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diftance du Zénith, mais du côté de l'Occident, il réponde au SO de la Bouffole, ou à 45. deg. de distance du Sud vers l'O, il faut néceffairement que l'aiguille aimantée foit dirigée fur la ligne du Méridien ; & par conféquent il n'y a pas de variation.

66. Mais fuppofons qu'au lieu de trouver 45 deg. de distance le foir, on en trouve 55, la différence fera de 10 degrez, & il y aura dans ce cas 5 degrez de variation NO. En effet, lorsque l'aiguille s'écarte du point du milieu, elle s'approche autant d'un côté, qu'elle s'éloigne de l'autre ; & une des deux distances doit être précifément trop grande de la même quantité dont l'autre est trop petite. C'eft pourquoi il ne faut prendre que la moitié de la différence pour avoir l'écart de l'aiguille ou la variation. Dans cet exemple la variation eft NO. Car le Sud de la Bouffole étoit plus voisin du Soleil le matin ; ce qui n'a pû arriver que parce que le Sud de l'aiguille s'eft trouvé trop avancé vers le vrai Eft, & le Nord trop vers l'Ouest.

67. Troiféme Méthode. On fe fert plus ordinairement en Mer du lever du Soleil ou de fon coucher, pour découvrir la variation ; & on préfére l'obfervation du soir parce qu'on a plus le tems de s'y préparer. On cherche par des calculs que nous aurons le foin d'expliquer, à quelle distance le Soleil fe léve ou fe couche du vrai point de l'Orient, ou du vrai point de l'Occident, & on examine le matin ou le foir si l'Aftre fe léve ou fe couche effectivement à cette diftance de l'Eft ou de l'Oueft de la Bouffole. Il ne faut de cette forte qu'une feule obfervation, & le Pilote n'aura befoin d'être aidé de perfonne, s'il fe fert du compas de variation de la Figure 46.

68. On nomme Amplitude, la diftance du lever ou du coucher d'un Aftre au point de l'Orient ou de l'Occident. On diftingue les amplitudes en Ortive ou Occafè, felon qu'il s'agit du lever ou du coucher de l'Aftre; l'amplitude eft ortive ou orientale, fi l'Astre se léve à quel

N

Fig. 47.

Figure 47. que diftance du vrai Eft; & elle eft occafe ou occiden

tale, fi l'Aftre se couche à quelque distance du vrai point de l'Ouest. Le calcul, comme nous l'avons dit, nous fournira cette amplitude, ou nous fera trouver cette diftance du lever de l'Aftre au vrai point de l'Orient, ou du coucher au vrai point de l'Occident: mais nous pouvons trouver auffi l'amplitude par obfervation, en nous fervant de la Bouffole, & en vifant à l'Aftre, lorfqu'il fe léve ou qu'il fe couche. Si les deux amplitudes s'accordent, celle qu'on trouve par le calcul, & celle que l'obfervation a fournie, il n'y a point de variation; mais fi les deux amplitudes font différentes, c'eft une marque que la Bouf fole eft fujette à erreur.

69. Suppofons, par exemple, que le Soleil doit fe coucher à 10 deg. de distance du vrai point de l'Oueft vers le Nord, & qu'il ne fe couche effectivement qu'à 8 deg. de distance de l'Ouest de la Bouffole, il eft évident qu'il y aura 2 deg. de variation, & qu'elle fera N E. Car l'Ouest de la Bouffole s'eft trouvé plus proche de l'Aftre qui est vers le Nord; ce qui ne peut avoir lieu que parce que le Nord de la Bouffole s'eft un peu détourné du côté de l'Est. Nous infifterons davantage fur cette matiére dans la fuite. Voyez le Chap. VIIdu quatriéme Livre.

70. Nous répétons, en terminant ce Chapitre, que la variation étant trouvée, on n'a plus rien à craindre de fes mauvais effets, & qu'on fçaura toujours exactement fur quel rumb on a couru. Mais ce n'eft pas affez de connoître la direction que fuit le Navire, il faut encore fçavoir la quantité précife de fon chemin, ou pouvoir mefurer fon fillage.

CHAPITRE II I.

De la Maniére de mefurer par le Loch ou par d'autres Inftrumens, le chemin que fait le Navire.

L

71. Tous les moyens qu'on a employés jufqu'à pré

fent pour mesurer la vîteffe du Navire ou fon fillage, fe rapportent à l'ufage du Loch dont ils ne différent pas dans le fond. Metius eft, à ce que je crois, le premier qui nous a donné la description de cet inftrument, quoiqu'il en parle dans fes Œuvres publiées en 1631. comme d'un moyen dont l'ufage étoit déja établi depuis du tems. Le Loch n'eft autre chofe qu'un morceau de bois attaché à une longue ficelle. On laiffe tomber de la poupe fous le vent le morceau de bois dans la Mer, où il fert comme de point fixe, à l'égard duquel on mefure le mouvement du Navire. Plus on fait de chemin, plus on eft obligé de lâcher de ficelle; puifqu'on veut que le morceau de bois auquel elle eft attachée, refte dans un parfait repos. La longueur de la ficelle étendue fur la furface de la Mer, marque donc la longueur du chemin que fait le Navire pendant la durée de l'expérience ; & fçachant le chemin parcouru pendant un intervalle de tems connu, on sçait à proportion celui que le Navire fait pendant une heure entiére ou pendant un jour.

72. On donne le plus fouvent la figure de triangle ifocelle au morceau de bois : il a 6 à 7 pouces de hauteur & on charge fon côté d'en-bas qui eft plus court, d'un peu de plomb, afin que le triangle entre prefque entiérement dans l'eau, & fe tienne verticalement ou perpendiculai

rement à l'Horifon. Il eft néceffaire de lui faire prendre cette fituation, afin qu'il foit plus ftable, & qu'il donne moins de prife au vent. Il eft attaché en haut par fa pointe; mais la ficelle fe divife à une certaine diftance du morceau de bois en deux branches; l'une eft celle qui eft fixée au haut du triangle, & l'autre vient fe rendre au bas, & eft retenue par une cheville qui a la liberté de se dégager, lorfqu'on fait un plus grand effort fur la ficelle, & qu'on veut après l'expérience, retirer le Loch à bord du Vaiffeau.

73. Il n'eft pas à propos que la cheville dont nous venons de parler, entre dans le bas même du triangle; car étant tirée quelquefois trop obliquement, il pourroit arriver qu'elle ne le dégageât pas aflez vîte, ce qui expoferoit la ficelle à fe rompre, lorfqu'on tire le Loch à foi. La cheville entre dans un petit morceau de bois, qui eft lui-même attaché au bas du triangle par une portion de ficelle de cette forte le petit morceau de bois & la cheville tirés felon leur longueur, fe féparent avee plus de facilité. Toute cette difpofition eft caufe que le triangle de bois, en fe fituant debout dans la Mer, offre pendant l'expérience une grande furface au choc de l'eau, & qu'il conferve mieux fa ftabilité; il fuffit d'un autre côté, auili-tôt que l'expérience eft finie, d'employer un peu de force, pour que la cheville dont nous parlons, fe dégage, & pour que le triangle approche du Navire en préfentant fa pointe.

74. On ne fait durer ordinairement l'expérience que 30 fecondes ou une demie - minute. Il eft à propos que le Pilote ne perde pas de vûe le morceau de bois du Loch, afin qu'il fe régle plus aisément, en lâchant la ficelle qui doit être tendue, mais qui ne doit pas l'être trop. Cette ficelle fait un grand nombre de tours fur une efpéce de dévidoir qu'on fait tourner plus ou moins vite, felon que l'exige le mouvement plus ou moins rapide du fillage. On ne fait pas commencer les 30 fecondes que doit du

rer l'expérience, dans le même instant qu'on jette le morceau de bois à la Mer; on attend qu'il foit éloigné de la poupe d'environ une longueur du Navire; on veut qu'il foit tout-à-fait hors de cette eau extrêmement agitée que le Vaiffeau laiffe derrière lui, & qu'on nomme le Remoux. Il y a une marque fur la ficelle pour terminer cette longueur; & c'eft lorfqu'on y parvient, qu'on commence à compter les 30 fecondes, ou qu'on tourne le petit Sablier qui doit être d'une demie-minute.

75. La ficelle eft divifée en plufieurs parties égales qu'on diftingue par des noeuds, afin qu'on puiffe même les compter pendant l'obfcurité de la nuit. Il y a un noeud à la fin du premier efpace, deux nœuds à la fin du fecond, trois noeuds à la fin du troifiéme, &c; & chacunde ces efpaces eft exactement la 120me partie d'un tiers de lieue marine. Ainfi les nœuds ou efpaces, que le Navire parcourt pendant l'expérience, répondent à autant de tiers de lieue parcourus dans une heure. Si le Navire ne fait qu'un efpace ou deux efpaces pendant la demie-minute, il fera 120 fois plus de chemin dans une heure, & ce fera donc un tiers de lieue, ou deux tiers de lieue. Si on eft obligé de filer you to noeuds, on fçaura de même qu'on fait 3 lieues par heure, ou 3 lieues & un tiers. 76. Nous avons ci-devant (No. 31.) fixé le tiers de la lieue marine à 950 toises du Châtelet de Paris, ou à 5700 pieds de Roy. Si l'on en prend la 120me partie, il viendra 47 pieds & demi. Il faut donc donner cette longueur précife aux parties de la ficelle du Loch, ou aux intervalles qui féparent fes noeuds. Il est inconteftable qu'on ne doit les rendre ni plus longs ni plus courts, lorfqu'on veut exprimer le fillage du Navire en tiers de lieue, & en faire durer l'expérience qu'une demie-minute. Toute autre longueur des parties de la ficelle ne s'accorderoit ni avec la grandeur qu'a le degré terreftre, ni avec la durée précile de la demie-minute, qui eft déterminée par de nombre d'heures qu'il y a dans un jour, & par les 60

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