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faire de l'ombre de notre Globe. On peut auffi fe difpen- « Fig. 37. & 3, fer d'y avoir égard dans la Marine, & continuer à confi- «< dérer la Terre comme un Globe parfait. Il eft feulement <<< à propos, puisque les degrez du Méridien font de gran- <<< deurs un peu différentes, de leur attribuer, lorfqu'on les «< fuppofe égaux, non pas la plus grande longueur qu'ils « ont vers les Poles, ni la plus petite qu'ils ont vers l'E- « quateur; mais celle qui tient un milieu. On peut s'arrê- << ter à celle qu'ils ont vers le 45me degré de latitude, &« les fixer à 57000 toifes. ».

31. Cela fuppofé, nous pouvons régler aisément la Longueur de la lieue marine, en la rendant une certaine partie du degré. Il vaut incomparablement mieux prendre ce parti, que de donner d'abord au hazard une certaine grandeur à la lieue, & voir enfuite combien elle eft contenue de fois dans les 57000 toifes du degré. On veut en France que le degré contienne exactement 20 lieues. Ainfi nous n'avons qu'à divifer 57000 toifes par 20, & nous aurons 2850 toifes du Châtelet de Paris pour la lieue marine françoife. Cette lieue eft plus grande que la plûpart de celles dont on fe fert dans les différentes Provinces du Royaume, & elle eft auffi plus longue que la lieue horaire que fait ordinairement un homme de pied pendant une heure. Les Hollandois mettent 15 lieues dans le degré terreftre; ainfi chacune de ces derniéres lieues fera de 3800 toifes. Les Italiens fe fervent de milles, qui étoient cenfés de 1000 pas géométriques ou pas doubles, qui font chacun de 5 pieds; & ils fuppofoient que 60 de ces milles faifoient un degré. Cette maniére d'évaluer les distances eft fort commode : Le mille d'Italie doit valoir une minute de degré terreftre, ou un tiers de nos lieues marines; mais il faut donc néceffairement en changer la tongueur, & l'augmenter d'environ une 7me partie. En effet 1000 pas géométriques, ou 5000 pieds de Roy ne répondent qu'à 833 toifes un tiers; au lieu qu'il faut donner 950 toifes au mille, pour le rendre égal à nos tiers de lieue ou

Fig. 37.& 33.

aux minutes des degrez des Méridiens ou de l'Equateur, que nous confidérons comme égaux.

32.

«La grandeur de la circonférence de la Terre fuppofée ronde, fe déduit par une fimple multiplica» tion. Le degré eft la 360me partie de la circonférence de » la Terre, pendant que chaque degré contient 20 lieues. >>. On aura donc 7200 lieues pour le circuit de la Terre. » Cette détermination n'a rien de vague, puifqu'il s'agit > ici de lieues dont nous connoiffons parfaitement la lon»gueur. Archimede a trouvé que, lorfque la circonféren>> ce d'un cercle eft de 22 parties, le diamétre eft de 7. On » peut fonder fur cela une proportion ou régle de Trois, qui donnera le diamétre de la Terre. 22 eft à 7, comme 7200 lieues de circonférence de la Terre eft à un quatrié» me terme. Métius a exprimé beaucoup plus exactement >> le rapport du diamétre du cercle à la circonférence, par des nombres qui font très-faciles à retenir : ces nombres » font 113 & 355. Ainfi nous n'avons qu'à faire cette autre proportion: 355 eft à 113, comme 7200 lieues de la circonférence de la Terre eft à 2320 lieues pour le diamétré. Prenant la moitié de ce dernier nombre, on aura 1160 » lieues pour le rayon ou pour la diftance d'ici au centre.» 33. Enfin nous pouvons maintenant nous fervir des Echelles des degrez, qui font tracées dans les Cartes, comme si elles marquoient des lieues; & il nous fera facile avec un compas de mesurer toutes les diftances. On aura autant de fois 20 lieues qu'on aura de degrez: 30 minutes marqueront la longueur de 10 lieues, & 3 minutes celle d'une lieue. Il faut feulement bien fe fouvenir que ce font les degrez des Méridiens ou de l'Equateur, qui ont cette longueur déterminée, & non pas les degrez des Paralleles puifque ceux-ci font plus petits dans toutes fortes de rapports, lorfqu'on avance vers les Poles. Nos Cartes font deftinées,principalement lorsque nous avons singlé un certain nombre de lieues vers un certain côté, à nous montrer en quel endroit nous fommes parvenus. Si l'on eft

parti, , par exemple, des environs de Dieppe, & qu'on ait Fig. 37.& ;8. fait 75 lieues précisément à l'Occident, on apprendra par la Carte de la Manche * qu'on eft arrivé vers le Cap Le- * Voy. la zard, qui est la pointe de l'Angleterre, la plus avancée premiere des Cartes qui vers le Sud. Mais il nous faut donc expliquer deux cho- font à la fin fes. 10. Comment on peut déterminer en Mer la direction de ce Traité. précife de la route qu'on a faite; & 2° comment le Pilote peut fçavoir le nombre de lieues qu'il a courues.

CHAPITRE I I.

De la Conftruction de la Bouffole & de fon ufage, pour reconnoître la direc tion que fuit le Vaiffeau.

I.

De la Pierre d'Aimant, & de la maniére de toucher les Aiguilles.

34.

L

(Voyez les Figures 39. 41. & 42. )

'INVENTION de la Bouffole a changé la face: de la Navigation, & l'a rendu très-différente de celle des Anciens qui n'ofoient guéres fe hazarder en pleine Mer, nis'expofer à perdre la terre de vûe. On peut juger par les noms que confervent encore certaines parties de cet inftrument, & par d'autres particularités, comme par la fleur de lys qui marque le Nord, que la Bouffole étoit d'abord très-imparfaite, & que plufieurs Nations ont contribué à la perfectionner. Sa principale partie est une aiguille d'acier qu'on frotte, ou qu'on touche à une pierre d'aimant; ce qui lui donne la propriété finguliére de fe diriger vers le Nord & vers le Sud, ou d'indiquer la direction du Méridien. Lorfqu'on fufpend la pierre d'aimant, out

& 42.

Fig. 39. 41. qu'on la fait floter librement fur l'eau dans quelque vafe; on s'apperçoit qu'elle a la méme propriété; elle tourne jufqu'à ce que deux de fes points fe préfentent, l'un au Nord & l'autre au Sud.

35. « Ce n'est pas ici le lieu de tâcher d'expliquer cet » effet: nous nous bornerons à dire qu'on peut foupçon>>ner qu'il y a un torrent de matiére invifible & très fub>> tile qui circule continuellement d'un Pole de la Terre à >> J'autre dans l'intérieur du Globe & à fa furface, en for» mant une espéce de tourbillon ; & que cette matiére, en » traversant l'aimant & les aiguilles qui ont été frotées à » cette pierre, a affez de force pour les obliger de fe met> tre dans la ligne du mouvement qu'elle fuit. La Terre » elle-même eft comme un gros aimant; ce tourbillon » qu'elle a, les pierres d'aimant l'ont auffi; ce qu'on re» marque par l'arrangement que prend la limaille de fer >> dont on l'environne, quand on veut en faire l'expé

>> rience.

36. On donne le nom de Poles aux deux points op» pofés de l'aimant,qui affectent de fe tourner vers le Nord » & vers le Sud. Le Pole Nord d'un aimant attire le Pole » Sud d'une autre pierre, & il repouffe le Pole Nord. Si on >> a plusieurs aimans, & qu'on les mette de fuite, ils s'at>> tacheront toujours par les Poles de différens noms, ou par >> ceux qui tendent à fe diriger par rapport à la Terre vers » des côtés oppofés. On augmente beaucoup la force de >> ces deux points par le moyen de l'armure qu'on y joint. » Ce font deux platines d'acier qui enveloppent en partie » les deux extrémités de la pierre, & qui te terminent en » bas par des espéces de boutons. La matiére fubtile ou » magnétique qui circule autour de la Terre & dans l'ai>> mant, s'y porte naturellement en y coulant comme dans >> deux canaux; & fouvent la force en devient 50 ou 60 fois >> plus grande.

Fig. 39. » 37. La Figure 39 représente une de ces pierres, qui » eft armée. Pour diftinguer les Poles A & B de tous les

» autres

& 41.

autres points, on applique fur l'aimant un petit tronçon « Fig. 39. 40% d'aiguille à coudre. Ce morceau d'aiguille fe met paral- « lelement à la surface de la pierre, ou bien il s'incline, « tant qu'on ne l'applique pas à l'un ou à l'autre Pole; mais «< fi on le pofe fur un de ces deux points, il s'éleve perpen- <<< diculairement. Les deux armures doivent être de bon « acier; on les attache à l'aimant par une efpéce de cein- << ture AB, qui fait le tour de la pierre, & qu'on peut faire «< de toute forte de métal, pourvû que ce ne foit pas de fer. <<< Si on se servoit de fer ou d'acier, la matiére fubtile ou «< magnétique qui entre dans l'aimant & qui en fort, ne « pafferoit prefque plus par les boutons D & F; elle s'en «<< détourneroit pour circuler continuellement dans la cein- «

ture même. «

res,

font «<

38. La forme des aiguilles qu'on veut aimanter, & «
qui doivent indiquer aux Marins le Nord & le Sud, n'eft «
point indifférente. On les fait encore quelquefois en pa- «
rallelograme, ou en lozange de tole qu'on évide par le «
milieu, comme le repréfente la Figure 40, ou bien on «
forme ce lozange avec du fil de fer. Cependant la ma- <<
tiére fubtile ou magnétique qui circule d'un Pole à l'au- «
tre de la Terre, ne peut pas fuivre les côtés de ces figu- «
fans s'écarter de fa direction naturelle; ce qui fait «
que ces aiguilles ont peu de vivacité ou peu de vertu. «
Outre cela la direction du lozange dépend de l'équili- «
bre qui fe trouve entre les efforts particuliers que
les quatre côtés pour se mettre Nord & Sud, & cet équi- «
libre fe trouve altéré, lorsqu'un des côtés fe roüille, «
pendant que les autres confervent toute leur propriété. «
L'aiguille, pour être bonne, doit être toute fimple. On «<
la fait longue de 4 ou 5 pouces, elle doit fe terminer «<
en pointes par fes deux extrémités comme dans la Figure «
41; on lui donne une demie ligne ou trois quarts de li- «
gne d'épaiffeur, & deux ou trois lignes de largeur par
milieu, afin d'y pouvoir appliquer la chape C. Lorfqu'on <<
a une forte pierre d'aimant, on peut rendre les aiguilles «<

L

le «

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