Fig. 41. & 42. » qu'on y touche plus épaiffes & moins pointues. La cha>>pe C eft un petit morceau de laiton ou d'agathe creufé » par-deffous. L'aiguille eft percée dans ce même endroit; » & le pivot fur lequel pofe la chape, foutient l'aiguille, & » lui donne la liberté de tourner.

I I.

Méthode de toucher ou d'aimanter les aiguilles de Bouffole.

39. » On aimante plus parfaitement l'aiguille, ou on » la touche mieux, lorfqu'on a deux bons aimans. Après » qu'on a bien limé & poli l'aiguille, on la pofe fur une >> table; on applique le bouton de l'armure d'un des ai>> mans proche le milieu, on le fait glifler vers la pointe » de l'aiguille, en appuyant un peu fortement, & on fait >> la même chofe en même tems de l'autre côté avec l'au>>tre aimant, en fe fervant de l'autre Pole. On peut fe » fervir auffi d'une feule pierre ; & c'est même la maniére » qui eft le plus en ufage. On fupplée aux aimans naturels » par des aimans artificiels; ce font quelquefois de fimples morceaux d'acier bien trempé, qu'on a fortement » aimantés, & on s'en fert comme d'aimans. C'eft tou»jours le Pole qui fe tourne vers le Sud, qui fert à ai» manter l'extrémité de l'aiguille qu'on deftine à marquer >> le Nord; & l'autre Pole fert à aimanter l'autre extrémité. 40. » La maniére de faire les aimans artificiels, vient » d'être extrêmement perfectionnée en Angleterre & en » France; & il femble que les Pilotes qui font de longs » voyages, devroient maintenant fe munir de ces aimans >> qui coûtent fi peu. Il feroit bon d'en avoir quatre qu'on >> confervât dans deux étuis différens qui en continffent >> chacun deux ces aimans font des barres d'acier bien » trempé, longues chacune de 9 ou 10 pouces, fur 4 ou 5 » lignes de largeur, & 2 ou 3 lignes d'épaiffeur. On les » met à côté l'une de l'autre en fens contraire, comme NS

& SN (Fig. 42) en les féparant par un morceau de bois « qu'on met entre deux, afin qu'elles ne fe touchent jamais par les côtés, & on applique outre cela deux mor- «< ceaux A B & CD d'un fer doux & non trempé fur leurs <<< deux extrémités, afin de procurer la communication de «< la matiére magnétique. Ces aimans doivent être arran- «< gés de cette forte dans leur étui ; ils confervent par cette <<< difpofition incomparablement mieux leur force, parce « que la matiére invifible dont dépend leur vertu, a en- «< fuite un cours réglé qui la fait continuellement paffer «< d'une barre NS à l'autre SN, par la voie que fournif- « fent les deux Contacts AB & CD; ce qui l'empêche de « fe diffiper en fe mêlant avec celle qui circule autour de << la Terre. <<

41. L'avantage qu'il y auroit à avoir encore deux au- «< tres barres femblables, renfermées dans un fecond étui, comme nous le confeille M. Du Hamel, confifte en ce «< qu'on fe ferviroit des unes pour renouveller réciproque- « ment la vertu des autres, ou pour les abreuver, pour «< ainsi dire, d'une plus grande quantité de matiére ma- «< gnétique. * On en difpoferoit deux fur une table préci- «< fément comme elles étoient placées dans leur étui; en « joignant auffi les deux petits morceaux de fer doux aux extrémités pour achever le rectangle: on prendroit en- «< fuite les deux autres barres; on les appuyeroit par le « bout vers le milieu d'une des barres NS, en les incli- «< nant prefque tout-à-fait en-dehors, & on les feroit glif- «< fer en fens contraires ou en les écartant, jufqu'à venir «< toucher les points marqués N&S de la même barre, en «< obfervant toujours que ce foient les extrémités de différens noms qui fe touchent. On feroit la même chose « fur l'autre barre SN, après avoir changé de bout les deux « barres qu'on fait mouvoir. On répéteroit l'opération une « quinzaine de fois, & on feroit la même chofe fur l'au- «< tre face des barres NS & S N qu'on auroit renversées. « Ces deux derniéres barres fe trouvant enfuite chargées

Figure 428

* Voy. le Trait. des Ai

mans artific. imprimé àParis chez Guerin, 1752.

Figure 42. » d'une plus grande quantité de matiére magnétique, fer» viroient à leur tour à augmenter la force des deux autres; » & lorfqu'on voudroit aimanter une aiguille de Bouffole, >> on fe ferviroit de deux de ces barres, comme lorfqu'on >> veut augmenter la vertu magnétique d'une des barres de » la Fig. 42. 42.

» On aimantera encore mieux les aiguilles de » Bouffole, lorsqu'on en aura deux de la même grandeur. » On les placera fur une table à côté l'une de l'autre, en >> laiffant entr'elles un intervalle comme d'un pouce; on » fera attentif de les pofer en fens contraire, & on met» tra à leurs extrémités les deux Contacts ou morceaux de » fer doux, afin de former un rectangle ou quarré long » autour duquel la matiére magnétique puiffe circulerpen»dant la Touche. On appliquera enfuite fur le milieu d'une » des aiguilles les extrémités oppofées des deux barres » d'acier qui fervent d'aimans; on inclinera, comme nous >> l'avons dit, ces deux barres en dehors, & on les écar>> tera enfuite tout doucement l'une de l'autre, mais en >> pefant fur l'aiguille, & en faifant gliffer ces barres de» puis le milieu de l'aiguille jufqu'à fes extrémités. On » répétera la même chofe plufieurs fois; on fera après » cela la même opération fur l'autre aiguille, en chan>> geant les deux barres de bout, & il fera avantage ux de >> repaffer plufieurs fois, d'une aiguille à l'autre. Tout après » cela fera fini, les deux aiguilles feront aimantées; mais >> pour leur donner autant de force qu'il eft poflible, il >> faudra les renverfer & les aimanter encore fur les deux >auties faces.

Méthode de faire les Aimans artificiels.

43. » Il peut devenir quelquefois utile aux Marins de » pouvoir former des aimans artificiels: il fuffit pour cela qu'on ait un aimant foible, & on peut même abfolument s'en paffer, comme on va le voir expliqué. Nous avons

<<< Figure 42.

dit que le Globe terreftre, qui avoit beaucoup de rapport
à un gros aimant, étoit environné d'un tourbillon de ma- «<
tiére magnétique, ou de cette matiére fubtile qui agit fur «
les aiguilles de nos Bouffoles, en les obligeant de fe <<<
mettre à peu près Nord & Sud. Le courant de la matiére «
magnétique ne fe fait pas parallelement à la furface de «<
la Terre il n'a cette direction à peu près que vers le mi- «<
lieu de la Zone Torride; mais lorfqu'on avance un peu <<
confidérablement vers l'un ou l'autre Pole, on s'apper- «<
çoit que la matiére magnétique entre dans la Terre, ou «
en fort, en suivant des lignes prefque à plomb. C'est ce «
qu'on reconnoîtroit par nos aiguilles de Bouffoles ordi- «<
naires, fi elles étoient fufpendues d'une autre maniére, «
& qu'elles euffent une parfaite liberté de s'abaiffer par <<
une extrémité, & de s'élever par l'autre. Si l'on veut <<
prendre une notion plus parfaite de la direction que fuit <<<
la matiére magnétique, il n'y a, comme nous le difions, «
qu'à appliquer fur une pierre d'aimant qui n'est point «<
armée, plufieurs tronçons d'aiguilles dont on fe fert pour «<
coudre: la fituation qu'ils prendront, représentera la di- «
rection que fuit la matiére magnétique en circulant au- «<<
tour de la Terre. Il doit néanmoins fe trouver quelque
différence; parce que la pierre d'aimant ne fera pas par- «<
faitement homogène, elle ne fera pas toute formée de «<
parties également magnétiques : & d'un autre côté le «<
Globe terreftre eft auffi formé d'un grand nombre de
par- «
ties de différentes natures. «
44. Cela fuppofé, on prendra une barre de fer de 5 «
à 6 pieds de longueur, ou même plus courte ; on la dif- «
pofera à peu près felon le courant de la matiére magné-
tique. Si on eft vers le milieu de la Zone Torride, on «
la mettra parallelement à l'Horifon, & à peu près Nord &
& Sud: mais fron étoit par une grande latitude; fi on eft, «
par exemple, éloigné de l'Equateur de 50 ou 60 degrez, «
on placera la barre de fer prefque à plomb, en la pan- «
chant néanmoins un peu, comme de 8 ou 10 degrez par- «

Fig. 42.

>> en haut vers l'Equateur, ou vers le côté qui répond au
» Soleil à midi. On attachera le long de cette barre de
» fer au milieu, avec deux cordons, une petite barre d'a-
» cier de 8 à 9 pouces de longueur, qu'on aura eu le foin
» de bien équarrir avec la lime, & de
tremper. On pren-
» dra enfuite une autre barre de fer d'environ 2 pieds de
>> longueur ; & on fe fervira par préférence de quelqu'un de
> ces inftrumens dont on fe fert dans les cheminées pour
> attiser le feu, parce qu'ils font déja pour l'ordinaire un
» peu aimantés. Je fuppofe qu'on emploie les pincettes:
» on les couchera prefque fur la premiére barre de fer, en
>> appliquant leur extrémité inférieure fur le bout d'en-bas
» du petit barreau d'acier; on les fera gliffer dans cette fi-
» tuation tout le long du barreau, en les appuyant avec
» affez de force; & on répétera la friction jufqu'à deux ou
>> trois cens fois, en la faifant toujours dans le même fens,
» c'eft-à-dire en montant, fi l'on eft dans les Zones tem-
pérées. On renverfera enfuite le petit barreau d'acier,
» pour mettre en-deffus la face qui étoit en-deffous ; & on
>> recommencera d'autres frictions, en obfervant les mê-
>> mes précautions que les premiéres fois. Le petit bar-
>> reau fe trouvera après cela affez confidérablement ai-
» manté; on aimantera de la même maniére un fecond
>> barreau, un troifiéme & un quatriéme ; & on leur don-
>> nera enfin une nouvelle force en les aimantant les uns
» par
le moyen des autres, après les avoir accouplés fuc-
» ceffivement par des contacts ou morceaux de fer doux,
>> comme nous l'avons expliqué plus haut. »

I I I.

De la Rofe de la Bouffole & de fa divifion en Airs ou Rumbs de vent.

(Voyez la Figure 43.)

45. L'aiguille étant aimantée on la fufpend fur un pi