'un lieu à un autre.

e

(Voyez les Figures 37 & 38.)

13. Il eft facile de concevoir qu'un Obfervateur ne peut pas faire un pas fur la furface de la Terre, fans qu'il apperçoive quelque différence dans l'apparence du Ciel. C'eft ce qui vient de la rondeur de la Terre, & de ce que chacun de fes points jouit, pour ainsi dire, d'un Ciel différent. On nomme Latitude d'un lieu, fa distance à l'Equateur terreftre, ou la quantité dont il eft avancé dans la partie du Nord, ou dans la partie du Sud. Cette distance se mesure fur la furface du Globe par le plus court chemin, & par conféquent fur le Méridien qui paffe par le lieu, & qui eft toujours perpendiculaire à l'Equateur. Si le lieu eft fur l'Equateur, il n'a point de latitude; & fi au contraire on pouvoit aller jufqu'au Pole, on en auroit 90 degrez & la plus grande de toutes les latitudes. Tous les lieux qui font fur un même Parallele, ont exactement la même, parce qu'ils font également éloignés de l'Equateur. On diftingue les Latitudes en Septentrionale & en Méridionale,ou en Nord & Sud, felon que le lieu dont il s'agit, eft dans la partie du Nord ou dans la partie du Sud, dans un Hémisphère ou

dans l'autre.

14. Nous avons des moyens pour déterminer notre changement de Latitude en Mer, qui font d'une application tout-à-fait simple. Nous nommons Zénith le point le plus haut du Ciel, ou le point qui répond exactement fur notre tête, & Nadir le point qui eft à l'oppofite fous nos pieds. Mais pour peu que nous marchions, ces deux points

Fig. 37 & 38. changent de place de même que notre Horifon. Si nous avançons vers le Nord, notre Horifon s'abaiffe du même côté, & s'élève de l'autre. Le point le plus haut du Ciel ou notre Zénith, avance en même tems vers les Etoiles qui font voisines du Pole arctique, & s'éloigne du Soleil & des Etoiles qui font proche de l'Equateur. Si nous faifions tout le tour de la Terre ou fes 360 degrez, notre Zénith parcourroit auffi toute la circonférence du Ciel ou fes 360 de-grez. Ainfi nous pouvons juger en Mer de notre progrès vers l'Equateur ou vers le Pole, ou de notre changement en latitude, par le changement de fituations que reçoivent les Aftres à l'égard de notre Zénith. Il nous fuffit, pour re-marquer ce changement, de faire des opérations femblables à celles que nous avons décrites dans le Livre premier N° 94 & fuiv. ou de nous fervir d'inftrumens équivalens à celui que nous avons repréfenté dans la Fig. 3, mais› qui foient moins imparfaits.

15. Nous venons de dire que le Ciel change d'apparen-ce pour nous, auffi-tôt que nous changeons de place. Dans la Figure 38 le grand cercle HZOQ repréfente le Ciel; &. le petit qui eft au-dedans, tient lieu de la Terre. Les deux. Poles du Monde ou du Ciel font marqués par les points N & S, qui font à l'oppofite l'un de l'autre. La ligne E Q re-préfente l'Equateur du Ciel, & BC eft l'Equateur de la Terre. La diftance A B eft donc la latitude de l'Obfervateur A, & elle eft égale en degrez à la distance du Zénith: Z à l'Equateur du Ciel : il y a exactement le même nom-bre de degrez de la Terre depuis Ajufqu'en B, que de degrez du Ciel depuis Z jufqu'en E. La latitude eft encore. égale à la quantité dont le Pole N est élevé au-dessus de l'Horifon. Si l'Obfervateur A avance vers l'Equateur de la Terre, fon Zénith avancera du même nombre de degrez. vers l'Equateur du Ciel, & s'y rendra exactement, fuppofé que l'Obfervateur continue fa route jufqu'à l'Equateur. L'Horifon H changera de place en même tems, & prendra la fituation SN. Cet Horifon fitué en NS ne fera pas

Horifon pour nous, mais il le fera pour l'Obfervateur arrivé Fig. 37.& 38. en B: il féparera exactement pour lui la partie fupérieure du Ciel, de la partie inférieure.

16. Il fuit de-là que nous avons deux méthodes de dé-
terminer la latitude d'un lieu, parce que nous pouvons ob-
ferver dans le Ciel deux quantités qui y font exactement
égales en nombre de degrez. Nous pouvons chercher la
distance de notre Zénith à l'Equateur célefte, ou bien la
quantité dont le Pole eft élevé au- deffus de l'Horifon.
Nous ne réuffirons pas à trouver ces quantités immédiate-
ment: mais, comme nous le montrerons dans le Livre
fuivant, nous trouverons la distance du Zénith à quelque
Aftre dont nous connoîtrons toujours la fituation par rapport
à l'Equateur ou au Pole. Lorfque je cherchois à Sainte
Marthe dans l'Amérique, le 30 Octobre 1743, la quantité
dont le Soleil étoit éloigné de mon Zénith, ou du point le
plus haut du Ciel, cet Aftre étoit de l'autre côté de l'Equa-
teur de 13 d. 50 m. Ainfi la diftance que je trouvai, étoit
trop grande; & je dus retrancher 134.50m. des 25 d. 14 m.
que me donna l'obfervation; ce qui apprend que la latitude
de Sainte Marthe eft de 114. 24 m. ou que ce Port est éloi-
gné de l'Equateur terreftre de cette quantité du côté du
Nord.

17. Notre latitude étant connue, c'en eft fouvent affez'
pour que nous puiffions reconnoître fur la Carte, lorsque
nous fommes en Mer, les côtes vis-à-vis defquelles nous
nous trouvons. On voit aux deux côtés des Cartes Mari
nes des Echelles qui font dirigées Nord & Sud, & qui font
destinées à marquer les latitudes. Ces Echelles ne com-
mencent pas toujours à l'Equateur, parce que la Carte n'est
pas affez grande; l'Equateur eft en dehors, mais les degrez
de latitude font toujours cenfés y commencer. Si on jette
les
yeux fur notre feconde Carte, ou fur celle qui repré-
fente une partie des côtes de France & d'Efpagne, on verra
43. marqués au bas de l'Echelle, parce que l'Equateur eft
43. en dehors de la Carte ou de la partie de la furface de la-

Fig. 37.&38. Terre dont cette Carte eft un tableau. Les degrez qui font divifés de 10 minutes en 10 minutes dans cette Carte, puifqu'ils font partagés en 6 parties égales, font marqués dans un certain fens,& en allant vers le Nord; parce que les latitudes ou les distances à l'Equateur deviennent plus grandes dans l'Hémisphère feptentrional, à mefure qu'on avance vers le Nord. Mais pour revenir à ce que nous difions, que la latitude fuffit fouvent feule pour nous faire connoître quelle eft la côte où nous abordons,il eft évident que fi l'observation des Aftres nous apprend, au retour d'un voyage, que nous fommes par 47. 10 m. de latitude, & que nous voyons une Ifle devant nous à l'Orient, nous ne pouvons pas nous y tromper. La Carte nous fait connoître que nous ne fommes pas auprès des côtes d'Espagne, ni même auprès de celles de Poitou ; car elles font plus voifines de l'Equateur. Nous ne fommes pas à portée non plus de voir Oüeffant ni les environs de Breft; la Terre que nous voyons eft néceffairement Belle-ifle.

De la Longitude des Lieux fur le Globe
Terreftre.

18. Pendant que l'obfervation de la Latitude nous fait
connoître la quantité dont nous fommes avancés vers le
Nord ou vers le Sud par rapport à l'Equateur, la Longitude
détermine notre fituation plus ou moins avancée vers l'O-
rient ou vers l'Occident. Chaque Nation a ordinairement
choisi un Méridien qu'elle regarde comme le premier; elle
y rapporte tous les autres ; & on nomme Longitude, la dif-
tance où l'on eft de ce Méridien, en mefurant cette diftan-
ce fur l'Equateur, ou fur la circonférence de quelque Pa-
rallele. Nous nous conformons à une Ordonnance de Louis
XIII, & nous faifons paffer notre premier Méridien par
l'Ile-de-fer qui eft la plus occidentale des Canaries. Nous
J'avons marqué par NAS dans la Figure 37, & nous avons
obfervé la même loi dans nos Cartes. On s'en écarte néan-

moins affez fouvent aujourd'hui : on trouve beaucoup de Figure 37. Cartes Françoises où le premier Méridien paffe par l'Observatoire Royal de Paris. Les Hollandois font paffer leur premier Méridien par le Pic de Ténériffe, une des plus hautes montagnes du monde. Cela eft abfolument indifférent, pourvû que cette multitude de premiers Méridiens ne faf fent tomber les Pilotes dans aucune équivoque.

19. L'ufage varie encore fur la maniére de compter la Longitude. Il faut toujours la compter d'Occident vers l'Orient, depuis o degré jufqu'à 360 degrez, felon la difpofition de Louis XIII. Ainfi, fuppofé qu'on foit un degré de l'autre côté du premier Méridien ou à l'Occident, on ne fera pas par un degré de longitude, mais par 359 degrez; parce qu'on commence la longitude au premier Méridien qui n'eft qu'un demi-cercle, & qu'on la compte en allant toujours vers l'Orient, fans aucun égard au fens dans lequel s'eft fait la route. Cette maniére de compter eft la plus gé néralement fuivie en France.

20. Cependant plufieurs Hydrographes François, ou Auteurs de Cartes, diftinguent deux fortes de Longitudes, l'une Orientale & l'autre Occidentale, & ils les comptent de l'un & de l'autre côté du premier Méridien jufqu'à 180 degrez: on sent affez que le tout revient au même, pourvû qu'on s'explique. C'est comme fi l'on comptoit les heures de la journée autrement que nous ne le faifons; mais qu'on eût foin de nous en avertir : 1 deg. de longitude occidentale eft la même chofe que 359 degrez felon l'autre maniére de compter: 15 degrez de longitude occidentale reviennent à 345 degrez; ils indiquent également le Méridien NT XS fur la Figure 37, & ils fuppofent également une heure de différence dans les Midys.

2 I.. On doit bien remarquer que lorfqu'on court exactement au Nord ou au Sud, ou que lorfqu'on fuit le même Méridien, on conferve toujours précisément la même lon gitude. La diftance au premier Méridien fe mefure fur l'Equateur ou fur les Paralleles, & les degrez des Paralleles font